Renaître des cendres

Renaître des cendres

ft. Catharsis - 15 mars 2001

Plusieurs semaines déjà, et pourtant dans ta tête c’est comme si tout s’était passé hier. Tu entends encore les cris et les borborygmes de fin de vie. Le son des roches qui s’effondrent et des flammes qui engouffrent. Tu entends encore la voix d’Isaac Weidmann, et les sinistres applaudissements du public. Parfois, le soir, tu en as encore envie de vomir.

La vie dans l’Understadt de l’après-guerre est exactement comme tu l’avais imaginée : sombre, froide et difficile. Par chance, tu es bien entouré, Graham. Un noyau solide, d’une confiance aveugle, s’était rapidement formé autour de toi, en les personnes d’Amaya, Aeron et Cybèle. Des amis, dans un temps qui semble lointain, des alliés, désormais. Et tout autour de vous, des résistants. Des survivants. Des vies bafouées. Des destins brisés. Des souffles de vengeance et des envies de tuer. Chaque personne qui t’avait rejoint était un souffle au cœur d’une apnée prolongée.

Vous aviez quitté la Cité Haute en combattants.
Mais ici, vous étiez nés résistants.
Catharsis.

Tu te tiens, droit face à la foule de tous ceux qui ont décidé de te suivre. Tu as encore du mal à y croire. Lorsque tu as défié Weidmann, lors de ce piètre simulacre de reddition, tu étais très sérieux. S’il fallait que tu sois seul pour revenir l’abattre, tu l’aurais fait. Mais le destin, Omni, ou peu importe qui, avait décidé qu’il en serait ainsi. Cette foule, elle partage les mêmes vocations que toi. Sur la grande zone aménagée pour les occasions de rassemblements, ils attendent tous l’ouverture de ce premier forum. Tu avais décidé l’appeler ainsi en l’honneur d’un concept lu dans les livres. Derrière toi, peinturluré sur un large morceau de drap et accroché à la façade d’une maison écroulée, il y a le symbole de Catharsis. Le phénix.

- Nous allons pouvoir débuter.

Ta voix est forte et grave. Tu ne te tiens pas sur une estrade, ni sur un piédestal, simplement derrière une grande table ronde en pierre sur lesquelles tes mains sont posées. A tes côtés se tiennent tes proches : Cybèle, qui a promis d’offrir sa vie pour te protéger, ainsi que Amaya et Aeron qui se sont voués à t’épauler. Tous savent, dans la foule, que pour parler il suffit de s’avancer.

- Bienvenue à ce premier forum. Comme promis, tous ceux qui voudront prendre la parole pour s’exprimer en auront le droit, j’aimerais néanmoins commencer si vous me le permettez.

Tu as un sourire amusé en entendant quelques remarques. Tu es le dernier héraut de Omni, Graham. Ta marque est toujours là, devenue réconfortante au cœur des nuits agitées. Pourtant, c’est vrai, tu leurs demandes en quelque sorte la permission de commencer. Bien sûr, peu importe la réponse, tu l’aurais malgré tout fait.

- Cela fait vingt-quatre jours. Vingt-quatre jours que nous avons pris les armes. Vingt-quatre jours que nous nous sommes battus. Vingt-quatre jours que nous avons quitté la Cité Haute. Vingt-quatre jours que nous louons nos morts.

Car il n’était pas question de pleurer pour ceux qui étaient tombés dans l’honneur. Tu marques une pause respectueuse avant de reprendre.

- Durant ce laps de temps, vous avez tous effectué un travail exceptionnel. Nous avons monté un camp, trouvé et renforcé des maisons. Nous avons instauré une organisation. Nous avons fondé Catharsis.

Ton bras montre la bannière qui se tient en hauteur derrière toi.

- Comme vous le savez, notre but est unique : libérer Tempelhelm. Rejeter Nemesis dans les enfers d’où ils sont sortis. Et c’est dans cet unique but, depuis vingt-quatre jours, que nous nous échinons. Je ne suis pas seulement fier de vous. Vous pouvez, tout un chacun, être fier de vous et de votre voisin.

Tu frappes tes mains l’une contre l’autre à quelques reprises, le temps d’une congratulation collective. D’un geste de la main, tu demandes malgré tout un retour au silence.

- J’ai de bonnes nouvelles. Tout d’abord, le rationnement semble être efficace. A ce rythme, grâce aux efforts de nos dévoués aux ressources, nous pourrons tenir quelques semaines de plus que celles prévues.

Tu adresses un signe de tête aux concernés que tu aperçois en face de toi.

- Ensuite, j’ai pu voir aux entraînements que beaucoup d’entre vous avaient fait des progrès considérables. C’est très encourageant. Je tiens à mettre l’accent sur la nécessité d’apprendre à travailler de concert, entre différents natifs élémentaires. Je suis persuadé que la combinaison de nos pouvoirs peut être une véritable force dans notre combat à venir.

Tu leur offres un sourire, même si, ce faisant, tu tires sur la cicatrice encore douloureuse masquée derrière ton cache-œil.

- Enfin, je vous annonce que grâce aux efforts de Jonquille Sinclair, nous avons officiellement un canal sécurisé par lequel nous allons pouvoir communiquer sur nos Olid. Je vous invite donc très fortement à rendre visite à Jonquille pour lui laisser vos Olid et, pourquoi pas, lui offrir un cadeau au passage.

