Dans ce champ en ruines. Au milieu des cadavres. Tu sièges. Dans ton seul royaume. Celui des morts. Ton œil unique balaye le désolant spectacle. Il n’y avait rien. Rien que des coquilles vides autour de toi. Las, las de toutes ces morts, las de toutes ces guerres, las de tout ce sang. Las de tout. Tu t’abandonnes.

Longtemps, cette question a traversé ton esprit. Longtemps resté en silence. Aujourd’hui trouveras-tu enfin ta réponse ? A quoi bon lutter dans cette guerre sans fin ? Pour honorer ton dieu ? Était-ce là le souhait de ton dieu ? Était-ce là le souhait des hommes ? D’un homme ? Le tiens ? Tu n’avais connu que la guerre, et tu n’avais que mort à offrir. Tu n’avais connu que l’enfer, et nul paradis où mourir.

Tu n'étais qu’un homme. Et comme tous les hommes. Tu doutais. Non pas de ton dieu. Non pas de ta foi. Mais de ta propre volonté. Tu n’étais qu’un homme. L’homme qui doute et redoute. L’homme qui craint et contraint. L’homme qui vivait pour eux et non pour lui. L’homme qui agit par devoir et non par gloire.

Mais tu n’étais qu’un homme, avide de renommée, avide de pouvoir, avide d’un royaume sans peur ni doute. Un homme qui rêve. Rêve de dévorer le soleil. Pour ne plus être effrayé par la nuit. Le guide des hommes. L’homme des guides. Celui qui apporte les réponses que nul ne t’offre.

Nul besoin de douter. Nul besoin de craindre. Tu n’étais pas seul. Tu n’étais jamais seul, ta foi était ton arme et ton bouclier. Ce n’était pas à toi de craindre, mais à ceux qui te font face. Tu avais abandonné la peur et les émotions lâches. Qui te retiennent et t’emprisonnent. Tu n’étais à présent plus qu’une arme. L’arme d’Omni. En son nom. Tu apporterais sa parole à travers le continent. Dans la miséricorde. Dans toute sa grandeur. Ceux incapable de soutenir sa splendeur, connaîtront le malheur. Tu n’es Icare, mais le soleil. Eux se bruleront à toi. Toi. Tu n’as rien craindre. Pour ne pas chuter. Tu ne tomberas jamais. Tu ne cesseras jamais de voler.

Une voix lointaine t’arrache à tes contemplations. Te libérant de cette oraison. Ton regard se lève à nouveau. Croise le soleil. Toujours debout dans le ciel. Il ne vacille jamais, il ne flanche jamais. Il ne faiblit jamais. Tout comme toi.

« Monseigneur… Vos ordres concernant les enfants. »

Se redresse et s’éloigne. Sans tourner le dos au soleil. Sans jamais tourner le dos à l’ennemi. Sans jamais abandonner. Quoi qu’il t’en coûte.

« Puisse Omni leur pardonner dans l’au-delà ».

Ce n’était pas à toi de pardonner. Ce n’était pas à toi de prier pour eux. Ce n’était pas à toi de leur offrir une deuxième chance. Tu ne pouvais qu’apporter la liberté. Une liberté éternelle pour ces âmes damnées.

Tu n’étais ni juge ni prêtre.

Tu n’étais que bourreau.