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Août 2002 -- Otterberg --  feat.   @Kira Oswald

Delilah fut réveillée par les rayons du soleil, déjà haut dans le ciel, qui filtraient par la fenêtre de sa chambre vide de toute présence. Homme et fils n’étaient pas à ses côtés ce matin, ce qui expliquait notamment qu’elle ait pu dormir de tout son saoul et sans interruption. Un luxe qu’elle ne pouvait s’accorder que rarement, notamment depuis la chute et ce n’était pas uniquement à cause de la naissance d’Andrea.

Car en effet, depuis qu’il avait fallu se relever des décombres, elle avait porté bien plus qu’un enfant. Et bien qu’elle le referait mille fois encore, si le choix lui était à nouveau proposé, et qu’elle le fasse encore dès que cela était nécessaire aujourd’hui, elle avait dû admettre qu’entre tous les rôles qu’elle avait tenu jusqu’à présent, la fatigue avait fini par la rattraper.

Mais des regrets, elle n’en avait aucun. Et elle était confortée dans cette idée lorsque, en se levant pour rejoindre la cuisine de la maison, elle pouvait contempler une Kira qui recommençait à rayonner, revenue d’entre les ruines et la mort.
Un rire tendre secoue les épaules de la jeune femme.

- Je vais aller te réclamer aux Cameron ! Entre les soins que tu apportes à Andrea, et le fait que tu nous gâtes autant, je ne vais plus vouloir que tu nous quittes.

En quelques enjambées, elle avait rejoint son fils pour embrasser son front et ses petites mains dont l’une d’elle se tendait à présent vers la table délicieusement chargée du petit déjeuner préparé par Kira. L’autre solidement arrimée au pyjama satiné de sa mère.

- Je n’avais pas dormi aussi bien depuis… Très longtemps. J’espère que toi aussi. Tu as l’air en forme petite sœur et ça me fait plaisir de te voir comme ça.

Laissant quelques instants Andrea à sa contemplation du monde, la jeune femme n’avait pas loupée l’option champagne. En se dirigeant vers le réfrigérateur, au passage, elle vient déposer ses lèvres sur la joue de sa protégée, et sa main sur son épaule qu’elle presse délicatement.

- Merci pour tout, ma belle. Pour Andrea bien sûr, et pour le petit déj’ évidemment.

La bouteille fraîche dans les mains, elle revient près de la table et du petit garçon qui se dandine à son tour sur son siège.

- Deux mimosas, on est d’accord Kira ? Tout ça, ça se fête.

Il n’y avait tant de choses à fêter, de toute façon, aux yeux de Delilah.
A commencer par le retour de Kira parmi les vivants. Et elle le fêterait éternellement.

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Août 2002 -- Otterberg --  feat.   @Kira Oswald

Accompagnant les mots de Kira dans un rire mélodieux, Delilah s’empresse de préparer les verres à la convenance de sa protégée. Elle imite d’ailleurs son choix, convaincue elle aussi que certaines découvertes culinaires en hakar valaient le détour, puisque de toute façon, ils étaient tous voués à rester les pieds bien ancrés sur ce continent.
Et même si elle n’avait jamais eu à servir un verre dans sa vie, jusqu’à il y avait peu de temps, elle verse avec habileté le jus de fruits amélioré dans d’élégants verres à pied, qu’elle tient bien éloignée du petit Andrea trop curieux.

- Tadam !  

Enjouée et solaire, Delilah virevolte dans la pièce comme si la vie avait toujours été ainsi. Comme si les cauchemars et le chaos étaient définitivement plus de ce monde et qu’ils étaient tous les trois en sécurité. Elle savait que c’était faux. Elle même très bien placée pour le savoir.
Mais y croire, ne serait-ce que quelques heures dans une journée, lui faisait un bien fou.

Installée à présent près de son fils, gazouillant joyeusement avec lui, elle suit des yeux Kira sans louper une miette de ce qu’elle avait à lui dire.
Sans surprise, Delilah gardait son sourire. Elle rit, même. Quoi que puisse lui dire Kira, sur Gage ou sur tant d’autres choses, la jeune femme préférée entendre sa petite soeur de coeur s’exprimer plutôt que de renfermer en elle ses pensées. Elle l’avait trop vécu renfermée sur elle-même.

Et puis Delilah savait bien ce qu’elle pensait du père d’Andrea. Elle savait ce que beaucoup de monde pensait de lui. Et même si la sollicitude de ce genre de remarques était touchante, elles glissaient comme de l’eau sur des plumes.

- Je sais ma douce, et c’est bien pour ça que je n’irai pas te voler à cette famille. L’essentiel pour moi c’est que tu te sentes bien, à l’aise et chez toi. Quelque part, là où tu l’auras choisi. Que tu ne t'impose pas de présence qui te dérange.  

