(1970 à 1980) ENFANCE — Nourrice, précepteurs, Elios a une enfance stricte, dans laquelle on ne lui cache guère que plus tard, il accomplira de grandes choses, pour l’honneur des Meltzer et la gloire d’Omni. À l’époque, il rêve de la cité sainte, dans les cieux. Œuvrer pour préserver la grandeur d’Arkmere, pour louer le Divin, lui apparaissent comme des accomplissements ultimes, dès son plus jeune âge. Il admiratif de son père, pourtant très occupé. Pour Amos, ses enfants participent à son image, et il les utilise autant que nécessaire dans les soirées mondaines, toutes en représentation et faux-semblants. Miranda est une femme présente mais discrète, effacée derrière le charisme écrasant de son mari.
(1981 à 1987) ADOLESCENCE — Faire partie de la haute société et profiter de bien des privilèges lui semble normal. Il n’imagine pas qu’il puisse en être autrement. Avec les années, sa relation avec son père passe de la fascination au défi permanent. Amos veut le formater comme il l’entend, le faire devenir le « fils idéal », ce qu’il arrivera en parti. Elios approuvera ses idées, ne contestera aucunement les idéaux de son paternel et gagnera en maturité grâce à tout ce que ce dernier lui transmettra. Il en perdra peut-être en innocence, très tôt concentré sur l’idée de faire honneur à sa lignée. À travers ses études et son intérêt pour l’art, il trouve heureusement des exutoires nécessaires et se fait un petit cercle de connaissances.
(1988) 19 ANS — Sa croyance envers Omni est toujours aussi forte, si bien qu’il se fait tatouer pour l’honorer.
(1989) 20 ANS — Si l’armée lui fait de l’œil, il est bien trop cérébral pour la rejoindre, et n’a pas été préparé à cela, de toute manière. Il rejoint sans grande surprise la Meltz Agency et son schéma de vie est alors tout tracé.
(1990 à 1993) 21 à 24 ANS — Il a très tôt des ambitions vis-à-vis de l’entreprise, devient rapidement adjoint à la supervision et participe aux réunions stratégiques. Sur le plan plus personnel, il expérimente beaucoup, à cette période. Il s’attarde dans des lieux plus ou moins bien famés tout en essayant de maintenir son image de fils modèle. Autour de ses vingt-trois ans, cela s’altère peu à peu. Ses sorties commencent à faire jaser et il maîtrise déjà très bien le chantage glacial pour en faire taire plus d’un. Son père en a vent, il le sait, mais ce dernier ne lui dit rien directement. Chacun a la certitude que l’autre a ses secrets, tout en sachant qu’ils seront difficiles à percer.
(Automne 1993) 24 ANS — Jusqu’à ce que la tolérance d’Amos au sujet de ses « égarements » arrive à sa fin. S’il se croyait suffisamment discret, des images d’une rixe entre Elios et un autre type (le fiancé de celle qui se glissait sous ses draps, quelques instants plus tôt), remontent jusqu’à son père. Ce dernier s’emporte, lui parle d’ordre moral et de bienséance. Autant de mots qui ne surprennent pas particulièrement Elios. Ce qui l’étonne, cependant, c’est qu’Amos le confronte à ce sujet. Il n’apprécie guère le ton de son géniteur et lance en retour, une étincelle de fureur dans le regard : « Est-ce réellement à moi que tu comptes adresser de grandes tirades sur l’honneur et l’image de la famille ? » C’est sans doute là qu’Amos a compris son erreur. « Dois-je vraiment parler de la fille cachée que tu as avec Evelyn ? » La responsable du service qualité de la Meltz Agency. Une infidélité qu’Elios a découvert quelques mois plus tôt et a pris sur lui de taire, certain que cela lui servirait un jour. À partir de là, une véritable guerre froide s’instaure entre le père et son aîné, dissimulée aux yeux des autres afin de conserver ce qui prévaut toujours : l’apparence. Les deux sont parfaitement conscients qu’ils ont besoin l’un de l’autre, au sein de l’Agency. La fille cachée ? Personne d’autre n’en saura rien.
