enfin te voilà

Tu ne me quitteras plus.

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@Aidès Skyler
24/05/1996

Chevelure lâchée dans le vent, les blés sous ses talons, Allani oublierai presque les années et les misères subies. Dans les hautes herbes, elle pouvait voir les rires de son enfance, les labeurs de sa jeunesse qu’elle n’incarnait plus.

Allani s’avançait, se frayait un chemin entre la nature intouchée et indolente, que cela était loin de la cité chaos et de l’intensité des sons qu’elle avait apprit à subir. Ici, rien n’était plus haut que le chant des grillons et de ce vent taquin entre les troncs d’arbres.

Elle entendait des gloussements d’enfants, des frémissements de vie derrière les roseaux, Allani savait ce qu’elle allait y trouver. Elle était venu pour lui après tout, pour lui demander…pour l’attraper dans ses longs bras et plus jamais le relâcher. Combien d’années avaient été écoulées pour atteindre ce bonheur passager ?

L’enfant qui était le sien dessinait, assis par terre, le regard perdu vers cette forme molle d’un animal flottant. Un saut de téléportation et elle fut assise à côté de lui, mouvement de choc qu’elle sentait monter mais qu’elle arrêta d’une main tendre sur la sienne.

-C’est moi, Aidès, je suis revenue.

Et avec la férocité d’une vie restreinte, elle prit son fils dans ses bras. Oh nulle honte entachait ses actes, elle savait pourquoi elle faisait ce qu’elle faisait. Pourquoi elle avait traqué les Skyler pendant deux longues semaines. Pour enlacer son fils, elle aurai tué bien plus de monde, saccagé bien plus de sanctuaires.

Pour son égoisme putride, elle lui aurai tout refusé sauf la présence de son enfant;

-Je suis désolée de venir comme ça.

Chuchotait-elle entre ses mèches, dans ses cheveux.

-Tu vas bien ? Tu n’es pas blessé ?

Et l’inquiétude remonte, éternelle présence dans son être.

by delirium

enfin te voilà

Comme tout le monde, Aidès s’était retrouvé là, a prendre son mal en patience.
En sécurité. C’est comme ca qu’on lui avait présenté les choses.
A mesure que le temps passait, Aidès sentait ses angoisses montaient de plus en plus. Il restait dans son coin.

Un léger sourire vers ses sœurs. Ses bien aimés sœurs qui le connaissaient mieux que personne. Elle devait savoir qu’il avait besoin d’être seul dans ce genre de situation.
Aidès ne disait rien.
Il était fidèle a lui-même.

Il regardait le ciel en se demandant, est ce qu’elle va bien ?
Car il savait, il savait que sa mère biologique était impliqué dans la bataille. Il le savait et il en tremblait.
Elle était forte, elle le disait, mais lui, il redoutait quand même le pire.

Et si elle ne s’en sortait pas ?
Et si elle n’en revenait pas ?
Et si il se retrouvait a nouveau orphelin ?

Aidès pensait a beaucoup de chose.
Et pourtant face a ses parents adoptifs, il souriait. Il souriait car il savait qu’eux ils seraient toujours là. Il ne pouvait rien confier car il ne le voulait pas alors il devait faire la part des choses.

Aidès restait planté là.
Assis dans l’herbe.
A prendre son mal en patience.

Et alors qu’il était perdu dans sa bulle.
Il sortait de son reve éveillé en entendant cette voix familière.
Inespéré.
Il tournait la tête.

Il la voyait.
Elle était là.
Elle était bien là sa mère.

Il inspirait un grand coup, soulagé.

Il se sentait si léger a se débarrasser en un coup de cet immense poids dans son coeur.

Elle prenait les devant, et le serra dans ses bras.
Et il restait là, il ne disait rien, il commençait a peine a réaliser.

Il inspirait.
Profitait d’être contre elle.

Et enfin, il prononça quelques mots.