Tu adresses à la jeune femme, que tu aperçois, un air de connivence.

- Les efforts restent bien entendu à fournir, je suis désolé de vous annoncer que nous sommes engagés dans un marathon. Nos objectifs les plus importants pour l’heure restent la consolidation de nos forces ains que le brouillage des trackers GPS. Si nous parvenons, même pour quelques minutes, à nous rendre invisibles aux yeux de Elyon en Cité Haute, nous ferions une avancée considérable dans notre marge de manoeuvre.

Tu poses à nouveau tes mains à plat sur la table devant toi. Avoir l’air assuré. Déterminé. Depuis que tu es à la tête de cette rébellion, tu apprends ce que c’est réellement de commander, Graham. Et quelque part, au fond de toi, tu adores ça.

- Bien. Maintenant que tout ceci est annoncé, j’aimerais ouvrir officiellement le forum. Amaya va tout d’abord prendre la parole. Ensuite, si parmi vous certains ont des informations à faire remonter, des questions ou des propositions, ce sera le moment.

D’un geste de la main, tu invites Amaya à prendre ta suite.

Faniahh/Lala/Cyalana

et si nous devions faire la guerre

Les progrès étaient encourageants. Peu avaient l'habitude de vivre dans les taudis - elle, tout particulièrement, était clairement dépaysée. Pour autant, elle ne cherchait pas les privilèges qu'elle n'avait plus. Elle ne s'attendait pas à les retrouver un jour. Ne faisait pas de manières, car tous étaient dans la même misère.

Elle essayait de ne pas penser à sa famille. Avait eu vent d'Auguste, que son frère s'était retourné contre eux. Elle avait mal pris le coup. Elle savait qu'il l'avait enfermé car c'était sa manière de la protéger. Mais la perte de Jessica, ou d'Auguste, ou d'Octavio, n'aurait pas entravé leur liberté. Elle ne comprenait pas. Elle ne voulait pas comprendre.
Cassandre l'avait trahie. Ian l'avait trahie.
Et en se tenant ici, au premier forum de Catharsis, face à la bannière improvisée, elle trahissait également le nom des Carter.
Ou alors, était-elle finalement celle qui s'en montrait le plus digne ?

Les mains croisés dans son dos, elle prend la parole lorsque Graham finit son discours. D'un hochement de tête, elle le remercie.

« Ce ne sont pas les seules bonnes nouvelles. Nous avons réussi à établir un contact avec une personne de la Cité Haute. Comprenez que ce contact établi est top secret, et ne doit servir qu'à communiquer ce qui est d'une importance capitale. Ainsi, nous aurons tout de même des yeux et des oreilles sur ce qu'il se passe dans la Cité Haute. Les informations importantes seront circulées aussi efficacement que possible sur vos Olids. »

Elle les regarde tous. Chacun l'écoute, certains murmurent, mais tous savent à quel point cette première assemblée pavera le chemin des autres.

« Notre contact s'engage également à nous faire parvenir des ressources supplémentaires. Des produits d'hygiène et de soin. Des rations. Et des armes. Les approvisionnements ne pourront pas être nombreux, aussi nous devrons veiller à nos ressources et les utiliser consciemment. »

Elle sait que ces ressources seront précieuses, et difficile à distribuer équitablement à chacun. Pourtant, ils allaient devoir de contenter de ce qu'ils avaient, car l'Understadt n'avait pas grand chose à leur offrir.

« Nous feront de notre mieux pour que la répartition des ressources soit équitable et juste. Personne ne sera plus privilégiée qu'une autre. Nous ne voulons plus d'un système où les décisions n'appartiennent qu'à une infime partie d'élus qui ne représentent pas nos meilleurs intérêts. Sentez-vous libre de vous exprimer aujourd'hui. Nous vous écoutons. »

Elle prend une inspiration.

« Que le premier forum de Catharsis commence. Si vous souhaitez nous faire part de vos idées pour contribuer à la communauté, avancez. »

Parce qu'ils étaient si peu nombreux, elle ne s'attendait pas à un mouvement de foule de toute manière.

Catharsis

Zora

Tried to pray the pain away Just like you told me

(but something had changed)

i'm holy 'til you let me go

~~i'm holy 'til you let me go~~

Des toiles tachées en guise de lit, des paroles pour stimuler l'espoir. Le simuler dans des crânes marqués par la guerre.
Des images imprimées dans ses pensées noirs.
Zora est l'une des personnes assise, la tête à peine levée pour voir correctement leur chef autoproclamé.
Une mini haute cité s'était élevée dans les bidonvilles qu'elle avait crée, s'appropriant les cendres d'autres pour pouvoir se déclarer phoenix.

La douleur lui tiraillait toujours la jambe sous les bandages, sans être invivable. Rester sur son banc de fortune était la meilleure option, de toute manière iel ne comptait pas se lever pour un beau discours. Qu'iels motivent les plus jeunes, les personnes encore influençables par leur paroles lumineuse, par leur foi brûlante.

Sa flamme à ellui était bien vacillante depuis…
depuis…

la mort.
Depuis que ses camarades avaient été fauchés sans merci.
Les voix l'entourant sonnaient sans prendre de sens, ne faisant qu'écho dans sa boîte crânienne.

