I wish that you could be here forever (Amaya + Lison)

Something to celebrate

Dans le creux de ces jardins odorants, Lison respirait avec peine. Trop d’émotions la frappaient de leurs doigts évaporés, trop de choses qu’elle ne savait pas procéder autrement que par le silence et la confession au vide.
Elle se demandait ce que dirait Zayn, à la voir ainsi. Sans doute n’aurait-il rien dit ou aurait-il quelque chose d’apparence prétentieuse mais profondément gentille pour les yeux obscurs de sa soeur.
Elle se demande ce qu’aurait dit Galmor, Newton, Ariel, Cara, Tallulah, l’armée des morts qu’elle paraissait presque renier en choissant la vie.

Le deuil était fait, présent mais déjà tiédie par les soleils passés dans son quotidien, les larmes avaient déjà été versés dans le creux tendre des bras d’Hadrien. Mais maintenant, il ne lui restait ue cette culpabilité perçante de ressentir le manque à ce moment de sa vie.

Lison n’aurai jamais la joie de dire à son frère qu’il sera oncle, Lazare le deviendra mais il ne pourra jamais le voir grandir. Par lettres superposées et par ces phrases naives.

“tu as tant grandi!”
“Je t’ai vu tu étais petit comme ça”
“oh, tu aimes plus les jouets ?”

Lison eut envie de pleurer, et pourtant, ses yeux restaient dignes. Elle en avait assez de se lamenter et accueillir Amaya par les larmes ne seraient pas rendre hommage à la pluie nocturne qui accompagnaient ses premiers jours parmi le monde.

Elle apparaissait, auréolée de sa noblesse innée et de son port altier, l’orgueil fit rejeter les épaules de Lison en une posture solide. D’une main qu’elle pensait calme, elle replaçait les drapés de sa robe pour être ce qu’elle paraissait être devenue.

Une femme du monde, une cheffe de sa barque, une citoyenne d’Omni comme elle fut autrefois sa princesse.

-Amaya Karma Strauss-Carter, enfin te voilà ici! J’avais peur que tu aies mal lu l’adresse.

Elle ne se relevait pas, offrait sa main à la sienne avant d’écarter les lèvres en un sourire gai.

-Plutôt sympa pour une réunion, je t’offre qu’un banc parce que tu dois être trop habituée au canapé, pas vrai ? Je pense à ton dos. Mais bon, merci d’être venue Amaya, ça me fait plaisir. Je me sens moins seule de voir un visage connu ici.

Eternelle étrangère dans ces terres l’ayant accueillie, elle et son mari. Mais comme sa mère avant elle, c’est à Tempelhelm qu’elle donnera naissance.

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C'était inhabituel ces temps-ci, que Lison souhaite la voir en dehors de leur domicile. Il leur arrivait, petit à petit, de reprendre leurs habitudes citadines et d'aller faire les boutiques ou les restaurants ensemble, comme avant, mais il y avait toujours cette légère mélancolie, de savoir que ça n'était plus tout à fait comme à Tempelhelm. Malgré tout, elles avaient trouvé l'une en l'autre une constante de leur ancienne vie. Jusqu'au bout, elles seraient restées ensemble, de l'enfance à aujourd'hui. Lison était sa soeur de coeur, et sans elle à ses côtés, elle n'aurait peut-être pas pu reconstruire sa vie comme elle l'avait fait aujourd'hui.

Aussi, quand elle l'invita à la rejoindre dans un jardin en dehors de sa demeure, elle se demandait ce que préparait sa douce amie. Elle se disait que ça serait peut-être au sujet de Dove ou Hadrien, ou qu'elle regardait les lieux pour un prochain film qu'elle souhaitait réaliser. C'était un changement radical en terme de voie professionnelle, mais Amaya ne pouvait nier que Lison semblait bien plus s'épanouir maintenant que confinée chez elle à faire des vêtements - quoiqu'elle s'amusait à lui rappeler, de temps en temps, à quel point ses robes lui manquaient.

Les jardins d'Arkmere la fascinaient toujours, la flore était plus diverse qu'à Tempelhelm, d'autant plus qu'avoir vécu un temps dans l'Understadt lui faisait apprécier d'autant plus la beauté de la nature qu'elle avait prise pour acquis. Le parc semblait désert, alors Amaya ne mit pas très longtemps à trouver la chevelure sombre de Lison parmi la verdure et les fleurs colorées. Elle ne put s'empêcher de penser que sa silhouette éthérée était digne d'une oeuvre d'art, et elle prit une photo avec son Olid avant de la rejoindre.