« te… te voilà enfin… »

Il frottait un peu sa tête contre son épaule.
La serrait a son tour dans ses bras.

« Je vais bien. Je- je me suis inquiété tu sais ? J’ai cru que tu n’allais pas en revenir… »

Les larmes montaient mais Aidès arrivait a se contrôler.

Alors pensif, il finissait sur sa lancée.
« Qu’est ce qu’on va devenir … ? »

Pensif.
Inquiet pour l’avenir.
Il avait conscience que tout avait changé a présent et si elle était vivante ce n’était surement pas un hasard.

MITZI

Tu ne me quitteras plus.

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@Aidès Skyler
24/05/1996

Il s’apppuyait contre elle, odeur d’un soleil hivernal mais si doux. Elle sentait le moindre recoin de son visage contre son épaule, elle pourrait graver cet instant dans le marbre le plus tendre pour ne pas perdre cette sensation.

Les retrouvailles, l’espoir sans bornes de ce qui est à venir, tout cela ne pouvait pas éclipser la sourde terreur. Allani était terrifiée, tremblante au fond de son âme de ce qu’elle avait accomplie. Méritait-elle de tenir cet être entre ses mains, de l’aimer ? Ta conscience chuchotait que tout cela était au nom d’Ishtar Forbes et ton coeur se joignait à la mélodie avec les chœurs de la conviction. Pourtant quand elle caressait ce faciès, ces joues encore rebondies d’une enfance bientôt fanée, qu’elle lisait cet amour,

elle souffrait.

Méritait-elle d’être ainsi aimée, Aidès ? Méritait-elle que le fils aime la mère malgré ce qu’elle est ?

Sur les rebords de ses yeux, elle fit glisser avec tendresse ses phalanges pour qu’il ne gâche pas sa précieuse humidité sur son sort passé. Le sourire était contraint mais sincère quand Allani s’extirpa de ce câlin.

-Je t’ai promis que je reviendrai toujours. Doutes-tu de mes paroles ?

Le rire se voulait léger, comme cette bise glacée qui frappait leurs mains et leurs lèvres. Les blés étaient morts, Aidès, tout autour de nous, les cigales ne grillaient plus leurs dernièrs chansons et la fourmi dormait. Ceci n’était pas l’idylle que leurs jours méritaient et une triste mine montait sous la confiance qu’elle affichait.

-Je sais, Aidès. Je suis désolée, c’est le rôle que Dame Forbes m’a choisi et c’est le rôle que j’accomplirai. Ma vie…mon existence…

seront sacrifiés pour elle. Sans appel. Sans aucune pensée. Ses croyances qu’Allani avait toujours tenue comme sacrée, un seul message d’Ishtar et voilà qu’elle les avait rejetés.

-Je ne mérite pas que tu t’inquiètes pour moi, mais merci. Merci d’avoir prier pour moi.

Une pression sur ses joues et elle reposait ses mains sur ses épaules, fléchissant ses genoux pour arriver à sa hauteur, la question du futur enfin abordée.

-Aidès Skyler, je dois te parler. Très sérieusement. Tu comprends ? Je…je ne souhaitais pas t’imposer ce choix, comprends moi bien. Tes parents adoptifs…tes soeurs… tout cela… C’est vraiment ce que tu mérites et je le sais. Je le sais et ça me brûle plus que les mots pourraient le dire de devoir te demander cela.

Inspire, expire, suffoque, noie, crève, reviens à la vie, le regard azur de son fils ne se mouvait point du sien.

-Avant tout de chose, Ishtar Forbes a rejoint Némésis. Elle est l’une des cavalière, elle est celle qui porte le nom de Conquête. De ce fait…j’ai participé à la guerre contre la cité haute. Je ne suis plus quelqu’un dont tu peux être fier.

Non pas qu’Allani considérait qu’elle fut une existence particulièrement remarquable, une tâche d’encre en post-scriptum du destin.

