Journée compliquée, pour ne pas dire journée de merde. La politesse est la clé de l’apparence, aussi tu évites de penser en termes aussi crus. Il n’empêche que tu ne passes pas une bonne journée. Fort heureusement, elle tire à sa fin !

Il est tard, la nuit est en train de tomber. En plein mois d’août, ça veut dire qu’il est bientôt 22 heures.
Et tu es toujours bloqué ici. Heureusement, tes heures supplémentaires sont payées. Ton dernier collègue s’en est allé il y a une demi-heure, tu as relâché tes zygomatiques sans cesse sollicités durant la journée.
Retenant un soupir, tu enregistres le code qui t’occupe l’esprit depuis trois heures. Elyon n’aime pas beaucoup l’agitation qui se produit hors de ses murs. Ils ne le diront jamais officiellement mais tu ne cesses de recevoir des demandes de révision de protocoles en place depuis plusieurs années qui n’ont jamais posé problème avant. Ça t’oblige à supprimer les failles précédentes que tu as laissées et à en glisser d’autres avec d’infinies précautions. Tu n’es pas connu pour faire des erreurs, cette excuse s’épuisera très vite. Alors tu dois te la jouer discret.

Le code enregistré, tu éteins ton écran, étire tes muscles engourdis à force d’être tassés sur une chaise.

BOUM

Ta tête se tourne à toute vitesse vers la source du bruit : le local informatique.
Quelle plaie ! T’es pas censé pouvoir finir et rentrer en paix ?
Surtout que le local est vide depuis au moins deux ou trois heures et que tu n'as pas bougé de ton poste depuis. Vu la configuration de la salle, personne n'aurait pu rentrer. C'est forcément du matos qui a du tomber. Le technicien aura mal reposé quelque chose lors de son intervention ce matin et ça vient de se casser la figure.

Tu n'es donc pas du tout préparé à voir un colosse d'au moins deux mètres empêtré dans un tas de fils et d'ordis écroulés.
Qu'est ce que c'est que ce bordel encore ?

Gardant la tête froide comme lorsque tu es occupé avec adl, tu te rappelles qu'il y a deux bouches d'aération, en plus de l'unique porte de sortie. vu son gabarit, aucune chance qu'il ait pu passer dedans.
Alors qu'est-ce que qu'il fiche ici ?
— Comment êtes-vous arrivé ici ?

Tu le laisses se débattre dans les câbles, l’épaule appuyée contre le chambranle de la porte, un air pas franchement arrangeant sur le visage. Ton gabarit ne le bloquera pas longtemps mais c’est surtout histoire de lui faire comprendre qu’il n’a rien à faire là.
Pas question de l’aider à se dépêtrer tant que tu ne sais pas ce que cet intrus fait là. Tu remarques qu’il ne porte pas de badge Elyon. Il n’aurait donc pas pu monter aussi haut - sans parler de son moyen d’arriver ici, ça dépasse carrément ta compréhension pour le moment. Tu détestes ne pas comprendre.

Tu pianotes en vitesse un message pour la sécurité sans l'envoyer. La seule caméra de ta salle de travail ne donne pas directement sur la porte du local et celui-ci n’est pas surveillé. A quoi bon s’embêter avec une pièce pourvue d’un accès unique ?
Autrement dit, personne ne sait qu’il est ici pour l’instant.

Tu dois découvrir ce que ce type fiche ici. Il a l’air sacrément louche (et son apparition n’a aucun foutu sens) et n’avoir aucun droit d’être là. Le genre de trucs qui intéresseraient beaucoup adl.

Tu te retiens de lever les yeux au ciel. Inutile d’essayer de jouer au plus malin avec lui, il a visiblement décidé de te prendre pour un imbécile.
Le tutoiement tombe, tu tiques à peine.