« Je ne suis pourtant pas en retard, très chère. J'admirais simplement l'endroit. Quand à mon dos, tu serais surprise de savoir à quel point les sièges à mon travail sont inconfortable. Je préfère encore rester debout. »

Elle rassemble les pans de sa robe pour s'asseoir, dévisageant la Buchanan-Steinhart avec curiosité.

« Vas-tu maintenant me dire pourquoi tu m'as conviée ici ? Tu cherches de l'inspiration pour un prochain film ? Ou bien tu as un gala à organiser ? »

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Voir Amaya au milieu de ce camaieu de couleurs et de formes paraissait à Lison curieusement irréel, un souvenir distendu mais magnifique. Les années étaient passés et avaient marqué le visage d’Amaya de cette sereine splendeur des Grands de ce monde, cela avait un goût d’une enfance close mais persistante.

Quand leurs pas s’entremêlaient, quand leurs jeux étaient encouragés, quand elles se promettaient des voeux d’un futur qu’elles auraient jurés être si certains.

Mais auraient-elles pu prévoir ça ? Elles n’avaient eu de juste que l’idée d’être pour toujours ensemble alors elle lui souriait, offrait à cet instant le bonheur qu’il méritait de posséder.

-Toujours des excuses Madame Carter-Strauss, c’est Karma qui t’influence ou c’est devenu une nouvelle nature ?

Son rire soudain l’excusait comme si elle était incapable de déverser son vitriol soigneusement étudié sur cette femme au teint diaphane. Oui, Lison avait vieilli aussi. Loin des hautes sphères du droit d’Amaya, Lison maîtrisait ce nouveau monde de paillettes et de voix où la sienne était écoutée et appréciée comme si elle n’était qu’elle.

(plus jamais qu’une Buchanan
(Plus jamais qu’une Carter)

-Non, non, rien de tout ça. Même si, on m’a donné des scripts très intéressants dont le décor pourrait être une belle source d’inspiration. Le prochain gala t’a comme invité Amaya, je ne te permets pas de l’oublier. Non si je suis ici, c’est que je veux pas qu’Hadrien l’apprenne.

Et sa mine, délicate mine de malice s’éclaircit encore un peu pendant qu’elle farfouillait ce sac à ses côtés.

-Vois-tu, je ne veux pas l’inquiéter et je sais que tu serais la personne parfaite pour confier ce secret. Et je sais qu’Hadrien se fait aisément du soucis quand il s’agit de moi.

Extirpant une robe soigneusement pliée dont les éclats rougeâtres semblait se réfleter dans les grâces du soleil, Lison ne souriait plus quand elle lui tenait. La mine grave, attristée par ces pertes qu’elle ne souhaitait jamais avoir à conter.

-Veux-tu être marraine de mon premier fils ?Je sais que c’est un garçon, ne me demande pas. Il sera soit Vierge, soit Scorpion. Si tu dis oui, je t'ai fais une robe. Pour être marraine. Parce que je me disais qu'il y a des robes pour les demoiselles d'honneurs et jamais pour les marraines.

Et le soleil frôla le Zénith.

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Amaya ne la corrigea pas sur le nouveau nom qu'elle avait pris. L'ordre importait peu. N'en déplaise à son frère aîné, elle avait décidé d'attacher le nom de son époux à celui de sa dynastie. Tous deux en avaient discutés auparavant, et si elle avait décidé de garder le nom des Carter, c'était uniquement par symbolisme, comme un espoir qu'un jour ils seraient tous à nouveau sous la même bannière. Elle ne voulait pas perdre ce lien qu'elle avait avec eux. Ni donner l'impression à Roy qu'elle l'abandonnait.

« Je ne vois pas de quoi tu parles. Que reproches-tu à mon époux ? Hormis le fait qu'il soit parfait ? »

C'était un petit rituel léger et innocent, débattre sur qui était la plus chanceuse côté mariage. Elle s'amusait du fait que leurs maris avaient eu une histoire avant des les connaître. Par le passé, elle aurait sans doute été beaucoup plus paranoïaque, voire colérique, de savoir qu'il y avait eu quelque chose entre Karma et un Steinhart. Mais aujourd'hui, Hadrien était de toute évidence éperdument amoureux de Lison, et elle ne doutait pas de l'affection de Karma pour elle. C'était devenu l'objet de moquerie légère.