-Ce que je veux dire, c’est, es-tu heureux ici ?

Les mots étaient trop durs, Allani. Trop dur pour elle.

by delirium

enfin te voilà

Aidès restait tout contre elle. Rassurée de la savoir en vie. Rassurée que ses angoisses prennent enfin fin. Il inspirait. L’entendant alors qu’elle prenait la parole.
« J’avais peur oui. »

Il ne peut pas mentir, pas sur ce sujet. Il continue de l’écouter alors que rapidement, le dessin de son avenir commence a se mettre en forme devant lui. Il entend qu’elle n’est plus du côté de Omni, que tout est a présent différent. Il entend la question.

Et une lourde décision a prendre.
« Tout est différent n’est ce pas ? »

Pour un garçon de 14 ans, c’est un grand bouleversement. Il doit encore faire un choix. Rester avec ses parents adoptifs, ses sœurs adorés ou rejoindre sa mère, découvrir un autre monde.

Rien que d’y penser ca l’angoisse.
Mais il ne veut pas la laisser s’éloigner, il ne veut pas vivre a nouveau ce poids sur son cœur de la savoir loin.

Il vient de la retrouver, ce n’est pas pour la laisser filer.

Il inspire.
« Je ne sais pas … je suis heureux d’être avec ma famille adoptive, mais tu sais je t’ai toujours cherché… »

Il lève les yeux vers elle.
« Et maintenant que je t’ai trouvé je ne veux pas te voir partir. »

Il inspire a nouveau.
Roule les yeux.
Refixe.

« Qu’est ce qu’il va se passer maintenant … ? »

Oui, ca c’est la vrai question.

MITZI

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@Aidès Skyler
24/05/1996

De son petit corps pressé contre le sien, Allani en tirait un réconfort diffus. C’était comme la sensation d’avoir trouvé une place bien précaire dans ce monde blé rieurs et de soleil ternis. Elle le respirait doucement, fermait les yeux à moitié, profitant de cet être dont elle avait arraché la forme dès ses premiers jours d’existence.

-Tout l’est.

C’était sans appel, c’était une vérité qu’Allani ne niait pas, avait-elle déjà prétendu aimer mentir ? Elle avait tant menti à son propre être, imposé sa vision distordue à ses émotions mais juste aujourd’hui, elle voudrait renouer. Tant pis si le monde tombait en ruines demain, tant pis si les astres s’effondraient sur terre.

Elle voulait profiter de son fils, juste un instant de plus.

-Tu es sûr ?

Un chuchotis léger, des yeux qui suivaient la courbe de ses mains, reposant sur ses genoux couverts d’un jean effrité par le temps. Son fils, Aidès, et ses ongles curvés, loin des siens; le produit de son corps et de celui d’un autre. Voulait-il la rejoindre ? Voudrait-il prendre son nom et le poids qui le suivait.

-Je ne te demande pas d’abandonner complètement tes soeurs, Aidès. Tu as toute la latitude pour les inviter et les recevoir chez nous. Je te demande juste de vivre avec moi, et de supporter qu’on te nomme mon fils. Peut-être même que tu pourrais porter mon nom, et tu n’es même pas obligé de m’appeler Maman. Je veux juste plus jamais passer un jour sans te voir, sans t’entendre.

Et à son assentiment, elle lui serrait doucement les mains, géantes paluches pour les minuscules de son enfant.

-Non. On ne sera plus séparés.

Elle en mourrait avant de laisser son fils s’éloigner d’elle encore une fois. Elle tuerait avant que son fils puisse souffrir du destin de son sang. Oui, le temps qui leur restait, elle allait les rendre heureux.

-Ce qui va se passer maintenant, chéri, c’est que tu vas venir avec moi. Si tu as des affaires à prendre, prends les. Si tu veux dire au revoir, dis le. J’ai une voiture garée à une trentaine de minute à pied d’ici, nous allons rentrer chez…nous. Je te présenterai Dame Forbes et tu commenceras à vivre auprès de moi. Tu seras sous sa protection aussi… Tu seras pour tout et tout choses, mon fils biologique.