C'est quand le nom de Nemesis résonne que Zora porte attention au discours, résistant à l'envie soudaine d'étaler ses pensées sur cette table.
Il n'y avait plus de supérieur à respecter sous les ténèbres de l'Understadt, même ceux essayant de s'imposer comme tel n'auraient pas le respect qu'iel accordait à ses partenaires du Temple.
Mais par une politesse ancrée dans ses habitudes, l'envoyé.e patienta. Son regard sombre perçant à travers les dos du publique de Graham.

Catharsis. Le bien du mal. Plus le temps passait, moins cette idée avait de sens.
Etait-iel lae seul.e à voir le monde autrement ? Ou allait-iels continuer à faire les même erreurs ?
Si Omni n'avait pas réussi à les protéger, comment pouvaient iels être sûr de s'y prendre de la bonne manière ?

Une différente personne reprit la parole, Zora souffla, agrippa le bord du bois qui s'effrita sous ses phalanges.
Cette réunion ne lui laissait pas la place de communiquer ses pensées.
Rations, connections, révolution…
C'est comme si son corps allait exploser sous l'attente des sujets importants, entre la survie, la recherche de ressource en ces lieux obscurs ~~qui l'ont vu naître~~.

Zora se leva sans laisser la douleur lui monter à la tête. Iel écarta la masse de résistants. C'était à leur tour de résister.. ah...

Iel prit place jusqu'au premier rang, puis, jusqu'à se tenir d'une main contre la table.
Son état n'était pas éclatant, ses vêtements étaient tâchés de poussières et de débris de bois, et sur son corps semblait se dessiner bien plus de cicatrices qu'avant.
La vie l'avait abimée et continuait de le faire.

" Vous voulez changer le système, hein ? Faire votre petite révolution, sentir l'adrénaline des pécheurs sans perdre votre religion. "

Ses paroles étaient sorties bien plus crues que prévu, avait-iel réfléchit avant de s'exprimer ?
Lae Zora de 15 ans sourit : "Non".

" On remontera, fera couler du sang, encore, pour continuer ce cercle de haine. Vous voulez changer le système mais procéder comme Némésis. En mettant de côté les hérétiques, en les envoyant là où nous nous trouvons, en les laissant crever sous l'Understadt. Que changera Catharsis une fois cette guerre terminé ? "

Toute les questions étaient permises ? Parfait alors.

" Et éclairez moi, Omni a-t-il prit contact avec l'un.e d'entre vous ? Sommes nous entrain d'agir sous sa volonté ? Ou est-ce que notre défaite signifie-t-elle l'inverse ? "

Soit Omni les avait abandonné, soit il ne valait pas la peine qu'on se sacrifie pour lui.

C y a l a n a

renaître des cendres

catharsis

15 mars :: understadt

Vingt-quatre jours.
Soulignés avec ardeur par le seul héraut encore ardent au centre du monde, au centre de tout, ce sont les grandiloquents héros qui demeurent ; Graham Blomsberry s'affaire à mener une première assemblée disparate, entouré à la fois d'espoir et de désespoir ; à contempler autour de moi je ne vois aucun de mes hommes et la haine me gagne.

Depuis vingt-quatre jours déjà.
Vingt-quatre jours de trop et pourtant ce n'était pas assez pour avaler la défaite, pour assumer la mort de tous ceux qui avaient composés ma brigade ; pas un blessé, pas un survivant ; que des cadavres qui avaient un jour compté sur moi.

Plus aucun orgueil ne m'habille, je me refuse à toute fierté, si je dois payer pour mon crime, alors je resterai dans l'ombre ingrate pour expier d'avoir été naïf et de les avoir emmenés où ils reposent désormais.
M'en voulez-vous, mes soeurs, mes frères ? De là où vous êtes, me regardez-vous avec l'amer emporté au-delà de la vie que j'ai gâchée pour vous ?

Je libérerai Tempelhelm en votre nom et je vous rendrai vos autels.
Vos temples pour vous guider dans le noir dans lequel vous êtes plongés.

Il parle d'être fier et je ricane ; adossé à un mur de pierres, fondu à l'ombre, j'écoute et je réalise que ce n'est pas les morts mais moi qui suis amer.

C'est seulement lorsque l'envoyé.e de l'air prend la parole que je m'avance d'un pas, curieux, intrigué ; un rictus creusé aux lèvres.

Omni a désigné notre guide, s'il n'intervient pas davantage pour l'arrêter, c'est que ce guide ne se fourvoie pas quant à sa volonté.

J'hausse les épaules ; débattre ne m'intéresse que peu ; mais remettre en cause l'implication de Omni est prétentieux pour ceux qui, jamais, ne l'ont entendu de leur vie.
Si Omni a désigné Graham Blomsberry, alors Graham Blomsberry serait le seul apte à me diriger.

Et si vous ne proposez pas une guerre pour récupérer cette cité en son nom, que proposez-vous ? Agiter un drapeau blanc et espérer qu'on ne nous tue pas sur-le-champ ? Puisque tout est de Sa volonté, la défaite était peut-être une leçon pour nous apprendre l'humilité. L'avons-nous déçu ? Est-ce une nouvelle épreuve que nous aurons à affronter, pour démontrer notre foi, notre volonté ? Mesurez la manière dont vous questionnez notre chef, puisqu'il s'agit là du seul héraut direct de Omni. Sa parole se devrait d'être sacrée.