« Oh ? Tu as quelque chose à cacher à Hadrien ? C'est nouveau... »

Un bref instant, elle se demande si Lison se doutait de toute la manigance des chuchotteurs. C'était probablement impossible, parce qu'ils prenaient trop de précaution pour être pris au fait, mais peut-être que Lison soupçonnait que quelque chose se passait au sujet d'Hadrien. C'était compliqué, de dissimuler un tel secret à ses proches, mais Amaya ne voulait pas prendre le risque d'une opportunité précieuse d'influer sur le cours des nations.

Alors, quand Lison lui présente la robe rouge et qu'elle lui annonce, les yeux peinés, elle reste interdite un instant.

« Lison... Est-ce que ça veut dire que... Tu es...? »

Amaya lui prend les mains, toujours serrées sur le tissu de la robe, la regardant dans les yeux avec beaucoup de précaution.

« Bien sûr que j'accepte, mon ange. Tu ne sais pas ce que ça signifie pour moi aussi... »

Elle en avait les larmes aux yeux, et son regard alla sur le ventre de son amie, qui ne montrait pas encore les signes qu'un petit être y prenait place. La perte d'Urielle lui avait arraché à jamais le droit d'être à son tour marraine pour un des enfants de Ian. Mais si tout l'amour qu'elle aurait dû avoir pour eux pouvait se transposer au futur enfant de Lison, c'était comme avoir une seconde chance.

Et tant pis pour les questions qu'elle avait : depuis quand elle savait, est-ce qu'elle était sûre d'elle, est-ce qu'elle était certaine qu'il n'y aurait pas de complications durant sa grossesse. Elle ne voulait pas ternir ce moment avec ses doutes et ses craintes.

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Les histoires du passé ne méritaient jamais plus de considérations que ces regards taquins et joueurs échangés entre des banalités, qu’importe les amours de leurs époux, seul le présent comptait. Lison avait été aimée et avait aimé, à s'essouffler mais désormais les amants n’avaient guère plus de valeurs que les or de pacotille aux oreilles des danseuses voyageuses.

Le regard vite assombri d’Amaya attirait un instant son attention, comme si un lourd secret pesait derrière ses lèvres mais Lison fermait les yeux. Lison chérissait ces demi-vérités où les lectures étaient multiples et toutes empreintes des meilleures intentions. La vérité ne possédait pas la décence de cacher les causalités et les conséquences des peines.

-Bien sûr Amaya, tout dévoiler à son conjoint est bien ennuyeux.

Car les choses profondes étaient déjà révélées et exposées face au ciel éternel de leur affection.

Le doute se levait dans ses yeux, le doute lourd et la joie lucide, les larmes frayaient son chemin dans son regard encore une fois. Mais Lison les laissait faire, cette joie qu’émanait sa tendre amie lui paraissait presque injuste tant le doute et l’angoisse rongeait son cœur. Enceinte, c’était un mauvais mot, un mot qui signifiait rien si ce n’était l’état.
En attente, c’était un terme grossier, un terme qu’elle n’aimait pas.

Aucune terme n’appréciait à sa justesse le traître espoir logé dans ses entrailles, l’enfant déjà formé et au coeur bruissant avec le sien à l’unisson.

-Oui. Oui. Je..Je le suis.

Lison voulut lui dire que sa mère avait eu trois enfants malgré le fait d’être née comme sa fille unique. Mais qu’elle n’avait jamais su son parcours et que le sien était jonché de ces embryons déchus sans le souffle, de ces complications déjà à venir, de ce corps pressé de se détruire. Mais tant qu’Amaya la regardait avec cet intense bonheur, ce plaisir de retrouver le titre dont l’égoisme d’Ian lui avait privé et l’avait tourmenté.

Elle tiendrait.

Une éternité de plus, une vie de trop.