— Je travaille ici, tu répliques sur le ton de l’évidence. Le badge bien en évidence sur ta poitrine le claironne à n’importe qui qui prend la peine de regarder. Donc quand la moitié du local informatique s’effondre alors qu’il est censé être vide depuis des heures, forcément, je viens voir.
Ce n’est plus qu’un fort pressentiment maintenant, c’est une certitude. Ce type n’est pas là pour faire du tourisme. Il cherche quelque chose. Tu ignores quoi et lui ignore visiblement où le trouver.
Parce qu’il n’y a rien dans ce local. Rien que des informations de fonctionnement courant. Rien d'intéressant.

Le mystère de son apparition ne s’explique toujours pas à tes yeux et ça t’obsède. Il ne va clairement pas te donner la réponse. Les raisons qui te viennent en tête sont toutes plus loufoques et impossibles les unes que les autres. Une expérience d’Elyon qui se serait échappée ?
C’est impossible. Ils l’auraient retrouvée et arrêtée. T’es bien placé pour savoir qu’ils ne plaisantent pas avec la sécurité et la confidentialité de leurs expériences.
— Je pense que tu sais parfaitement où on est.
Il ignore peut-être l’étage, mais ce n’est pas une information que tu comptes donner. En tout cas, pas contre rien en échange.

Sa présentation t’arrache un rire rauque. Le Confesseur ? Vraiment ?
Est-il complètement idiot ou déconnecté pour penser que tu pourrais seulement croire une affirmation pareille ?

Le Confesseur ne sort pas d’Understadt et c’est tant mieux. Qu’il soit envoyé par le Confesseur, par contre, ça ne te paraîtrait pas complètement irréaliste. Si c’est le cas, tu ne vois pas ce qu’il vient faire là.
Tu n’as rien fait qui puisse t’attirer l’attention du Confesseur de toute façon.

Et puis le nom de famille.
Oswald. Oswald ? Vraiment ?

Tu connais ce nom de famille. Tu le connais très très bien et pour cause, c’est le nom de famille de V.
Ce qu’il vient faire dans cette conversation, tu n’en as aucune foutue idée et ça n’est pas le moment d’y penser.
Tu verras ça plus tard. L’intrus t’a donné une information clé sans le savoir. S’il ne ment pas. Mais de toute façon, qu’il mente ou pas, le choix de ce nom de famille ne peut pas être anodin.
Un voile passe sur ton visage, mais l’autre l’interprètera probablement comme une réaction à sa présentation fantaisiste. Comment pourrait-il savoir que le nom qu’il a donné te fait tiquer ?

Regard agacé (quoiqu’un peu amusé) par la main qu’il te tend. Ne la serre pas, tu restes simplement là à le fixer.
— Tu sais que tu es dans la seule zone de cette pièce qui n’est pas filmée ? Si tu sors, tu vas avoir tout Elyon à tes trousses en moins de deux. Je doute que ça soit ce que tu cherches, quelque que soit ta véritable raison d’être ici.
L’insistance que tu mets sur les derniers mots laisse clairement voir ce que tu penses de sa présentation : tu n’en crois pas un mot.

— Et si on optait pour la sincérité ? Je pourrais renoncer à contacter la sécurité sans que tu aies à employer une technique douteuse.

Appât ou promesse, tu ne sais pas encore. Ça dépendra de s’il est convaincant ou non. Et s’il ment, tu oses espérer qu’il sera plus convainquant que ce qu’il vient de te sortir.
Quant à toi, la prudence s’impose. Après tout, ton nom est agrafé sur le badge qui orne ta poitrine. Et ton intérêt poussé pourrait dresser une connexion que tu refuses de créer.

Ton sourire satisfait s’élargit lorsqu’il met en doute tes paroles puis réalise finalement que tu as raison.
Et que tu es le seul obstacle qui le sépare de la caméra, aussi.
Qu’est ce que tu es en train de faire ? Discuter avec un cambrioleur mal dégrossi ?
Cette journée n’aura donc jamais de fin ? Tu ne demandes quand même pas la lune ! Juste pouvoir rentrer chez toi, tranquille.
adl s’impatiente.