J'adressai un regard à toute l'assemblée.

Si nous n'honorons ou ne respectons pas notre Seigneur, nous ne devrions pas nous insurger qu'il nous abandonne. C'est à nous de lui rendre justice et pas le contraire.

(résumé parce que c'est long pour rien : vous pouvez vous permettre de juste lire le dialogue en gros il était en retrait il s'est avancé quand Zora a pris la parole, il est globalement souriant.)

et maintenant ? La révolution est en marche

Graham ouvre le bal en prononçant son long discours.
Et Paris écoute, attentif, il écoute et il sent au fur et a mesure des mots que de grandes décisions sont prise : pour retrouver leur cité bien aimé, pour décimer les imposteurs qui leur ont pris le flambeau.

Paris n’a jamais été de ceux qui donne de grande décision, il se contente d’appliquer les ordres en donnant de petite directive a ses troupes. Les grandes lignes, ce n’est pas lui qui les fixe.

Il écoute Amaya qui prend le relais, seconde Graham dans son discours.
Et il reste toujours impassible.

Zora enchaine.
Et Zora dit des choses pertinentes.
Et Omni dans tout ca ?

Cassian prend lui aussi la parole : comme une réponse direct aux mots de Zora.
Paris inspire.

Il prendra le relai.
Il n’en dira pas tant que ses camarades.

« Si la révolution doit se faire qu’il en soit ainsi, comme l’a dit Cassian, le guide a été choisi par Omni, néanmoins pour l’après, j’aimerai émettre une réserve, Omni a désigné des héraut comme des guides si tel est sa décision après notre victoire, alors la société ne pourra pas être réformé comme vous l’entendez. »

Il ferme un court instant les yeux.
Reste calme.
Termine sur sa lancée.

« Qu’Omni nous garde et nous guide, j’agirai en suivant vos directives en attendant une possible victoire. »

Et sur ces mots, Paris laisse les autres prendre éventuellement le relais.

MITZI

Renaître des Cendres

15 mars 2001

Vingt-quatre jours. Graham l’avait souligné et décompté pour l’assemblée qui lui faisait face pour ce premier essai.
Comme depuis son arrivée au côté du héraut d’Omni, Karma s’était tenu légèrement à l’écart, assailli par des sentiments contraires. Sa fierté grandissait lorsqu’il l’entendait parler à tous ceux qui avaient décidé de le suivre au fin fond de l’Understadt, de la même manière que lorsque Amaya s’exprimait devant eux aujourd’hui. S’il avait été moins amer, il aurait pu savourer toute la satisfaction qu’il ressentait en constatant que sur ces deux-là, au moins, il ne s’était pas trompé.
Voir qu’on leur accordait encore du crédit et de la confiance était quelque chose de rassurant et, ce n’était que l’avis du gardien quand bien même il le pensait excellent, bénéfique pour qu’une cause s’articule de la meilleure manière que ce soit.
L’enjeu était tout autant humaniste que militaire et stratégique, et personne ne devait l’oublier.

De sa place, il pouvait donc admirer ceux en qui il avait toujours cru et observer leurs alliés.
Ses yeux glacés prenaient le temps de se promener sur l’assistance hétéroclite dans laquelle il était difficile de faire une moyenne tant en termes d’âge, d’éléments représentés, de places occupées avant la chute de la vie qu’ils avaient toujours connu.
Cela aussi, l’ancien gardien y trouvait quelque chose de positif, se rappelant des paroles qu’avaient toujours tenu les Strauss depuis des générations : tout le monde comptait. Et ici, tout avait été fait pour que chacun se sente à sa place. C’était un bon début.

Bien sûr, en présence de tous, Karma mettait de côté ses propres interrogations en écoutant dans son habituel silence.
Il enviait Graham pour le courage dont il faisait preuve malgré le poids qu’il portait et porterait encore sur ses épaules.
Il enviait la gardienne du temple de la Terre, mais également les Envoyés et les brigadiers encore en vie et rêvant encore d’en découdre avec Némésis sans que leur rage de vaincre n’ait été ternie par le désespoir.
Il enviait ceux qui osaient encore poser des questions pouvant ébranler les humeurs et les convictions mais motivé par une volonté de vouloir réellement changer le monde.

Et il se détestait de se sentir aussi utile qu’un doigt d’honneur dans une moufle.

- Il semblerait qu’Omni ait à coeur de nous laisser notre libre-arbitre. Chacun, ici, est présent pour des raisons qui lui sont propres et personne n’a la prétention de vous imposer cette résistance. Nous avons tous laissé là-haut des familles, des amis. Nous pleurons tous des pertes tragiques et douloureuses.

Les prises de paroles successives l’avaient encouragé à se montrer le temps que la dernière voix s’estompe et sa silhouette longiligne qui ne trahissait aucune fatigue en apparence s’était décollée de la table sur laquelle il s’était appuyé pour avancer.

- Nous avons tous une raison d’avoir rejoint Catharsis et nous l’avons tous fait de notre plein gré, ne serait-ce que parce que notre instinct de survie et notre sentiment d’injustice ont été les plus forts lorsqu’il a fallu prendre une décision.