-Je me doute pour toi Amaya, Roy était une part tellement importante de ta vie, je me rappelais de quand tu parlais de lui, de quand tu m’envoyais ces photos candides de ton neveu. Ce que je veux t’offrir ne sera jamais un remplacement, juste une nouvelle façon de te rappeler que tu es Ma famille. Cet enfant…tout ceux à venir… c’est une façon de continuer notre héritage. Je..Je t’avoue que je ne sais pas si je suis heureuse ou si j’ai peur, Hadrien ne sait pas encore car je le connais, il va trop se soucier. Il rentre déjà si tard et si tiré par ces responsabilités, je ne peux et je ne veux pas lui infliger plus.

Leurs mains entrelacés et le regard vers les nuages blanchâtres;

-Celui là n’est pas le premier que j’ai attendu mais c’est le plus fort, Si tu avais pu entendre son coeur, tu n’aurais pas cru que c’est mon fils.

Son rire sonnait comme ce vent d’été jouant entre les feuilles du tilleul. Un bruit joyeux et sincère mais éphémère.

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Amaya ne se permis pas d'interrompre Lison, et pourtant, lorsqu'elle eut fini de parler, elle secoua la tête, parce que tout n'était pas comme elle se l'imaginait, et son coeur pesait à l'idée qu'elle songe ainsi.

« Non Lison, je ne veux pas que tu penses comme ça. Roy est... Roy est très précieux pour moi. Comme Alice, comme Mason. Comme les autres enfants d'Urielle qui n'auront jamais pu voir le jour au final. Mais je ne veux pas entendre parler de remplacement... Cet enfant, ton fils, à toi et Hadrien... Il sera unique, il sera à toi, à vous. A part entière. Et il a le droit d'être aimé pour ce qu'il est. Et je suis absolument persuadée que Hadrien sera le plus heureux du monde si tu lui annonçais. Tu n'as pas de crainte à avoir. Il se fait sans doute plus de soucis pour ton état à toi que le sien. »

Amaya savait, que c'était sans doute l'anxiété de Lison qui parlait. Il lui avait fallut tellement de temps pour enfin pouvoir vivre son amour au grand jour avec Hadrien, et tellement de temps pour concevoir cet enfant. Si elle lui annonçait aujourd'hui, c'est qu'elle était certaine que cette fois-ci, l'enfant survivrait.

« C'est le digne enfant de sa mère. Je te crois Lison. »

Elle lui embrasse la tempe avec affection, caresse le tissu de sa robe avec délicatesse. Elle ne peut s'empêcher de rire en essuyant des larmes de joie.

« Tu es la seule personne qui créerai une robe pour une occasion pareille, mon ange. »

Et au fond, tout au fond, Amaya sentait l'angoisse la saisir.
Hadrien, comme elle, avait fait le choix de participer à une organisation secrète, avec une influence forte sur Arkmere.
Si Hadrien faisait un pas de travers au conseil, ils risquaient de s'en prendre à Lison, et à leur enfant.
Amaya se ressaisit, l'heure n'était pas aux angoisses.

« As-tu une idée de comment lui annoncer ? Et à Dove ? Lazare, Ciaran ? »

Tout ce petit monde allait sans doute réagir différemment à cette nouvelle.

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Le vent dans leurs cheveux paraissaient presque maternel, cette main d’une femme inconnue à leurs vies communes. Ni l’une ni l’autre n’avaient connus les bienfaits de la mère, orpheline avant de professer ses premiers rires pour l’une et rejetée par l’autre, elles se ressemblaient ainsi dans la dualité.

Les mots d’Amaya étaient doux, presque cruels dans leur clémence, elle fermait les yeux en l’entendant, savourant la sonorité de ces termes pour marquer son cœur d’autres mots pour effacer ses maux.

Elle voulut rire mais le son demeurait absent, il ne restait sur ces lèvres que ce fantôme de son.

-Tu es devenue presque sage, elle est passée où ma copine de jeu mh ?

Taquinerie sans fondement, regard défait.

-Tu as raison pour tout Amaya. Je cherche juste à trouver une place à tout ça, à ranger les existences dans des endroits simples, on a tout perdu en terme de répères que…je voulais qu’on aie ce qu’on avait avant. Mais il faut se résoudre au fait que ce qui était ne sera plus. En bien comme en mal, mais que les siens te reviennent…

Tous.

-Mais cet enfant oui, il sera aimé, adoré même. Je le sais. Un jour, j’aimerai que plus personne ne se fasse de soucis pour moi ni pour toi.