L’illuminé te sort une autre histoire abracadabrante - certainement pas la vérité. Jusqu’à ce qu’il mentionne un signal GPS.

Modifié ?

— Comment s’appelle cette connaissance ?
Ta question sort d’un ton pressant malgré toi. Cette réponse plus que toutes les autres tu la veux. Mais offrir l’information sur un plateau d’argent… ce n’est définitivement pas une bonne chose.

Aucun membre de Légion n’a trafiqué d’Olid pour un géant pareil. Tu le saurais, parce que tu leur as demandé de te dire lorsqu’ils confiaient une Olid modifiée à quelqu’un.

Et pourtant, son patronyme… Le même que Joyce…
Mais Joyce n’aurait jamais fait ça.
Il est loyal, tu le sais. Il ne t’aurait jamais caché une information pareille.
Il y a deux coïncidences en une situation : le nom de famille et les Olid. Deux choses que tu dois absolument tirer au clair.

Seule solution : quelqu’un d’autre s’amuse à pirater des olid.

— Je connais également quelqu’un qui aime beaucoup les Olid, tu poursuis d’un ton caressant, pour justifier ton avidité passée. Déterminé à avoir cette information.
Il a l’air du genre à garder un secret avec cœur mais à lâcher toutes les informations cruciales si on ne lui dit pas qu’il doit se taire à leur sujet. Avec un peu de chance tu as raison. Et avec encore plus de chance, il te donne le nom sans réaliser qu’il t’offre une information cruciale.

Soucieux de faire des concessions, tu te résous à donner un nom. Pas ton véritable mais un que tu utilises de temps en temps, notamment lorsque tu dois te faire passer pour quelqu’un d’autre, parce que de toute évidence, adl n’est pas un prénom.
— Je m’appelle Tom.
Pas de nom de famille, un prénom très courant, il lui faudra s’en contenter. C’est tout ce que tu lui céderas.

— Je doute qu’Elyon te laisse prendre quoique ce soit ici. tu réponds, un sourire désolé en accompagnement. Tu es disposé à te montrer arrangeant. Il a une information qu’il te faut absolument (et d’autres que tu apprécierais grandement), tu refuses de le laisser s’enfuir avec.  De toute façon, je te rappelle que si tu fais trois pas dans la pièce, tu es cuit.

Tu te redresses un peu et d’un mouvement fluide rendu expert par l’habitude, tu déclenches l’air de rien une minuscule poussée d’Air et ton badge tombe en cliquetant sur le sol, comme s’il était mal accroché à ton vêtement.
— Merde, tu grognes

Ton pied fait glisser le badge un peu plus loin de toi, face cachée, ton oeil unique ne quitte pas ton interlocuteur des yeux.
Plus de nom exposé, tu es rassuré.
Ton visage est enregistré dans la base de données et il est presque 22 heures. Personne ne  remarquera que le badge n’est plus accroché à ta veste. Un des avantages à être un employé modèle qui fait beaucoup d’heures supplémentaires.

Debout à nouveau, tu reprends, à regrets : — Te servir de guide c’est beaucoup trop risqué. Cependant, je peux te renseigner sur les moyens d’esquiver les caméras et où trouver ce qui pourrait t’intéresser, si tu acceptes de satisfaire ma curiosité à moi aussi !
Une petite pause où tu t’humectes les lèvres. Sourire engageant, tu te positionnes comme un employé curieux. Avec un peu de chance, ça passe. Et si ça casse… Il te suffit d’une pression sur ton Olid pour que le message s’envoie et alerte toute la sécurité.

Le masque se déchire.
Il a beau être menaçant (comme tout colosse de deux mètres de haut), tu ne peux pas empêcher un sourire de franchir tes lèvres.
Enfin.

Tout est beaucoup plus intéressant lorsqu’on arrête de mentir. Évidemment, la pensée que ça puisse aussi s’appliquer à toi ne t’effleure même pas.