Il retient un soupire, préférant inspirer longuement alors que ses yeux se posent sur ceux qui ont pris la parole, sur ceux qui auraient envie de le faire.

- Vivre sous leur joug, ou mourir dans le cas de ceux qui représentaient bien trop ce qu’ils haïssaient. Ou se battre pour exister dans un monde désormais envahi par le chaos. Et pour l’instant ils ne sont pas franchement ouverts à la négociation.

Ses yeux se posent sur Graham.

- Nous avons besoin de nous organiser pour survivre efficacement. Il n’y a aucun mal au fait de se rassembler autour d’une figure d’espoir et d’un but commun. La menace est en haut, pas au sein de notre groupe. Et je crois que le but de cette assemblée est plutôt clair : si l’on craint de retomber dans les travers du passé, ce sera à nous d’être vigilant et de prendre la parole pour défendre les changements en marche. En attendant nous avons encore de nombreux blessés, et une incapacité totale à opérer quoi que ce soit à l’extérieur de l’Understadt.

Et lassé du débat religieux, loin de son temple et de la lumière de la lune, il ajoute.

- Pourquoi ne pas faire un roulement ? Décidons d’une fréquence des rassemblements comme celui-ci. A chaque nouvelle assemblée, des représentants de notre camp, choisis lors de la précédente réunion, rapporteront autour de cette table les doléances et les remarques que les autres membres de notre groupe leur auront fait parvenir tout le long de leur… “mandat” et auront eu la responsabilité de songer à des solutions sur lesquelles débattre ensemble. Personnellement, je trouve rassurant de donner la parole à tous : civils et militaires avec, pour chacun d’eux, leur propre expérience et leur vécu. Un mélange serait donc idéal.

***

Pardon c'est long mais apparemment j'avais des choses à dire !
Le dernier paragraphe, c'est une vraie idée !

☼ CATHARSIS ☼

code by kimlee

renaître des

cendres

theme musical — vingt quatre jours.
vingt quatre jours de torture. de colère. de désespoir. d'une peine si grande qu'il ne reste plus rien dans le myocarde mort de la fleur désormais fanée.
vingt quatre jours qu'elle ne dort presque plus, qu'elle ne mange presque plus.
vingt quatre jours qu'elle ne rit plus, ne vit plus, plus vraiment.
elle n'y arrive pas. les rares efforts, elle les fait pour Rose.
parce que Rose est toujours là, elle.
jolie fleur, joli soleil, il n'en reste plus rien. morte avec Soan, il ne reste plus que des bouts amorphes et ternes de Jonquille.

lorsque son nom est prononcé, mis sur le devant de la scène, elle a envie de vomir, de hurler que personne n'a le droit de prononcer le nom sacré de sa famille définitivement détruite. temple sacré saccagé plongé dans un tourbillon de désespoir.

✩｡:*•. ❁ — je suis désolée Soan,
je n'y arrive pas — ❁ .•*:｡✩

sa main n'est plus manucurée. elle n'est plus toute douce et ne sent plus le chocolat.
sa main s'agrippe à celle de sa sœur aînée. le corps tremble, comme à chaque fois qu'elle est trop hantée par le sourire de celui qu'elle n'a pas pu voir, juste une dernière fois.

elle écoute, jonquille.
elle partage des avis, jonquille.
envie de cracher toute sa haine au nom d'Omni et des Douze.
elle doute, jonquille. ne sait plus si sa foi en acier en vaut vraiment la peine. les paroles de zora la conforte un instant. avant que cassian n'arrive à semer de nouveau le doute.
elle doute, jonquille. elle s'en fiche de l'avenir. elle s'en fiche des erreurs du passé à ne pas reproduire. elle n'arrive pas un seul instant s'imaginer un lendemain. elle tient bon, Jonquille. parce qu'elle n'a pas le droit d'abandonner Rose. mais elle a peur, jonquille. peur d'entraîner sa sœur dans les profondeurs de son désespoir. ne devenir qu'un poids encore plus lourd qu'avant. elle ne sait pas, ne sait plus à qui elle pourrait se raccrocher.

(( son regard émeraude flotte
un instant sur cassian ))

elle se cache à moitié derrière le corps fort et puissant de Rose. ce corps qui est bien plus capable qu'elle-même. elle a honte, jonquille. alors elle écoute. et lorsque personne ne semble prendre la parole après les idées du gardien du feu, elle se racle la gorge. sa voix semble toujours être celle d'un oiseau délicat. un oiseau blessé, aux portes de la mort.

— je suis d'avis avec monsieur le gardien de feu. nous, les civils, pouvons apporter une toute autre vision tout aussi intéressante. enfin, ce n'est que mon avis… et je-je... vais sûrement répéter ce qui a déjà été dit. mais maintenant que vous avez la possibilité d'utiliser vos olid sur un canal sécurisé, je vais passer tout mon temps sur un semblant de brouilleur. je… je ne suis pas capable de vous dire quand ça sera prêt. je ne veux pas bacler les choses. et je-je souhaite vraiment vous protéger d'Elyon. seule, ça prend du temps. je n'ai pas mon matériel et je…

l'air lui manque. elle tremble de tout son petit corps, se raccroche de toutes ses forces à Rose. parler trop vite, comme à chaque fois qu'elle est angoissée. sa voix tremble, comme si elle allait fondre en larmes à tout moment.

