entre-deux

I run from the liars, I know I created myself, I know I can't fight the sad days and bad nights ★ Amaryllis ft Saoirse

Ils s’accordent tous à dire que ta vie sera préservée derrière les parois de cette prison dorée.
Jolie princesse vêtue de dentelle, plus fragile qu’une poupée de porcelaine.
Aux heures où les adultes vaquent à leurs occupations, tu te sens comme un oiseau en cage. Une colombe sauvage dont l’esprit créatif n’est sollicité que pour dénicher de nouvelles manières de passer le temps.

Et dire que l'on prétendait qu'Eclipse cultivait l'idéal de la liberté.

Ainsi ces précieuses minutes sont cadencées par le son des ciseaux coupant papier et tissus, rythmées par les aiguilles perçant la chair de textile. Le doux tintement d'une jeunesse perdue.
Et si d’ordinaire ces étoffes ne te servent qu’à remplir des journées dénuées de rebondissement, tu dédies parfois ces créations à quelques personnes.

Les bruits courent selon lesquelles Saoirse Grèine est de retour au palais et, sans t’enflammer de joie, cette nouvelle te fait plaisir. Vêtue d’une robe noire parsemée de constellations discrètes sous la dentelle et les couches de tulles, un bandeau noire domptant la longue chevelure brune, tu t’aventures dans ces longs couloirs silencieux peuplés par les domestiques. Tu demandes à certaines d’entre elles si elles ont aperçu la douce Saoirse, une répond qu’elle est absorbée par ses responsabilités.

Présomptueusement, tu lui demandes s’il est possible de t’indiquer lorsqu’elle sera déchargée de ses obligations, de te prévenir lorsque les adultes cesseront d’être des adultes en cette journée solitaire.
Mais il est vrai, Saoirse, missionnée auprès d’un porteur dégénéré, est souvent conviée par les Harcourt lors de ses séjours.
Tu as attendu un moment avant qu’une domestique ne vienne te délivrer de l’ennui meurtrier, ajoutant que Saoirse est prompte à t’accueillir.

Quelques coups contre la porte de sa chambre attitrée, tu finis par entrer délicatement, les mains jointes au dos.

— Mademoiselle Grèine ! J’ai entendu que vous étiez revenue pour quelques jours, je me suis permise de venir vous rendre visite.

Douce jeune femme, présence plus appréciée que la rouquine servant de nouvelle dame de cour. Tu lui as promis de surveiller la vile enchanteresse du cœur de Lazare, une tâche que tu remplis avec assiduité avant tout pour toi.

— Les domestiques m’ont indiqué qu’il s’agissait de vos heures de libre et que vous acceptiez ma venue. Êtes-vous sûre que je ne vous dérange pas ? Je peux revenir plus tard si nécessaire.

Bien consciente que rares sont ceux qui refusent abruptement ces offres. Plissant les paupières, tu ajoutes d’un sourire malicieux.

— J’ai quelque chose pour vous. Rien d’extraordinaire, mais simplement un remerciement pour votre attention durant ces deux dernières années.

Et tu lui tends un petit paquet soigneusement emballé, avec tes doigts décorés de pansements. Petit présent contenant une large barrette composée de fleurs de tissu blanc comme la neige et de perles. Pivoines de textile pour décorer sa chevelure.
Rien d’extraordinaire, une simple pensée adressée à ses services bien honorés.

Entredeux

Mordred avait reçu, en main propre, la commande qu'elle lui avait passée. Il semblait y avoir beaucoup de mystère autour de ce bijoux, il n'avait pas échappé à Saoirse que la princesse n'avait jamais répondu à leur dernier échange. Elle n'avait pas de raison de cacher que sa commande serait pour le roi Artorias ou le prince Uther, mais elle n'avait mentionné aucun des deux. Et bien sûr, Saoirse savait que si la princesse n'avait rien dit, c'est qu'il valait mieux ne pas poser de question tout court. Et, après avoir fait son rapport habituel sur la situation à Falemore, la dame de compagnie pu vaquer à ses occupations, déballant ses affaires dans sa chambre.

On vint lui faire savoir que mademoiselle Buchanan voulait la voir, elle sourit légèrement et hocha la tête pour la recevoir. Elle s'était méfiée, au début, de cette enfant pour laquelle Mordred semblait avoir un fort intérêt, mais à force de la côtoyer, elle avait compris qu'il n'y avait pas de malveillance dans l'esprit de cette grande enfant. Elle ne savait pas pourquoi Mordred voulait la garder à ses côtés, mais elle-même s'était attachée à cet ange déchu.

« Mademoiselle Buchanan. Bien sûr que vous ne me dérangez pas, j'aurai été bien offensée que vous ne veniez pas me voir, au contraire. »

Mais elle ne s'attendait pas à un cadeau, il fallait dire qu'elle avait plus l'habitude d'en offrir qu'en donner. Elle s'approcha et remercia avec un sourire timide Amaryllis, défaisant délicatement le paquet. L'attention la touchait, et comme bonne preuve d'appréciation, elle ôta les rubans dans ses cheveux pour tout de suite essayer la barrette de la protégée de la princesse.

« C'est une très délicate attention, je suis très heureuse que vous m'ayez offert quelque chose d'aussi beau, merci... Vous avez l'air en forme, mademoiselle. Vous m'en voyez ravie. J'ai rapporté quelque chose pour vous également. »

Dans sa valise, elle chercha un paquet assez large, soigneusement emballé, qu'elle lui tendit avec un sourire.

« Je suis navrée de ne pas avoir pu être là pour votre anniversaire. J'espère que ça vous plaira et que nous pourrons tout de même célébrer ensemble... »

Il lui semblait important, de célébrer ce genre d'occasion, d'autant plus qu'elle savait que la santé de la Buchanan était fragile. Elle avait fait confectionné une robe pour elle, faite de tulles et de taffetas, d'un rose poudré tirant vers le pourpre, toute en délicatesse. La teinte avait été obtenu en partie grâce aux raisins de Falemore, elle avait elle-même coloré le tissu, mais avait espéré un résultat plus clair. La tulle pale permettait d'alléger la couleur et de rattraper cela.

« Joyeux anniversaire, Amaryllis. »

CIARAN

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