Forever would be mine with you

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graham&euphemia

mai :: cascade des dieux

Le coeur était lourd, le coeur était las, dans une poitrine scarifiée par des démons invisibles. Le regard était lourd, le regard était las, au travers de la fenêtre du monorail et poursuivant les lueurs de l’aube à l’horizon qui s’enfuyaient derrière les montagnes.
Gisèle avait décidé d’elle-même ;
Avait parlé de Graham, de Tempelhelm ;
Avait parlé de bien de mots qui s’étaient superposés sans vraiment se réaliser.
Et Euphemia s’était retrouvée là, seule au fond d’un siège en classe business et confort, dans le silence le plus total, à détailler comme s’il s’agissait de la première fois les décors qu’elle connaissait pourtant si bien.
A peine avait-elle posé sa valise et un pied à la gare de Omni District que déjà les bras de Graham l’entourèrent ; et Euphemia était étrangement passive, papillonnait des paupières comme sortie à peine d’un profond sommeil.

Puis elle s’était armée du même inlassable sourire ;
De ses mimiques extatiques ;
Le temps de lassitude avait duré une poignée de secondes à peine, avant que Euphemia ne reprenne le même habituel manège.
Riait plus fort que son coeur ne pleurait.

Une semaine et l’emploi du temps libéré par Gisèle ; ses affaires préparées par Gisèle ; ses rendez-vous décalés par Gisèle ; le laboratoire tenu par Gisèle.
Où était le temps où c’était Euphemia qui s’occupait de Gisèle ?

Le lendemain de son arrivée, Graham l’emmenait à la Cascade des Dieux, et le pas guilleret avait sautillé sur les murs en ruines ; Euphemia se sentait comme une enfant, à baigner dans des souvenirs qu’elle avait construits de toutes pièces ; régressait, à sa manière.
Et alors qu’elle racontait une éternelle anecdote inutile, d’un débit de paroles inépuisable, Euphemia leva la tête.

Le silence pesa - régna - lorsque le regard terrifié s’accrocha aux silhouettes entre les nuages blancs qui continuaient de livrer bataille.
Les lèvres pincées, la cage thoracique crissait sous le poids de ses angoisses.

Euphemia crispa son sourire.

Hah, qu’est-ce que je disais, déjà ?

”Hah” ; répétait les apostrophes de Isaac depuis des semaines ; des mois.
Elle ne l’avait pourtant pas connu tant que ça ; elle se raccrochait à ce qu’elle pouvait.

Haussait les épaules sans conviction.

Et lorsque l’un ou l’autre gagnera, qu’adviendra-t-il de nous ?

Parlait du ciel pour ne pas parler des abysses d’elle-même.

On s’en fiche, pas vrai ?

Égarée à travers ses propres fils de pensée.
Ravalait sa salive, attrapait ses doigts entre eux.
Depuis quand ne parvenait-elle même plus à meubler le silence ?
Depuis combien de temps n'avait-elle pas regardé Graham dans les yeux plutôt que d'y faire flotter le regard pour l'esquiver ?

Forever would be mine with you

ft. @Euphemia Lindworth

Le temps passe, mais des promesses d’une vie comme avant rien ne vient. Les nations d’un monde inconnu se torturent et se tuent tandis que vous, nouveaux nés d’un système perdu des dieux, vous n’êtes rendus qu’au rang de pions disposés sur une échelle d’utilité. Est-ce ce qu’Ils avaient prévu ? Si oui, alors tu es déçu. Et tu te promets que cela va changer.

Ta vie te manque. Tu arpentes les rues de Tempelhelm tous les jours, pourtant rien n’est pareil. Ses habitants ont disparu, sa joie aussi. Toi, fantôme d’un passé resté pour commémorer les mémoires de ceux qui veulent oublier, tu t’acharnes à vouloir reconstruire, créer et unifier. Mais la vérité, après tout ça, c’est que tu es fatigué. Tu n’es ni homme d’affaire ni diplomate. Tu es leader par la force du besoin, tu es acteur mais pas pantin.

Debout à la gare pour attendre, tes doigts passent à la marque d’Omni sur ta nuque, souvenir d’un homme que tu as été. Aujourd’hui, tu es ambassadeur d’une nation qui n’est pas la tienne pour une ville cimetière. C’est ironique, quelque part. Désolant. Mais comme se créer des opportunités prend du temps, tu te concentres sur ce que Tempelhelm t’a laissé : ta famille. Ta sœur, plus particulièrement, que tu vois dépérir à distance. Victime d’une guerre qui n’est pas la sienne, d’ambitions qui écrasent, et de secrets bien gardés. Une part de toi se déteste, coupable, pourtant regardes-toi, Graham, incapable de tout abandonner pour la rejoindre vivre à Dawndale. Pathétique, Graham.

Quand elle arrive enfin, tu mets de côté tout ce qui tourmente ton esprit et ton sourire s’élargit, tes bras l’enlacent. Tu aimerais être capable de faire naître le bonheur dans ses yeux vides, tu aimerais une vie simple où de nouveau vous pourriez vivre en fratrie. Euphemia, si belle, si fragile et si forte à la fois. Tu donnerais tout pour cette part de toi. Quelque part, tu te rassures en te persuadant que tes actes et tes choix, ils sont aussi pour elle.

Tu pourrais te détruire, Graham.
Juste pour elle.