— si des gens veulent m'aider, je peux vous apprendre. mais seulement si vous avez certaines bases. la perte de temps serait trop grande.

elle baisse la tête, presque honteuse de ne pas être capable de faire deux choses chronophages à la fois.

— et je ne veux pas de cadeaux... juste vos olid.

pas sûr que l'assemblée l'ai entendu.
le seul cadeau qu'elle souhaite, bien plus que la liberté, que la victoire sur ces assassins, c'est qu'on lui rende sa raison de vivre.

(( qu'on lui rende son frère ))

soleil s'éteint et retourne se cacher derrière Rose.

***
jonquille est d'accord avec l'idée de karma ; elle propose de former des gens pour l'aider dans ses tâches de hackeuse ; elle précise qu'elle ne veut pas de cadeau (sauf si quelqu'un peut lui rendre soan cc omni si tu pouvais faire comme ton copain eclipse lol ^^)

｡☆✼★━ @catharsis ━★✼☆｡

i'm tired from myself

Pando

Renaître des Cendres

CATHARSIS - 15 mars 2001 - Understadt

Il n’avait jamais été très facile de savoir ce que Rose ressentait en temps normal. Mais il était encore plus difficile de savoir ce qu’elle ressentait à présent, à la suite des récents évènements et depuis le début de ces semaines passées sous terre, de retour dans l’Understadt qui l’avait vu naître.

En matière d’adaptation à son nouvel environnement, pas si nouveau que ça d’ailleurs, on faisait difficilement mieux car la jeune femme n’avait jamais oublié ces lieux. Et comme un vieux réflexe endormi ou une langue étrangère en sommeil, se déplacer dans la cité basse et en redécouvrir les points d’intérêt lui était revenu avec une facilité déconcertante.

De plus, Rose n’avait jamais vraiment composé avec ses émotions ou celles des autres : les colères étaient destructrices et les joies exubérantes. Mais aujourd’hui, la perte de Soan et le devoir de protéger Jonquille la faisait osciller dangereusement entre ces deux états aussi délicats que du lait sur le feu.
Elle avait donc noyé chaque ressenti dans les tâches que lui avait confié Graham Blomsberry, dernier héraut d’Omni, en qui elle avait placé sa confiance pour protéger sa sœur et les mener à leur vengeance. Et sa vengeance à elle, très personnelle. Pour son Dieu. Pour son frère. Et pour la si jolie vie qu’on avait arraché injustement à Jonquille.

Et si elle se tenait avec cette dernière à cette assemblée, c’était pour toutes ces raisons. Elle ne voulait pas diriger. Elle se foutait de l’ordre établi passé, présent ou futur. Elle ne voulait pas changer le monde en mieux et s’étendre sur des débats humanistes.
Mais elle se consumait d’une colère sans nom en sentant Jonquille trembler contre elle sans que leur grand frère ne puisse l’étreindre pour la rassurer. Elle brûlait d’une rage violente et pure qui menaçait d’exploser à chaque instant.
Elle devait croiser le regard d’Aeron et sentir la main de sa sœur dans la sienne bien trop souvent pour ne pas passer le pont et détruire tous ceux qui pouvaient être détruits avant que l’un d’entre eux, un survivant, ne lui fasse rejoindre les bras d’Omni aux côtés de Soan.

Elle écoute d’une oreille, mais ne veut pas débattre.

Pour donner du courage à Jonquille lorsque celle-ci décide de s’exprimer, Rose se tient bien droite près d’elle, sans faillir. Elle protège son petit oiseau blessé, alors que ses yeux bleus se portent durement sur l’assistance. Son bras entoure les épaules de sa cadette pour la soutenir, ses doigts glissent dans ses cheveux avec douceur et elle lui sourit pour lui donner sa force.
Un changement rare sur son visage, souvent figé en une mine patibulaire, ces derniers temps.

- Je suis fière de toi.

Elle avait soufflé, à l’attention de sa sœur uniquement, pour s’adresser à Graham en suite, d'une voix forte.

- Je suis pas franchement fan de débats mais je te suis, toi, Héraut d’Omni. Je fais le serment de protéger chaque personne présente ici, en son nom.

Le ton n’est pas très solennel mais les traits durcis de son visage trahissent son sérieux. Elle sert Jonquille plus fort en prévision de ses mots à venir.

- Et je suis volontaire si des opérations doivent se situer près de l’entrée de l’Understadt, ou au-delà.

Ciaran

Depuis combien de temps il n’avait plus senti la brise dans ses cheveux, les rayons du soleil sur sa peau ? Trop longtemps, il perdait la notion des jours qui s’écoulaient. Était-ce midi ? Minuit ? Cet exil dans l’Understadt lui paraissait durer une éternité. Et, même si comme tous les autres membres de Catharsis, il se raccrochait à l’idée de revoir la Cité Haute, chaque jour en découvrant son reflet dans un miroir brisé trouvé peu après son arrivée, l’espoir s’éloignait. Une vilaine barbe poussait sur sa mâchoire et sa moustache n’était plus que l’ombre d’elle-même. Et le plus déroutant dans tout ça ? C’est qu’il n’en avait plus rien à faire.