(1994 - 1995) 25 À 26 ANS — Les mots d’Amos font tout de même leur chemin. Dès lors, Elios se calme sur ses petits et grands plaisirs et s’applique à retrouver son masque d’idéal. Il fait alors la rencontre d’Alessia Howell, charmante, issue d’une lignée militaire aisée dont la réputation n’est plus à faire… et s’applique à la revoir. Cette union est largement approuvée par ses parents et, moins d’un an plus tard, elle devient Alessia Meltzer. D’un an sa cadette, la blonde parvient à percer sa coquille, par endroits. Elle travaille pour l’administration militaire, est éduquée et de bonne naissance. Une femme qui s’insère parfaitement dans le grand schéma de vie d’Elios. Il la savait intelligente, Alessia s’avère être une hôtesse hors pair lors des réceptions qu’ils organisent. Elle a une vivacité d’esprit plaisante et n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Si leur union est clairement un mariage d’opportunité, leur couple a ses forces et ses faiblesses. Bien des manies d’Elios finissent par insupporter Alessia, tandis qu’elle préfère passer de longues soirées enfermée dans sa bibliothèque. Même s’ils ne se le sont pas dits, ils se laissent chacun une grande liberté. Il finit par la tromper, puis apprend qu’elle en fait de même. C’est comme ça. Tant que lorsqu’il le faut, ils se montre présents l’un pour l’autre. Ensemble, ils sont plus forts que chacun reclus dans son coin, mais ça, Elios l’apprendra sans doute trop tard.
(1995) 26 ANS — Son influence au sein de l’Agency ne cesse de croître. Il s’entoure de personnes compétentes qui s’accordent à sa vision et aux changements qu’il propose.
(Avril 1996) 27 ANS — Amos Meltzer meurt d’une crise cardiaque. C’est foudroyant et inattendu. Même pour Elios. Il encaisse le coup mais comprend aussi toutes les implications de cette réalité : il reprend la tête de la Meltz Agency. Il s’avère que son père, toujours très prévoyant, avait préparé bien des choses en ce sens. Le Meltzer se lance dans cette nouvelle fonction la tête haute.
(1997) 28 ANS — Très au fait de ce qui se passe dans la haute société d’Arkmere, Elios remarque la progression fulgurante du groupe Cooper, sous la houlette de Vadim Shepherd. Cela fait deux ans que l’homme retient son attention, mais là… Elios décide de creuser le sujet. Profitant des informations qu’il a à sa portée et de ceux qu’il tente de rassembler (grâce à son réseau de « fourmis », comme il les appelle, espions placés en différents points stratégiques du territoire), de nombreuses questions se forment dans son esprit sur le sort d’Alice Aponte-Diamant. C’est bien ce mariage, puis la mort de cette femme, qui ont propulsé Vadim Shepherd là où il se trouve, et la croissance inarrêtable de son entreprise suscite à la fois curiosité mal placée et jalousie chez Elios. Seulement, il apprend bien vite qu’à trop fouiner, cela peut se retourner contre lui. Le choix de ses espions n’est pas encore parfait et l’un d’eux le balance, si bien qu’il fait une désagréable rencontre. Au milieu de nulle part, un homme surgit et l’agresse sauvagement. Le visage en sang, Elios use de son pouvoir d’aveuglement pour s’enfuir. Ce soir-là, il perd son œil droit. Depuis, il est convaincu que l’homme qui s’en est pris à lui est Nemo Shepherd, l’un des ducs de Dawndale. Mais comment le prouver ? Ironiquement, ses caméras de surveillance ne l’aideront en rien.