 — Tant mieux, je n’ai pas beaucoup de temps.
Ton sourire répond au sien. Tu devrais probablement t’inquiéter de ce qu’il pourrait te faire, de sa poigne tout de même serrée autour de ton bras. Il n’en est rien. Tu te sens pousser des ailes, comme si étais adl toi même. Ce qui n’est pas faux.
Mais adl n’est tout puissant qu’en ligne. Quelque chose que tu ne devrais pas oublier.

— C’est malpoli de casser les membres de ses amis, tu remarques, regard levé, sourire toujours présent.

— Je doute que ça soit dans ton intérêt de me tuer.
Confiant toujours. A un point où ça tire peut-être sur de l’arrogance.

— C’est très clair. Et tu devrais être inquiet. Un peu. Un minimum. Je peux désactiver les caméras pour quelques minutes. Ce n’est pas un mensonge, tu peux faire croire à une défaillance du système, directement depuis ta olid. C’est une concession que tu fais assez facilement. Il n’a pas l’air du genre à trouver étrange qu’un employé d’Elyon laisse un intrus se servir dans les réserves. Bizarre mais très pratique pour toi.  ça ne durera pas, cependant. Tu devrais avoir le temps d’aller dans une pièce de stockage pas très loin. Dedans, il y aura de quoi faire plaisir à ton ami.
Lui même t’a avoué ne rien y connaître en technologies. Pas besoin donc de préciser que la pièce à laquelle tu penses est la pièce où sont stockés les prototypes ratés avant d’être jetés. Il ne devrait pas réaliser qu’ils sont tous inutilisables en l’état. Et de toute façon, ça n’est pas très compliqué de les faire fonctionner, au moins partiellement. Personne ne devrait remarquer qu’un a disparu, s’il ne se fait pas prendre comme un imbécile (quelque chose dont tu doutes un peu).

Tu pourrais indiquer un autre endroit mais les risques de te faire prendre sont bien trop grands. Cette pièce c’est la seule chose que tu peux laisser filtrer sans risque.
— J’aimerai juste savoir le nom de ton ami. J’aime beaucoup discuter avec des gens qui aiment aussi la technologie ! Et s’il a des questions sur son cadeau, je pourrais lui répondre.

Si tu récupères deux informations d’un coup, ça serait la fête. Et deux fois plus de chance de les rattacher à quelque chose de concret. De tisser des liens. Et d’obtenir du pouvoir.

L’information tant désirée tombe. Tu gardes pour toi le sourire victorieux, le camoufle bien sous le rictus qui ne te quitte pas depuis le début de votre conversation.

— Merci.
tu ne penses pas non plus que ça soit le prénom que ses parents lui aient donnés. C’est encore mieux que ce que tu pensais ! Ne pas avoir un véritable nom serait pour beaucoup un handicap mais le net et les pseudonymes sont ton domaine. Au contraire, tu es ravi de la tournure de la situation.

Son jeu étrange de balancier se poursuit. Tu ignores s’il est complètement idiot, s’il surjoue son idiotie ou s’il est simplement dérangé. Peut-être un mélange des trois.
Il n’empêche que l’idiot en question mesure 2 mètres. Pas que ça ait une grande importance en ce moment même mais sa taille brouille les pistes. Sa carrure à elle seule est avantage, tu ne peux pas déduire quel genre de groupe enverrait un type pareil au coeur d’Elyon.
Un type pareil qui porte le nom de famille de V.

Son rire fort (il hurle plus qu’il rit, en réalité) t’arrache les oreilles.
— Tu sais que le bâtiment est truffé de micros ? Si tu n’es pas dans leur champ, les caméras ne te verront pas mais si tu continues à hurler comme ça, je ne pourrais rien faire pour toi.

