Artorias est l’incarnation d’une tempête au sein de laquelle le vice côtoie la démence pour se mettre au service de son ambition. Ses rires sont des injures et ses regards des provocations. Le Roi de Greygarde a sacrificé toute notion de moralité et de mesure pour laisser libre cours à ses bas instincts, tantôt ravi à l’idée de contempler l’envole d’un papillon pour être subitement envahi par l’envie d’un absurde massacre à la gloire de ce qu’il ne saurait, lui-même, nommer. À sa gloire à lui, peut-être, car en Greygarde sa volonté est loi et sa colère un tourment sacré auquel chaque citoyen se résigne. Car Artorias n’est pas une autorité qu’on bafoue, Artorias est une oppression que l’on subit comme on s’accommode de la lueur sanglante de l’Aube qui s’est emparée de Greygarde.

Son apparente folie lui sert à peindre un règne tout-puissant, une domination incontestée qui orne les bijoux de sa couronne. A l’image de l’Aube Rouge, Artorias n’est pas une violence qu’on comprend, qu’on justifie. Le souverain de la Gargouille est une entité injuste, prompt à la démesure et au caprice. Un chef de guerre belliqueux qui instille la peur chez ses adversaires comme chez ses plus proches conseillers. S’il eût été un grand général, fut un temps, ne persiste de l’homme qu’il a été que sa résolution à transformer Arkmere en désert aride, comme le ferait une invasion de sauterelles sur une terre fertile. Le bruit de ses pleurs résonne parfois dans le château des Harcourt comme une ode à cet homme devenu inapte à toute forme de tendresse, lui qui se surprend parfois à fantasmer le fait de donner plutôt que de prendre. S’il subsiste une parcelle d’humanité capable de fendre l’obscurité qu’il propage, elle est bien souvent adressée à sa sœur Mordred, elle à qui il prête l’oreille, elle de qui il se berce. Mais le souverain s’en revient toujours à la noirceur de ses ambitions.

Sa faim est insatiable. Artorias est le dévoreur d’Hakar, Artorias est le faiseur de souvenirs. Artorias est l’Aube rouge.