Il n'existe nul repos pour les morts.
Nul Dieu auquel vouer ses prières.
Mordred prêche son propre autel, dévouée prêtresse à ses rosiers mauves et noirs, le ciel déchiré pour accueillir le Père mais de Père Mordred n'a plus, elle l'a assassiné.

Il n'existe nul repos pour les vainqueurs et Mordred n'a nulle intention d'embrasser la défaite.

Les nuits sont longues pour celle qui se refuse à dormir, les yeux grands ouverts pour laisser entrer toutes les horreurs ;
Les pupilles noires hantées de cauchemars - de souvenirs - à faire perdre la tête à n'importe qui ;
Pourtant Mordred demeure, le regard aiguisé les mots acérés, maîtresse de son monde de marionnettes.

D'orgueil noyée - perdrait pieds et tous ses repères si on coupait les fils au bout de ses doigts ; si on lui volait ses acquis.
Peina tant à trouver sa place qu'elle dut se battre pour la gagner ; la gamine faible qui n'avait que ses mots pour s'imposer. Assise sur un trône qu'elle se forgea elle-même, Mordred abattrait froidement toutes les menaces qui s'en approcheraient ; nulle rédemption pour les ennemis de la couronne de la reine.

D'amours atrophiées au fond d'une gorge où il n'exista plus que des cris, perdue trop longtemps au coeur d'une conscience qui n'était pas la sienne, hantée par les voix des autres, des oubliées - les errantes - toutes ses autres elle-même d'un temps jadis où elle ne s'appartenait plus, Mordred a saigné ses bras et rouvert ses plaies pour se sentir vivre, pour sentir son propre sang et son odeur, a porté des bleus à sa peau et a embrassé ses ecchimoses ; pulsaient sous sa peau des sensations qui n'appartenaient, finalement, qu'à elle - et Mordred respira enfin de se sentir vivre, de se sentir elle-même après avoir été tout le monde et personne.

A la violence promise, Mordred épousa à l'intérieur d'elle-même ses pleurs et ses blessures, s'adonna à être une Mordred qui n'était plus « eux » qui n'était plus « elle » mais qui était « nous » ; les doigts accrochés - les griffes plantées - autour de la moitié d'elle-même pour ne plus jamais s'oublier ; elle fermerait ses mains sur Artorias pour que plus jamais il ne lui échappe, dans les méandres d'elle-même égarée et lui pour seule lumière pour la guider.