Une gorgée de mimosa la fait soupirer de contentement, alors qu’elle tend un morceau de fruit à son fils pour le détourner du verre de sa mère.

- J’aime beaucoup aussi cette organisation. Pas juste le fait que tu t’occupes d’Andrea. Le fait de savoir que tu es entourée, protégée. Et le travail avec Lloyd a l’air de t’épanouir.

Enfin, alors qu’elle semblait avoir attendu que les deux soleils de sa vie mangent ce qui leur faisait envie, Delilah attaque son petit déjeuner à elle.

- Je ne te mentirai pas. Gage reste Gage et je sais que ton avis n’a pas changé mais… Le fait de savoir qu’il est là, dans les parages, même dans l’ombre… Même s’il n’est pas là pour le petit déjeuner ou que sais-je. Ça me va. Andrea a quelqu’un de plus fort que moi dans sa vie pour le protéger.  

L’inquiétude d’une mère traverse les yeux émeraudes de Delilah un bref instant. Les rayons du soleil ne brillent plus assez fort, durant quelques secondes, pour empêcher les menaces extérieures de couvrir la cuisine de leurs ombres. Et puis, la jeune femme se focalise sur Kira et sa tour de pancakes, sur Andrea qui mange sagement.
Et la lumière revient.

- C’est une excellente idée en tout cas ! Pour Ludo. Et Juni. Et je suis sûre que ça leur ferait du bien de changer d’air, de se réunir comme une famille.

Venant trinquer avec le verre de Kira, elle reprend.

- Je bouge beaucoup mais tu sais que je serai toujours là pour faire quelque chose qui te fait plaisir.  

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Août 2003 -- Otterberg --  feat.   @Kira Oswald

Un nouveau rire amusé secoua les épaules de Delilah quand Kira manifesta une nouvelle fois toute la méfiance dont elle faisait preuve envers le père d’Andrea. Elle lui rendit d’ailleurs un regard empli de malice car elles savaient toutes les deux que jamais Lilah n'empêcherait sa petite sœur adoptive de s’exprimer sur ce qu’elle pensait. Elle en tenait compte d’ailleurs, très souvent. Car l’avis de Kira était devenu quelque chose de précieux depuis qu’elles s’étaient rencontrées au sein de Némésis.
La jolie blonde, cependant, continuait à suivre sa propre voie, comme elle laissait à son entourage le loisir de suivre la sienne en sachant qu’elle serait là pour eux, comme ils seraient là pour elle si ses choix s’étaient avérés trop mauvais.
Ce besoin de liberté d’air ne l’avait jamais quitté.

- A la famille.

Elles trinquent. Le monde pouvait bien continuer de tourner, de changer autour d’elles, tant qu’elles se retrouveraient autour d’un petit déjeuner, tout irait bien. Et Delilah ne comprenait que trop bien le besoin de retrouver ceux qui avaient composé une partie importante de leur vie. Elle s’y attèlerait dès qu’elle aurait quelques minutes devant elle pour recontacter Juniper et Armand.
Son seul frein, c’était Greygarde.

Quand Kira reprend la parole au milieu des gazouillis d’Andrea, Lilah releva un regard curieux et intrigué qui s’éclaira bien vite.

- Absurde ? Enfin, Kira, non bien sûr que non, au contraire, je trouve que c’est une idée fantastique !

S’étant redressée sur sa chaise, Delilah savait qu’elle ne devait pas s’emballer trop vite. Pas parce qu’elle n’avait pas confiance dans les projets de Kira, bien au contraire.
Mais bien parce qu’elle ne voulait pas lui mettre la pression. Elle avait tendance à prendre les devants, comme s’habiller immédiatement pour aller visiter les universités dès aujourd’hui.

- D’abord, parce que les cursus qu’on trouve ici te correspondent totalement. C’est carrément ton domaine, tu t’y épanouirais à coup sûr.

Ensuite, parce que des études poussées lui changeraient les idées et la motiverait à se dépasser, pas uniquement pour son entourage, mais pour elle, cette fois-ci.

- Et puis, ça ne peut que t’apporter un plus. Tu affinerais tes compétences, tu en développerais de nouvelles, tout en rencontrant du monde. Des gens différents.

Tendant la main pour prendre celle de Kira, son sourire s’était élargi.

- Tu sais que je suis là pour t’aider ok ? Je suis sûre que Lloyd et Alix seront d’accord avec moi quand je te dis qu’il ne faut te priver de rien.

N’y tenant plus, elle doit quand même glisser dans la conversation :

- Je pourrais venir avec toi visiter quelques établissements de la capitale,si tu veux… Ou me renseigner sur les frais de scolarité ? Les modalités d’entrée ?

Finalement, elle marque un bref temps de pause, le sourire désolé de s’être quand même emballée.

- Bien sûr, si tu préfères faire ça toute seule, je ne m’imposerai pas, Kira. Je suis juste très heureuse de voir que tu penses à toi.  

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