Je vous aime tant que je préfère ne pas vous dire que je vous hais.
Vermissaux tremblants, créatures abjectes, vous n’êtez qu’un ensemble de tendons et de veines, vous tremblez dans ma main quand il est l’heure de faire chanter le scapel et la scie.
Je vous hais comme je vous aime, la notion est subtile, s’efface entre mes lèvres, disparait dans ma salive, tombée dans votre bouche et vous l’avalez.
Mes mensonges parfaits, mes histoires contées, mon poison d’affection.
Père et Mère ont abandonnés l’idée de m’aimer et pourtant, ils viennent supplier à mes pieds.
Mari a abandonné l’idée de me désirer et pourtant, il se serre contre moi dans le lit, à toucher mon corps comme si mon torse était sien.
Frère a abandonné l’idée de me respecter, et pourtant, il tend ses mains décharnées vers les miennes.
Suppliez, Suppliez.
L’histoire ne retiendra de vous que ces pâles couleurs.
Vous n’êtez rien ni pour moi, ni pour l’âge des Hommes.
Mais las! Moi! Je vous aime, de ma noirceur alourdie par une vie à vous attendre, vous entendre, vous comprendre.
Alors endormez vous, subissez l’anesthesié et n’oubliez pas que souffrir est le marqueur de l’humanité. Les dieux seront crées de ma main gantée car la douleur est mon métier.
Naissance― Née Meritxell Laois, Deuxième et dernière née d’une famille descendantes des Sages, son frère ainé criait déjà plus fort que ses pleurs de nourrisson. Sa naissance fut une surprise, la mère n’ayant eu guère conscience de l’attendre jusqu’au sixième mois de sa gestation.
Enfance― L’enfant était vivant, bruyant et dissipé, à courir partout et à posséder une mémoire que peu pouvait défier. Elle se rappelait de la couleur de la robe de sa mère six semaines en arrière, du repas de l’avant veille, de tout les mots prononcés devant elle. Cependant, elle fut pointée du doigt pour un caractère ennuyé et hautain, comprenant les choses bien plus vite que la norme. L’enfant dérange par son incapacité à pleurer et à éprouver des regrets, ses bétises sont réprimandés mais les réprimandes sont accueillies avec le silence de son regard. Le terme haut potentiel lui fut apposé, une autre façon de cacher qu’elle ne correspondait pas réellement à l’idéal que son frère ainé répresentait. On lui passait tout à lui et même si Meritxell venait voir ses pairs la joue en sang d’avoir été battue par son ainé, on lui dit
“C’est normal les querelles dans la famille”.
Préadolescence― Meritxell lit beaucoup, se passionne de tout et de rien pour combler les lacunes de son foyer vidé. Elle devient sociable mais s’heurte vite à l’idée qu’être trop précoce fait peur, alors elle devient idiot. Et on commence à l’apprécier, elle commence à être entourée. Son quotidien n’est plus que la violence et l’adoration dérangée qu’elle joue à son icône de frère. Elle devient aimée, et elle en devient aggressive.
Adolescence― Au fil des rencontres familiales, Meritxell se noue d’affection pour Salem Favoro. Famille influente, puissante, intéressante pour les Laois, on encourage leurs amours. Mais Meritxell ne désire pas être aimée que par un, son corps était éveillé à ce monde entier d’hommes et de femmes. Tous ce monde pouvant l’aimer, tout ce monde qui n’attendait qu’elle. Salem l’apaise et la rassénère, mais cela n’est pas assez. Son frère embrasse ses joues quand il veut qu’elle lui pardonne, et elle lui pardonne. Salem embrasse ses lèvres quand il veut qu’il la regarde et elle le regarde. Mais elle désire plus, elle désire le monde entier.
15 ans― On lui demande si elle est vierge, elle répondit que non -un mensonge-, on lui prend ce qu’elle n’avait pas. Et quand l’homme se penche pour embrasser son corps et halète son nom, qu’il devient sa chose entre les pans des rideaux tirés de l’alcôve, Meritxell se rend compte qu’elle aime ça. Plus que la chair, plus que la volupté, la puissance d’être désirée la rend ivre.
Fin d’adolescence― Meritxell finit ses études supérieurs 2 ans en avance et passionée par l’anatomie, s’inscrivit à une école de médecine. Son but n’était jamais très clair mais le soin de l’autre ne guidait guère ses pas. Elle désirait approfondir son savoir à tout prix, étudiers les mécanismes du cerveau et de la douleur.
Début âge adulte― Salem Favoro la demande en mariage malgré ses dix-neuf ans et elle accepte. Meritxell se sent rassurée dans l’idée qu’elle existe pour elle-même et par elle même pour quelqu’un. Elle pense fuir sa nature destructrice et son besoin d’attention mais
20 ans à 24 ans― Salem la délaisse, elle qui s’acharne à lui faire une place dans son emploi du temps, à ne pas regarder les autres, à faire taire les hurlements de sa chair. Il la délaisse et travaille, elle l’attendit un an. Mais il ne revint pas. Alors soit, elle s’abandonne à ses études elle aussi. Elle choisit sa spécialité en neurologie, entame son internat avec tranquillité, baise le menton de ceux cédant à ses appels.
24 ans― On chuchote sur son passage, Meritxell. Certains disent que ses moeurs sont légères et d’autres disent qu’elle est une génie. Mais qu’importe, elle fait des études remarqués et remarquables, réussisant à valider son internat et devenir neurologue. Se surpécialisant, elle entama un nouveau cycle de deux ans d’études pour devenir algologue. La douleur est une chose fascinante pour elle, l'ethique lui a enseigné que la douleur était le moyen de séparer le conscient de l'inconscient et son esprit voulut créer une troisième catégorie. Des êtres intelligents mais inadaptes à souffrir.
26 ans (moins 3jours)― Tempelhelm s’effondre dans son petit monde bien contrôlé. C’est curieuse qu’elle regarde venir ce monde, amusée et fascinée par ces nouveaux pouvoirs et bien agacée de ne pas pouvoir disséquer ces nouveaux venus, elle se console bien vite après tout, il n’a fallu que de quatre jour pour attirer une créature de la sainte cité dans son lit (au ciel comme sur terre, les hommes sont bien les mêmes).
26 ans Une première à l'université et au grand hôpital de Ashever, le poste de Professeur des universités-praticien hospitalier lui fut offert malgré son jeune âge, au vu de ses travaux et de l'influence considérable qu'elle possède par délà les neurosciences et plus particulièrement l'algologie. Elle exulte le visage caché sous son masque de pudeur, elle mène et achève cette quête de puissance. Quelqu’un la contacte, un messager au visage soigneusement dissimulé pour lui annoncer qu’on la demande à l’assemblée des chuchoteurs. Meritxell exulte sa joie, sa soif de reconnaissance se tarit qu’à peine que déjà elle réclamait plus. Masquée, dissimulée, c’est dans les ombres qu’elle s’aimait le plus.
Temps modernes (28 ans)― Meritxell continue à asseoir son influence sur le milieu médicale, autant décriée qu'appréciée, elle apprécie la polyvalence des intêrets sur sa personne. Mais la sensation de voir en la foule une armée de monstres la hante, le monde entier est contre elle - elle le sent, elle le sait. L'enfant est un démon, la femme est une gorgone. L'agression dont elle n'a cessé de grandir en la marque plus qu'elle ne l'avoue. Ce désir d'être reconnue et d'être cachée la rend confuse, dualité dans laquelle elle s'épanouit à travers son rôle parmi les chuchoteurs.