Tu ne pourras que simuler une fuite, mais vu la configuration ça ne vous serait pas favorable. Et perdre ton job est la dernière chose que tu veux. T’as passé dix ans à travailler pour en être là où tu es !
— Déjà, arrête de crier, tu ordonnes avant de reporter tes yeux à ta Olid. Tu gardes dans un coin le message - tu n’en auras très probablement pas besoin mais rien n’est impossible, et ouvre le plan de l’étage, le pivote pour qu’il voit lui aussi.   Je dois désactiver les caméras depuis un ordinateur. Reste là, sinon tu vas te faire voir et ça ruinera tout. Ton ton se fait plus impérieux, le genre d’injonctions où tu ne toléreras pas qu’on désobéisse (comme si tu pouvais agir s’il lui prenait l’envie de désobéir…). Mais tu es sérieux, s’il bouge il flanque toutes ses chances de réussite par terre.

De retour sur l’ordinateur le plus proche de l’accès au cagibi, tu te mets de façon à pouvoir le garder dans ton champ de vision tout en restant sur le PC. Ça te tord un peu le dos mais avec ton oeil unique, impossible de faire autrement.
Tes doigts courent sur le clavier tandis que tu lui détailles le chemin à suivre, notes dans ta tête son étrange manège :
— Tu sortiras dans le couloir à droite puis tu prendras le deuxième couloir à gauche. C’est la porte du fond. Elle est sans doute fermée à clé mais c’est un vieux verrou, il sautera sans mal si tu forces un peu.

Un dernier clic et le programme est prêt. À défaut d’éteindre toutes les caméras, tu reparamètres la moitié pour jouer ce qui a été filmé cette nuit à quatre heures.
— Quand tu veux.
Le temps qu’il passe la porte, tu es large. La caméra de la salle rediffuse une bande nocturne, tu ne disparaîtras pas subitement car tu t’es décalé hors champ en prévision.

Tu es vraiment en train d’aider un colosse arriviste à cambrioler Elyon. La vie est pleine de surprises.

L’autre part comme une fusée, tu désactives les caméras une à une avec une étrange petite boule au ventre.
Tu risques gros si tu te fais prendre, tu en es parfaitement conscience.
Mais tu as aussi conscience que tu joues à des jeux bien plus dangereux depuis des années et tu ne t’es jamais fait avoir. Pas de raisons de paniquer donc, pas vrai ?

Tu programmes la caméra qui fait face à la salle des ratés pour qu’elle s’affiche sur ton écran - histoire d’au moins le voir arriver.
Ça ne loupe pas, il pousse la porte sans encombres. Tu détestes le soulagement qui te prend.
Soulagement qui s’évapore lorsque tu constates qu’il ne ressort pas.

Là, tu hausses un sourcil. Le temps passe et il ne parait pas revenir. Sans son, aucun moyen d’avoir le début du commencement d’une piste sur ce qu’il se passe à l’intérieur.

Et puis tu entends le boucan qu’il fait à l’extérieur de la pièce, comme s’il remontait de l’étage inférieur.
Tu sais parfaitement que la salle où tu l’as envoyée n’a pas d’autre accès et ne descend pas à l’étage inférieur. Pas de fenêtres non plus, la pièce est complètement aveugle.

C’est incompréhensible mais c’est peut-être lié avec son arrivée inexplicable dans le cagibi. Ce sont des miettes d’informations mais tout de même de débuts de pistes. Tu feras avec.

Sa voix massive retentit dans tout le couloir - inconscient, tu en as vraiment la preuve.
Ne se dit-il pas que tu n’es peut-être pas le seul à rester tard ?
Alors qu’il arrive enfin dans la porte tu la fermes dès qu’il pénètre dans la pièce, ne tique pas sur l’usage d’un mauvais prénom - après tout, ton propre “prénom” n’est pas le bon.
— Tu veux vraiment te faire prendre ? tu demandes, sourcil dressé et voix égale.   Parce qu’en hurlant dans tous les couloirs, c’est une excellente manière d’y parvenir.
Et tu te félicites intérieurement de t’être présenté sous un prénom banal - un prénom qui ne t’appartient pas.
Il y a deux Tom à cet étage et aucun véritablement proche de toi. Tes traces sont couvertes.