Et dans les bras d’Amaya, sur ce baiser déposé, elle rougit un peu. D'une pudeur maladroite comme une amitié enchevêtrée. Sa main serrait la sienne, un remerciement pour sa douceur.

La robe était la première d’une dizaine pour Amaya, pensait-elle sans lui dire.
Comme une longue liste de tissus pour complimenter autant sa peau que son coeur.

Puis la question, la vraie, la dure.

L’annoncer.

A Hadrien, à Lazare, à Ciaran, au monde entier si il le fallait, Elle ne voulait pas le dire, voulait pas que les gens sachent et connaissent son état, que le monde entier la regarde porter lumière et peut être la perdre.

-Je..je ne sais pas. Ca serai égoiste de ne rien dire non?

Cette vie la dépassait désormais, simple vassale à sa création.

-Pour Lazare et Ciaran, je veux leur envoyer une lettre, je trouve ça charmant comme méthode. C’est long, j’ai le temps d’accepter qu’ils sachent. Et pour Hadrien, je mh..je pense que je vais lui dire ça un jour, comme ça. Bientôt, sans doute, pour ne pas le forcer mais, je n’ai pas envie de le blesser. C’est cruel non?

Parce qu’elle était fatiguée des morceaux brisés, comme ce qu’elle voyait dans les yeux d’Amaya devant la stature de son existence.

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Amaya sourit légèrement à sa question, quoiqu'il y a un peu de mélancolie dans son regard. Il semblait loin, très loin le temps où elles jouaient toutes les deux avec le semblant d'enfance qu'elles avaient eu. Et maintenant, elles étaient toutes les deux mariées, et Lison allait être mère. Tout ce qu'elle pouvait souhaiter, à cet enfant dans son ventre, serait d'avoir une enfance remplie d'amour et de joie. Une enfance qu'elle pensait avoir eu, et qu'elle contemplait aujourd'hui avec beaucoup de peine.

« Je pense que "avant" n'était pas forcément idéal, tu sais. Ton enfant grandira dans les meilleures conditions possibles avec toute la liberté qu'il mérite. Et tu sais que nous serons toujours là si tu en as besoin... Tu ne seras pas seule. Ne t'inquiètes pas. »

Elle ne pouvait qu'imaginer ce que pouvait ressentir Lison, sans doute qu'elle s'était imaginée que son premier enfant grandirait dans le domaine familial, et qu'il pourrait connaître tous ses oncles et ses tantes. Amaya ne remplacerai jamais ceux qu'elle avait perdu, mais elle espérait que sa meilleure amie pourrait trouver du réconfort dans son indéfectible loyauté.

Et déjà, Lison semble se préoccuper des sentiments des autres. Avec tendresse, Amaya la prend dans ses bras et lui frictionne les cheveux, comme pour essayer de la réconforter et qu'elle se détende. Ce n'était pas pour les autres qu'elle devait s'inquiéter, c'était pour sa propre santé et celle du bébé.

« C'est très bien, une lettre. Si c'est ce qui te paraît le mieux, suit ton instinct. Quant à Hadrien... Ma chérie, tu as privatisé un jardin et tu m'as offert une robe pour m'annoncer que tu étais enceinte. Je suis flattée, mais je pense que ton mari mérite le même traitement, si ce n'est mieux ! Tu ne crois pas ? Il va bouder s'il est au courant, et il va être bien jaloux. »

Elle secoue la tête avec humour. Il y avait certains réflexes qui ne se perdaient pas, et même si elle était arrivée à trouver un point d'entente avec Hadrien, certains vieux réflexes Carter ne mourraient pas.

« Plus sérieusement... Il serait incapable d'être blessé par une telle nouvelle. Tu sais qu'il a aussi perdu beaucoup pendant la guerre... Lui aussi, il a besoin de pouvoir construire quelque chose de nouveau avec toi. »

Si on lui avait dit qu'un jour, elle prendrait parti pour un Steinhart, elle ne l'aurait pas cru.

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Cet amour que Lison acceptait d’Amaya était que trop doux, que trop désiré et ainsi que trop dégusté pour devenir autre chose que le sang pour lequel Lison voudrait se battre. Alors elle enroulait ses bras autour de cette amie devenue ancre face au réel, inspirait lourdement son parfum capiteux et d’une nouveauté déroutante, produits des nouvelles plantes et techniques du continent.