(1998) 29 ANS — La période suivant la perte de son œil est compliquée. Les mains sur son visage, la lame menaçante, le sang chaud qui coule sur sa joue… des sensations qui lui reviennent au plus profond de la nuit et le tiennent éveillé. S’il n’a aucun moyen d’attester du lien direct entre son enquête sur Vadim Shepherd et son agression, il est convaincu que cela n’est pas une simple coïncidence… Il devient plus irritable, sur le qui-vive, méfiant. Il s’enferme plus encore dans son travail et sursaute à chaque contact sur sa peau qu’il n’a pas initié. Il se met à porter des gants de cuir, à toute heure de la journée. Sa relation avec Alessia se détériore. Il est rarement chez eux, et quand il y est, c’est elle qui n’y est pas. Il fait fi de tout cela et tout en s’accommodant à son handicap, modèle l’Agency à son image.
(1999) 30 ANS — Si l’entreprise était déjà essentielle sur le territoire d’Arkmere et pour son gouvernement, Elios lui donne une dimension autre. Plus efficace, plus en adéquation avec son époque, également. Nombreux sont ceux qui se détachent pleinement du souvenir d’Amos, pour reconnaître que celui qui tient les rennes, désormais, est bien Elios Meltzer. Pour son plus grand bonheur, il est approché pour intégrer l’Assemblée des chuchoteurs. C’est une fierté et une porte ouverte sur un tout nouveau terrain de jeu. Mettre ses nombreux « yeux » au service de ceux qui décident est une évidence. De quoi aider les recherches des uns ou les décisions des autres. Des restrictions lui sont imposées, bien entendu, qu’il n’a d’autre choix qu’accepter. Il ne cache pas son envie de pouvoir infiltrer d’une façon ou d’une autre les nations ennemies. Mais la manœuvre est risquée voir impossible, jusque-là.
(Été 1999) 30 ANS — Vadim Shepherd lui fait une offre qu'il ne peut pas refuser, et qui peut satisfaire leurs intérêts réciproques. Elios met ses doutes de côté concernant le PDG de Covent et accepte. S'il n'a plus qu'un œil (la faute à qui ?) il saura le mettre au service d'une vision à long terme, pour lui comme pour l'Agency.
(Mai 2001) 32 ANS — Tempelhelm chute, et c’est tout son petit monde qui en est retourné. C’est la cité volante, celle des élus d’Omni ! … Il ne fait jamais bon de croiser ses rêves de gosse. Les Tempelhelm ne sont pas si différents de lui. Pire, ils n’ont pas su honorer et préserver le cadeau que leur a fait Omni, ils ont failli, ils sont tombés. Dans son esprit aussi, les élus sont tombés.
(2001) 32 ANS — Lui qui avait une vie structurée, de nombreuses certitudes et un large champ d’action, il doit accepter qu’un tout nouveau territoire soit tombé sur le continent, et avec lui une toute nouvelle population. Des personnes dont il ne sait rien, avec des pouvoirs redoutables. S’il est d’accord d’accueillir ceux qui ont fait preuve jusqu’au bout de l’attachement au Divin, il voit d’un moins bon œil le fait d’attribuer bien trop de postes importants à ces gens-là. Des nouveaux chuchoteurs issus de la cité volante rejoignent l’Assemblée, et même s’il est intrigué les concernant, Elios ne peut contenir son agacement. Avoir failli, avoir fait chuter une ville bénie par Omni n’est en rien un accomplissement, à ses yeux, et plus d’une fois il se retient de fouiller dans le passé des concernés.
(2002) 33 ANS — S’il est méfiant, il ne peut nier que l’arrivée des habitants de Tempelhelm a du bon, par certains aspects. Comme le partage de technologie et l’arrivée des Olid. Anticipant leur déploiement sur l’ensemble du continent, Elios travaille avec ses experts pour développer une surveillance des Olid. À commencer par les applications et usages territoriaux, afin de pouvoir capter, sur demande de l’Assemblée, les informations personnelles des utilisateurs et citoyens d’Arkmere.