Ensemble vous redécouvrez cette ville, tu lui montres ce qui a été reconstruit. Deux fantômes, désormais, dans les pas qui ont été les vôtres il y a des années. Tu bois ses rires autant qu’ils te terrifient, tu lis sous le voile de cette folie décalée. C’est pire, pire encore qu’il y a deux ans, pire que ce que Gisèle ou Jacob veulent te faire croire. La culpabilité t’étrangle, Graham.

À la cascade des dieux, tu marches et elle sautille, elle pépie comme un oiseau qui ne cesserait jamais de chanter. Chanter pour faire croire au soleil quand ne tombe que la pluie. Elle s’arrête, le silence roi, tu lèves la tête pour l’observer.

- Euphemia ?

Automate s’est arrêté, tes yeux suivent le chemin des siens jusqu’aux cieux. Ses mots soulèvent les questions qui taraudent tes nuits et tes journées. Ensuite, qu’adviendra-t-il ? Ton sourire qui s’affaisse et tes mains pour venir trouver les siennes. Tu glisses tes doigts contre ses doigts pour les dénouer puis les serrer.

- Eh. Euphemia. Regarde-moi.

Ta voix plus douce qu’avec personne d’autre. Tu cherches son regard. Tu cherches son esprit. Bon sang, Graham, jusqu’où pourras-tu t’en vouloir ?

- On s’en fiche. Tu sais pourquoi ?

Parce qu’on sera ensemble.
Parce que je serai là, avec toi.

Est-ce que tu as encore le droit de dire ça ?
Tu n’as pas le droit, non.

- Ca va aller.

Ton front se pose contre le sien, un soupir échappe tes lèvres.

- Je suis désolé, Euphie. Je n’ai pas été digne de toi.

Alors que ce monde que tu voudrais construire, il est surtout pour elle.
Tu recules le visage, glisses tes doigts contre sa joue, à la coupe de sa mâchoire. Ta petite sœur. Ta précieuse petite sœur.

- Est-ce que tu m’en veux ? Est-ce pour ça que ton esprit s’éloigne ?

Est-ce que tu me fuis, Euphemia ?

Faniahh/Lala/Cyalana

forever would be mine with you

graham&euphemia

mai :: cascade des dieux

“Regarde-moi” dit-il, et le regard s’amourache de lui.
Les mots peinent à franchir la barrière de ses lèvres ; il y a derrière elles un millier de cris de terreurs, de hurlements, de pleurs, mais rien ne vient, les émotions restent cloîtrées au-dedans d’un affamé coeur.
Il dit “Je suis désolé” et les mots cognent contre le crâne, “Je n’ai pas été digne” et la culpabilité pleut sur les épaules fragiles.
Elle ne sait pas bien quoi dire, n’est pas sûre de comprendre, Euphemia, ce qu’il essaie de faire - de communiquer - elle connaît bien son frère ou le croyait en tous cas - depuis deux années il lui paraît être mystère.

Ou était-ce elle qui avait changé ?
Elle papillonne des paupières.

”Est-ce que tu m’en veux ?” et la gorge se serre elle ignore pourquoi ces mots-là sont alignés dans cet ordre, elle veut rire à en faire oublier les travers dans la poitrine mais Euphemia fatigue d’être fausse, d’être celle qui sourit, d’être celle qui exulte.
Alors ça lui échappe lorsqu’entre ses lèvres la voix glisse pour dire seulement

Oui.

Un frisson le long de la colonne vertébrale et le vertige aux tripes ; elle ne peut accepter ce qu’elle entend d’elle-même et à nouveau Euphemia rit.
Nerveusement, à chercher des mots pour adoucir ceux-ci, rien ne vient, rien ne vient, rien ne vient.
Elle s’en veut - terriblement - de ne pas parvenir à faire semblant comme avant.

Ce n’est pas - enfin… Hah-

Les mêmes apostrophes absurdes.
Mais il n’avait jamais hésité à être un dément ; Euphemia, elle, jouait un jeu qui n’était pas le sien.
Passa une main sur son ventre, y enfonçait des doigts entre les pans de sa jupe.

C’est à moi que j’en veux le plus. Mais je suis en colère, c’est vrai. Contre toi, contre Laurie, contre toutes ces injustices qui s’accumulent et je ne sais plus quoi en faire.

Mais des injonctions lui tombent dessus ;
Il faut sourire, il faut être belle, il faut être celle qui répare sa famille.
Mais Laurie et Graham n’avaient plus besoin d’être réparés ;
C’était elle qui était isolée, désormais - pendant qu’eux existaient à nouveau comme des frères.
Elle s’était isolée toute seule.
Mauvaise - idiote - bête Euphemia.

Je suis fatiguée.

Elle s’écarte alors, de quelques pas, pour échapper à son contact ; le regard est bas, elle se retourne ; tourne le dos, Euphemia, pour grimper sur le muret derrière qui donne sur la cascade.
Elle regarde vers le bas, et s’assied là.

Elle n’accorde pas un regard derrière elle, mais sa main vient tapoter la place à côté d’elle.

Tous les trois…

Ses frères et Jacob.

Vous avez tous les trois pris des chemins différents et je ne pouvais suivre aucun de vous vraiment.

Elle retient ses yeux de pleurer parce que Euphemia ne pleure pas.

Mais lequel d’entre vous s’est dit qu’il allait me suivre, moi ?

Pendant qu’elle était tiraillée à savoir lequel suivre ;
Elle songea alors qu’aucun d’entre eux ne l’aurait suivie si elle avait choisi sa propre voie.

Un sourire froid aux lèvres.
Serein, à dire vrai.

Heureusement que j’ai Gisèle, tu ne crois pas ?

Sa dernière lumière.

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