Pour être plus exact, il ne se raccrochait pas tant à ce mouvement de rébellion, de survie et d’espoir, mais plutôt à celui qu’il considérait comme son seul ami sous terre : Saul. Sans lui, son état psychologique se serait sans doute bien plus dégradé, plus vite encore. Ses nuits - peut-on encore parler de nuit quand la lumière des néons ne fait que péniblement clignoter « à longueur de journée » ? - étaient hantées par des cauchemars. Parfois, il rêvait de la mort de Galmor, parfois de celle de son fils, se trouvant pourtant quelque part au-dessus de lui, « en sécurité » selon « son épouse ». Il avait toujours ce fichu anneau à son annulaire, comme un dernier souvenir de sa vie en haut, une babiole pour se raccrocher avec aigreur au passé. Un gri-gri censé le rassurer. Mais en ces temps, seul Saul parvenait à relativement le consoler. Il était un phare dans la nuit, lui rappelant la réalité quand il se réveillait en panique, persuadé de vivre son procès, orchestré par tous ceux morts, ceux qu’Auguste n’a pas pu sauver. Ah, sans Saul, que ce serait-il devenu, qu’aurait-il fait…

Finalement, le roux était celui qui lui donnait le plus envie d’avancer, de lutter, de se battre. Chaque jour était difficile, entre les rationnements, le froid, l’humidité, les sens en déroute avec les conditions de vie exécrables de l’Understadt, l’hygiène douteuse des uns et des autres (n’en parlons pas, pitié). Pourtant, Auguste n’abandonna pas et s’investit dans tout ce qu’il pouvait, sûrement pour tromper l’angoisse et ne pas se retrouver seul avec ses idées. Il lui arrivait d’être très silencieux et replié sur lui-même, lorsque le projet auquel il participait ne nécessitait pas de parole de sa part. Le reste du temps, il semblait lui-même, mais ceux le connaissant le plus devinait ô combien les derniers événements l’avaient fragilisé.

Au vingt-quatrième jour, le premier forum de Catharsis se déroula. S’il n’était pas certain d’y avoir sa place, ni même une quelconque utilité, Auguste voulait tout de même y assister. Sans doute cette vieille habitude de papa poule, souhaitant garder les autres sous les yeux, s’assurer qu’ils ne se mettent pas en danger… Cela avait un air de réunion de Hérauts, un sentiment de nostalgie l’envahit, mais il n’y avait plus que Graham, Héraut d’Omni. Le moustachu avait beaucoup de mal à simplement assister à tous ces échanges, pourtant, il ne ferait pas le plaisir de Némesis en partant se recroqueviller dans son coin. Auguste Havilliard est un homme fort. Il a survécu à la foudre du traître Carter, ce n’est pas une réunion qui le mettra KO. Et puis Saul était tout près, son phare dans la nuit sans étoile de l’Understadt. Un repère dans cette jungle. Une lueur pour le guider, l’apaiser, le rassurer. Un homme pour le forcer à garder la tête hors de l’eau et à lui rendre la pareille.

Il écouta le dernier rapport, les avancées, les bonnes nouvelles, mais aussi les idées, les reproches et les diverses remarques. Chacun avait le droit d’ajouter son commentaire. Il est vrai que cela changeait des réunions entre Hérauts, seuls décisionnaires, accompagnés de leurs bras-droits n’ayant guère leur mot à dire, si ce n’est pour appuyer les propos des uns et des autres. Agacé d’y songer, il fronça les sourcils. Lorsqu’il croisa le regard de Saul, il se rappela que c’était le passé, qu’il fallait songer à l’avenir ici, dans l’Understadt, sans quoi il n’allait pas survivre bien longtemps. Rebondissant rapidement sur les toutes dernières paroles prononcées à ce moment, il se proposa également pour une quelconque opération.

- S‘il faut mener une mission en haut, j’en suis. Et s’il ne s’agit que de surveiller les entrées vers l’Understadt, j’en suis aussi.

Tant qu’il bougeait, tant qu’il trompait l’ennui et les pensées obsédantes, il en était...

- Si vous avez l’idée d’une mission suicide pour dérouter les enflures au-dessus de nous, pensez à moi. On doit pouvoir facilement trouver la partie de l’Understadt correspondant au Parlement, ou au temple d’Omni. Au vu de l’esprit de ces gens, il me semble assez évident qu’ils se feront un plaisir de l’occuper, de le saccager et d’en faire un repaire à hérétiques. Puisqu’ils aiment la destruction et qu’Omni a toute foi en Sir Bloomsberry, Il ne s’offusquera sans doute pas que nous utilisions les méthodes barbares de Son ennemi, à savoir les bombes, la surprise et la rage de les vaincre. La fin justifie les moyens et nous sommes coincés ici, à défaut de pouvoir nous débarrasser des signaux GPS de nos puces. À la bonne heure, faisons péter les néons de notre nouveau ciel et débarquons directement dans le terrier de la vermine.

Résumé :
- Auguste est prêt à tout.

Renaître des cendres

understadt (forum #1) ; ft. catharsis

L’Understadt change les hommes, Saul ne le constate que trop bien. Tout y est trop froid, trop sombre, trop sinistre… mais on s’habitue. Vingt-quatre jours longs et difficiles. Vingt-quatre jours profitables, pour autant. Les âmes perdues refusant de plier sous le joug des Nemesis se sont retrouvées ici bas et se sont unis, avec des convictions et des raisons multiples.