Tu hoches la tête à son remerciement - il t’a aussi rendu un certain nombres de services, sans le savoir. Et le plus beau, c’est qu’il semble vouloir continuer.

— Avec plaisir.
Tu es tenté de lui dire d’inviter son ami mais tu ignores quand le colosse prévoit de lui confier la chose cassée qu’il a récupérée. Être percé à jour n’est pas dans tes plans - tu pourras plaider la malchance ou sa maladresse qui auraient cassé l’objet mais tu préfères ne pas prendre de risque.
En plus, l’autre serait peut-être plus prudent.
— Est-ce que tu pourrais au moins me donner ton prénom ? ça serait plus pratique.
Seul à seul, c’est une bonne option - tu préviendras Légion du rendez-vous et leur dira de s’inquiéter s’ils n’ont pas de nouvelles de toi passé quelques heures.

— Où ça ? tu demandes pour la forme.
Hors de question que tu descendes dans l’Understadt sans parfaitement tout maîtriser.

Tu doutes qu’il t’offre un moyen de le contacter autre qu’une date et une heure de rendez-vous. Et tu supposes aussi qu’il pourrait très bien ne pas te vouloir que du bien.

Neptunia Harbor. Choix étrange, mais pourquoi pas ?
Tu notes mentalement de te renseigner sur ce fameux café en amont. Te jeter dans la gueule du loup oui, mais pas totalement sans préparation.
Tu attendras ce fameux rendez-vous pour contacter V ; tu disposes pour l’instant de trop peu de données pour que ça serve à autre chose qu’à le faire paniquer pour rien.
Tu préfères autant éviter.

Hausses un sourcil lorsqu’il se rétracte puis ta méfiance augmente d’un seul coup. Tu vois presque l’énorme piège s’ouvrir en grand pour que tu rentres et se refermer derrière toi.
Mais ça ne modifie pas ta volonté.

Tu as raté ton pari, il n’est pas assez stupide pour t’offrir d’autres informations - quoiqu’avec ce que tu as, ça devrait suffire mais tu ne cracheras jamais sur un coup de pouce.
Tu hoches la tête, un sourire en coin. Il sait comment t’appâter - même si tu avais déjà prévu d’y être, il n’a pas besoin de le savoir.
— Tu es un homme occupé, pour fixer tes rendez-vous un mois à l’avance ! J’y serai.
En hochant la tête, tu laisses échapper un petit rire :   Tu m’as bien cerné, monsieur Je-ne-suis-pas-le-confesseur-mais-qui-sait.
Plisses les yeux lorsqu’il crie à nouveau. N’apprend-il jamais ?
Et la suite te surprend encore davantage - si c’était possible - lorsqu’il disparait, purement et simplement.

D’un seul coup, d i s p a r u.

Tu comprends mieux comment il a fait pour entrer dans le cagibi.
Ce que tu comprends mieux, c’est à quel point il est assez idiot pour venir dans Elyon avec une bizarrerie pareille.
L’hypothèse expérience ratée semble se confirmer encore plus.
Si c’est le cas, la situation est vraiment cocasse : tu as envoyé une expérience “ratée” en récupérer une autre.

Tu as un mois pour tirer ça au clair, chasser le brouillard de l'ignorance qui prend bien trop de place.
Au final, le délai t’arrange, même si tu redoutes ce qui pourrait te tomber dessus ce jour là. Qui vivra verra, te dis tu finalement en relançant la caméra de ta pièce normalement puis en effaçant les traces de ton passage comme si de rien n’était. Ton véritable bureau se situe dans la pièce voisine, tu passes éteindre les lumières, relancer la caméra et fermer les différents appareils. Finalement l’air de rien, tu quittes enfin Elyon.
adl t’a assez attendu.