Vadim & Meliodas
Depuis son infection et la courte période d’incubation qui avait suivi, avant l’arrivée gracieuse de sa Reine et de cette ambre aux propriétés insoupçonnées, Vadim avait vécu son trop plein émotionnel et mental dans un isolement volontaire.
Similaire à la manière dont elle avait été décrite par Mordred, la douleur était insupportable, à lui en faire perdre la tête.
Des nuits animées au chant des voix, multiples et indistinctes, à la peau qui donne l’impression de se déchirer pour être remplacée par des écailles.
La chrysalide s’était ouverte prématurément, de par la volonté d’une Reine, et Vadim avait vécu une seconde naissance, semblable à une libération.
Son corps était devenu plus robuste, sa peau plus pâle mais plus épaisse, un nouveau domaine de pouvoir s’était ouvert à lui et la contradiction était telle que cette lumière dans laquelle il avait toujours baigné - celle qui était à la source de ses pouvoirs - le révulsait.
Investi d’une envie nouvelle, difficilement contrôlée : celle d’offrir la grâce d’Umbris au monde.
A son retour dans les bureaux de Covent - un départ en vacances précipité avec une amante secrète, avait-on entendu dire - Vadim s’était attelé à rattraper ses affaires avec la minutie et la rigueur qu’on lui connaissait habituellement.
L’incubation n’avait pas été suffisamment longue pour lui faire perdre la tête, même s’il se savait changé au plus profond de lui-même, alors la transformation passait tout à fait inaperçue.
Faisait usage de sa maîtrise de lumière pour créer des illusions corporelles : la couleur de ses cheveux et de sa peau n’avait pas changé.
Vadim était toujours lui-même, pour ce que l’on pouvait en constater.
Le nom de “Meliodas Sherwood” apparaissait finalement sur l’écran de son Olid et le Primus de lumière se surprend soudain à avoir jusqu’à oublié l’existence de cette pauvre âme.
Il ne faisait aucun doute que le travail de surveillance s’était poursuivi, à son sujet, mais Vadim ne s’en était plus réellement occupé depuis le dernier mois.
Mais son existence n’était pas dénuée de tout intérêt, bien au contraire.
Alors il accepte de lui accorder l’entrevue qu’il avait réclamé par deux fois.
Une date lui avait été communiquée par la secrétaire du PDG, selon ses règles et ses disponibilités.
Maintenant qu’il avait transcendé l’existence des simples citoyens d’Hakar, Vadim se sentait plus impérial que jamais.
-Finalement rendu à l’appartement dans lequel Sherwood et son compagnon d’infortune avaient été disposés, Vadim ne s’importune d’aucune mise en scène et pénètre à l’intérieur de l’espace de vie sans s’annoncer.
Les salutations du jeune homme sont exhaustives, si bien que le directeur général ne daigne pas décrocher le moindre mot.
Il en fit de même pour la proposition de rafraîchissement, qu’il considère plus comme une politesse inutile qu’une véritable attention à son égard.
En revanche, il prend la direction du mini bar qui lui avait été indiqué.
Se questionne un instant sur la possibilité qu’il eût fait installer ce bar pour narguer Meliodas ou bien s’agissait-il d’un meuble qu’il s’était procuré lui-même durant son absence ?
Et déjà, le début de sa phrase l’agace.
Pensait-il sincèrement être en mesure de convoquer quelqu’un comme lui ?
Vadim se fend d’un sourire froid, lui laisse le loisir de finir sa phrase.
Peut-être un peu amusé, un premier son depuis son arrivée en ces lieux franchit finalement la barrière de ses lèvres.
”Convoqué” ? Je pensais que de vous enfermer ici, comme un hamster, aurait suffit à vous faire réaliser votre place dans la chaîne alimentaire. Monsieur Sherwood. Peut-être qu’un mois enfermé dans cette pièce, sans électricité, vous ferait le plus grand bien ? Mais il aurait été stupide de le nier, Vadim était un homme d’affaire et de fait, était curieux de savoir ce que Meliodas pensait pouvoir lui apporter.
Alors, avant toute forme de sanction, il l’encourage à poursuivre.
Vous avez pour vous ce flegme, je vous l’accorde. Alors, allez y. Je vous écoute. Dépose ses coudes sur le mini bar pour venir loger son menton au creux de la paume de l’une de ses mains.
De quelles affaires devrions-nous discuter ?