Et le chaos de ce monde ne pouvait se soucier d’un si petit bonheur.

by delirium

enfin te voilà

Aidès réalisait petit à petit que rien ne serait plus jamais comme avant. Il ne pouvait s’empêcher de penser a ses sœurs, a ses parents adoptifs, mais d’un autre côté, il y avait cette figure maternelle tant espéré. Allani Marquez était sa mère et ca, rien ne pourrait le démentir. Aidès lui-même sentait ce besoin de la rejoindre, de vivre avec elle.

Elle le rassurait comme le pouvait et lui hochait doucement la tête.

« Je… Je vais venir avec toi. »

La fixe droit dans les yeux.
« Je ne t’ai pas cherché pour te laisser repartir. Je vivrai avec toi. »

Et le mot maman viendra petit à petit, naturellement mais il faudra un peu de temps. Il inspirait doucement a la mention de ses sœurs.

« J’aimerai qu’ils vivent tous aussi bien que moi, tout a changé, je veux qu’ils continuent a aller bien. »

Ne la quitte plus du regard, il partage ses inquiétudes. Et fini par se redresser, la main dans la sienne. Il sourit légèrement, comprends qu’à présent tout va changer, il va faire de nouvelles rencontres mais au moins, il n’aura plus a chercher sa place en ce monde car sa mère est là, a ses côtés.

« D’accord, alors je te suis. »

Légère hésitation.
Il suit le mouvement prêt a se redresser quand elle le fera.

« Maman. »

C’est déjà un bon début.

MITZI

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@Aidès Skyler
24/05/1996

Il joignait désormais ses pas aux siens, et Allani ressentit cette joie dévastatrice. Ce moment où tout fait sens comme les années à souffrir, les douleurs, les corps modifiés et les semaines perdues à vouloir être autre chose qu’elle. Elle lui souriait, trop doucement comme si l’expression de sa joie trop sincère pouvait le blesser, comme si le rêve pouvait s’arrêter à partir du moment où Allani s’abandonnerai à l’allégresse.

Ses promesses d’être avec elle, sa volonté bruyante au fond des iris si similaires à l’un des siens, tout cela était une ode au lien qu’ils pourraient un jour partager sans crainte du passé et du futur. C’était tellement égoiste Allani et elle le savait pour deux mois de bonheur, elle venait arracher un enfant à ses parents adoptifs, à ses soeurs tant aimées et voilà qu’elle se rejouissait.

Pour deux mois, combien d’années aurait elle pu passer dans la fange d’Elyon à d’être qu’un corps de plus ?
Cent ans.

-Merci Aidès.

Pour exister, pour être un peu comme elle, la question lourde de savoir si Gage aurai pu être comme Aidès ou si la malédiction était celle du sang. Un jour, la hairait elle pour tout ce qu’elle a fait ? Leurs mains liées, petit être au visage similaire au sien, elle se rappellait de la maternité où on lui avait demandé si elle comptait avoir d’autres beautés comme son premier né. Et elle avait répondu que personne ne pourrait être aussi beau que lui, et elle le pensait.

Quand elle le voyait au soleil, ses cheveux noirs comme les algues humides sur les bords des rochers, ses yeux clairs et son corps taillé à même le marbre le plus tendre.

-Merci beaucoup.

Son coeur manquait un battement quand ce nom fut dit “maman” , le regard détourné pour ne pas qu’il la voit pleurer, elle se levait. Au milieu des blés, dans ce champ où naissait l’allégresse, elle laissait ses larmes couler.;

-On y va, Aidès.

Et ils se mirent à marcher vers le couchant et vers l’éternité, si loin là où leur maison les attendait.

by delirium

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