Catharsis.
Saul n’a pas d’avis sur le nom.
Saul n’a d’avis que pour trop peu de choses, désormais.

Carcasse fragilisée et bien plus maussade qu’à l’accoutumé, il est sans cesse tendu, sur le qui-vive. La défaite et la trahison ? Il ne digère pas et se sent aussi coupable qu’au premier jour. Comment a-t-il pu ne pas voir ce qui se jouait sous ses yeux ? S’il tient, s’il est là, c’est bien pour les cinq brigadiers qui l’ont accompagné. Et c’est surtout grâce à Auguste, en vérité. Dans les ténèbres de cette journée sombre, Omni lui a au moins fait ce cadeau : retrouver son ami et marcher côte à côte sur le chemin de la résistance.

Une résistance chevillée au corps, nécessaire, par laquelle, seule, peut s’exprimer la vengeance, il le sait. Et c’est bien ce qui l’inquiète car la violence qui l’habite, parfois, lui ressemble si peu. Par moment, c’est l’exaltation et l’enthousiasme qui prennent le dessus, et l’Envoyé use de sa force brute pour aider à l’effort collectif, aménager des abris, œuvrer avec ses brigadiers pour améliorer un tant soit peu le quotidien des présents. Seulement, à d’autres moments, sa colère gronde et sa méfiance se décuplent. Dans le flou de ses pensées, il se demande à quoi bon ? En qui croire ? Pourquoi accorder sa confiance si c’est pour qu’elle soit piétinée ensuite, à la moindre occasion ?

Dans ce forum improvisé, il retrouve des visages familiers qu’il a eu la chance et le soulagement de recroiser, au cours des dernières semaines. Cassian, ses mots toujours précis et sa connaissance précieuse de l’Understadt, Rose, également, petit bout de femme devenue grande, puissante, et protectrice envers sa sœur. D’autres aussi, connus par leur rang et leurs fonctions, le gardien du Temple de Feu, le Dunwich, confrère Envoyé de la cité haute et Graham Blomsberry… Brigadier propulsé Héraut de Feu et désormais Héraut d’Omni, incarnation de la résistance. Et tandis que tous parlent, l’esprit de Saul se voile de cynisme, malgré lui. Tous ces titres ont-ils encore un sens ?

Graham. Héraut d’Omni. Voilà qui suscite en lui bien des sentiments contrastés. Il le voit comme un symbole, celui de ceux qui refusent de plier, ceux qui veulent combattre le chaos et la folie des Nemesis. Il le voit également comme un danger. On a vu ce que pouvait faire un Héraut, alors pourquoi concentrer tant de pouvoir dans les mains d’un seul homme ? Il balaie du regard ceux qui l’entourent, Karma et Aeron Strauss, Amaya Carter que le destin remet sur sa route, et lève les yeux au ciel. S’il a toujours eu un profond respect pour Abel, tous savent désormais le rôle de Ian Carter dans la conquête de Tempelhelm par les disciples d’Isaac Weidmann.

« Ça sent quand même pas mal le souffre, tout ça... » murmure-t-il dans sa barbe rousse qui ne ressemble plus à grand-chose. Constat risible peut-être, mais pas complètement faux. Les mots de Zora ont fait écho à certaines de ses pensées et l’ont aussi déstabilisés. Changer l’ordre établi, oui, mais que mettre à la place ? Le soldat qu’il est a toujours eu à suivre les ordres, même quand on le manipulait comme un pantin, Que faire, alors ? Le Gardien a le mérite de proposer une solution pour faire rouler les responsabilités. Il acquiesce sans un mot.

Et quand Auguste prend la parole, Saul le fixe et l’écoute. Les mots « mission suicide » le font ouvrir des yeux ronds puis… finalement, il comprend. Faire ce qu’il faut, à tout prix. Que Auguste ait tort, qu’il soit un peu trop extrême dans sa proposition, Saul n’en a finalement rien à faire. Depuis la perte de Galmort, le Havilliard a changé. Ils ont tous changé. Alors Saul suivra son ami, parce qu’en lui, il a confiance. « Si pareille mission voit le jour, je tiens à en être. Et je parle en mon nom seul, mes brigadiers n’ont pas à subir mes choix. » Il insiste là-dessus comme depuis qu’ils ont rejoint ce mouvement. Terrence et les autres tiennent encore à ce semblant de hiérarchie, même si elle n’est plus qu’un prétexte de normalité illusoire.

Il va pour se taire, avant qu’une pensée ne se fasse plus forte, et s’entend ajouter : « J’ose croire que tous ici, nous partageons des aspirations communes. Mais n’oublions pas que l’ennemi s’est montré expert dans l’art de la trahison et du mensonge. Je ne sais pas qui sont nos contacts, d’ici ou d’ailleurs – en référence au contact de la Cité Haute évoqué par Amaya – toutefois, nous devons être vigilants les uns envers les autres, et vis-à-vis de ceux qui voudraient nous rejoindre ou nous aider. Nous devons douter, toujours. Tout le temps. » Son ton est ferme quand il achève de parler.

Résumé :
On peut trahir mille fois une personne...
mais qu'on s'étonne pas qu'elle devienne parano !

15 mars 2001

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