Et Lison acceptait que le passé soit derrière elles.
Est ce que Zayn lui en voudra d’être un peu heureuse ? Est-ce que Liz souffrira de là où elle se repose que Lison pense à l’avenir avec paix?

Sans doute que non, mais l’esprit déformait les promesses pour en fait des malédictions.

Lison hochait la tête doucement, absorbait ses mots pour ne pas les laisser s’échapper.

-Tu sais amaya… Je ne sais pas réellement si les conditions que je lui offre sont si parfaites, et la bénédiction des Dieux ? Pourquoi j’ai la sensation d’échouer à tout ce que ma famille a mit des siècles à construire, j’aime Hadrien, sincèrement, plus que j’aimerai probablement la vie entière, mais est ce que je ne souille pas sa bénédiction à lui ? Est ce que tout ça devait venir ? Est ce qu’on fait les bons choix? Depuis que la cité est tombée, j’ai l’impression que tout s’est perdu. Toi autant que Moi, nous devons tracer notre propre chemin.. Pourtant, je ne suis pas stupide. Je sais qu’il se passe quelque chose, et je ne sais pas quoi. Est ce qu’on va retrouver la guerre, est ce qu’on va devoir encore perdre des gens ? Apporter une vie au milieu de tout ça est affreux, Amaya, affreux. Parce que je ne le regrette pas et que j’en veux plus, je voudrais avoir une famille immense et les aimer tous, dois je en avoir sept ou huit. Karma et toi… vous étiez fait pour être ensemble même avant que tout parte en poussière et pourtant…

Elle ne finit pas ses paroles, l’angoisse grimpant dans le creux de sa gorge, la suffoquant avant de la laisser respirer, ses ongles enfoncés dans le tissu tendre de ta robe avant que tu ne relâches.

-Mais…les tensions Carter, Steinhart demeurent ah!

Le rire était faible.
Pensif.

-Avant je détestais ça mais maintenant, c’est presque réconfortable, je trouve. Ne t’en fais pas pour Hadrien, il saura en fanfare ou par accident mais il le saura… Quand il saura que je veux l’appeler Zayn ahaha.

Ferme les yeux, s’adosse contre Amaya.

-Tu appelerais ta fille Eden ? Ou c’est trop..?

Du bout des lèvres, elle soufflait ce nom brûlant.

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Amaya serre Lison dans ses bras avec un soupire. Cela l'attriste, que malgré le temps qui soit passé, elle se pose encore ces questions, et s'inquiète encore de l'avenir. Ce genre de trauma ne s'effacerait probablement jamais, et elle n'avait que des mots à offrir pour partiellement soulager ses angoisses.

« Lison... Notre bénédiction ne veut plus rien dire aujourd'hui, peu importe à quel point on veut s'y rattacher. Et ton mari et moi-même, nous sommes les mieux placés pour savoir ce que cela nous coûte. L'Eternel s'est sacrifié pour que nous puissions survivre et vivre notre vie. Nos familles représentaient un symbole, mais aujourd'hui, ce ne seront plus que des légendes. Nos ancêtres ne reviendront pas d'entre les morts pour te juger, Lison Buchanan-Steinhart. Et il est encore bien trop tôt pour penser à la guerre... Nous sommes dans la nation la plus sécurisée, encore baignée par Omni. Les habitants baignent dans Sa Lumière. Aie foi. Il ne t'a pas accordé cet enfant pour que tu le perdes aussi tôt. »

La question est difficile, parce que la mort de sa soeur restait encore une plaie béante. Doucement, elle secoua la tête.

« J'avais des prénoms pour mes futurs enfants. Je les voyais déjà avec Karma, c'était toujours cela de gagné ! Mais non. Eden est un prénom que mes parents ont choisi. Et j'ai choisi une voie où je ne serai ni comme mon père, ni comme ma mère. Mais entre nous, j'espère que Karma ne voudra pas l'appeler comme son grand-père. »

Elle rit légèrement, mais ne se voit vraiment pas se pencher sur le berceau de son nouveau né en gazouillant "Obadiah".

« Mais j'y réfléchirai avec Karma quand le moment sera venu. En attendant... Je suis sûre que ton frère serait flatté. »

Amaya ne l'avait jamais porté dans son coeur, mais elle pouvait au moins admirer le fait qu'il ait toujours voulu faire passer sa famille avant le reste.

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