(Décembre 2002 à Janvier 2003) 33 À 34 ANS — Sa femme tombe curieusement malade. Il n’a pas vu les premiers signes et le constate après coup, tandis qu’elle est enfermée dans le noir, se plaignant que la lumière lui donne mal à la tête. S’il n’en fait pas forcément cas, au début, les semaines passent et l’état d’Alessia se dégrade rapidement. Elle maigrit et devient de plus en plus agressive. Croyant à des soucis d’ordre neurologique, il fait appel à Meritxell Favoro, une chuchoteuse qui travaille dans le domaine hospitalier et qui est arrivée après lui au sein de l’Assemblée. Si elle ne sait pas qu’il en fait également parti, elle le connaît (connaît) par ailleurs. Ce qu’elle lui sous-entend quant aux symptômes d’Alessia ne lui plaît guère et il la fait partir avec des mots fermes, faisant mine de ne rien voir à ses regards entendus.
(Février 2003) 34 ANS — Un soir, sa femme lui saute dessus prête à le griffer, telle une furie. Elios doit à son pouvoir d’aveuglement de ne pas avoir été atteint. Il parvient à l’enfermer dans leur chambre et sans bien savoir quoi faire ni quoi dire, s’appliquera à la nourrir en lui glissant de quoi boire et manger sous la porte, sans savoir qu’elle n'en fera quasi rien. Il se drape alors d’un visage impassible et annonce à qui questionne que sa femme est simplement alitée, qu’elle est allée voir sa famille, qu’elle se repose. Toute excuse est bonne à prendre.
(Mars 2003) 34 ANS — Elios n’est pas dupe. Même s’il refuse de le dire à voix haute, sa femme est infectée. Alessia Meltzer est infectée. C’est bien là le problème. Au-delà de ne pas savoir comment elle a pu être contaminée, il y a toutes les implications derrière qui tournent et retournent dans l’esprit du brun. Et Meritxell qui fait mine de venir naïvement prendre des nouvelles… Il continue de garder la face, a aménagé une autre chambre de leur logement pour y dormir et n’invite personne. Son travail et son rôle de chuchoteur sont ses refuges. Quand il n’est pas chez lui, il oublierait presque. Mais dès qu’il rentre, les cris de furie, les sanglots, les mains qui viennent gratter la porte sont insoutenables. Alors il sort de chez lui… jusqu’à n’en plus pouvoir. Ce n’est pas une vie, ni pour lui, ni pour elle. Alessia ne mérite pas cela et malgré ses recherches, depuis plusieurs semaines, il doit se rendre à l’évidence : il n’y a pas de solution. Plus il attend, plus il prend de risque d’être lui-même infecté. Car s’il n’est pas expert il se doute de ce qui attend sa femme : devenir épeire. Que fera-t-il, ensuite ? Lui qui a toujours été très prompt à respecter la loi (ou la faire respecter), voilà où il en est : il cache illégalement une infectée sous son toit. Si cela se sait c’est toute sa réputation qui en prendra un coup… alors, au prix d’une panique rare mais grandissante, il prend une décision.
(Mi-Mars 2003) 34 ANS — Avec trois de ses espions les plus fidèles, il créé une expédition, planifiée à la seconde près. Le chemin emprunté au milieu de la nuit n’est pas laissé au hasard, les caméras s’éteignent sur leur passage. Alessia, bâillonnée, ligotée par un adepte de la matérialisation de la lumière, est transportée jusqu’au désert de sable, abandonnée. Était-ce la bonne décision ? Elios n’en sait rien et cela continuera à le hanter, par la suite. En faisant ce choix, il a presque la sensation de lui laisser... une chance. Ce soir-là, c’est une partie de lui (bien plus grande qu’il n’osera l’admettre) qui s’en va. C’est sa femme, déshumanisée, qui s’en va hanter le désert. C’est lui qui devient un mari sans épouse.
(Mai 2003) 34 ANS — « Alessia ? Oh, vous savez, c’est comme moi, elle croule sous le travail et les sollicitations. » Combien de temps avant que la supercherie ne soit découverte ?