「strangers again」-- ft. cronos.

strangers again

mai 2003 -- falemore

comme à chaque fois que tu achevais une mission dans les terres oubliées, tu t'assurais de regagner la capitale la plus proche avant de repartir chez toi par le monorail. cette fois pourtant, tu as promis à ta petite soeur de la retrouver, passer une journée auprès d'elle malgré l'épuisement. c'est qu'elle te manquait et même si tu parvenais à avoir de ses nouvelles lors de vos appels hebdomadaires, ça ne suffisait pas à t'assurer qu'elle allait réellement bien.

un message envoyé à elijah pour le prévenir que tu rentrerais bientôt, tu es monté dans une voiture te menant à falemore.
profitant d'être à l'abri dans la voiture, tu défais ta capuche et pose un regard doré sur ton katana sali par le sang. grimace se perd sur tes lèvres et tu prends soin de le nettoyer avant de le remettre dans son fourreau.

les paysages défilent et la voiture finit par te déposer devant les vignobles à ta demande. jamais tu n'indiques réellement ta route, prenant soin d'assurer tes arrières où que tu sois. le pas foulant la ville, tu cherches la maison qu'elle t'a indiqué, ou plutôt le domaine.
il semble que la jeune femme vive auprès de lui.

tu ne l'avais pas revu. tu n'avais pas eu le temps. ou peut-être te cachais-tu derrière cette peur que tout redevienne comme avant. car si ton coeur s'était retrouvé soulagé de le savoir en vie, venir le voir n'aurait fait qu'affirmer l'évidence. celle qu'il aura toujours une place importante dans ta vie et dans ton coeur. que peu importe les années qui vous séparent, les hommes et les femmes entre vous. une part de toi sera toujours la sienne.

ce n'est pourtant pas lui que tu t'attends à voir quand la porte s'ouvre. persuadé que ta soeur est là pour t'accueillir, ne te doutant pas qu'elle est toujours à la capitale, qu'elle ne rentrera pas aujourd'hui. ton regard se perd sur l'homme qui te fait face. lui n'a pas changé par rapport à toi. il est le même que tu as aimé, que tu as désiré.
tu ôtes la capuche que tu avais reposée sur tes cheveux, dévoilant un peu plus ton visage.

combien de temps m'a laissé la vie avant que mon coeur hurle de nouveau ? combien de sursis pour que ma peau frisonne sous ton regard ?
suis-je seulement parvenu à t'effacer de ma vie cronos ? et toi ? toi as-tu tiré un trait ?
je te vois toi-même et pourtant si différent que les mots sont incapables de quitter mes lèvres. elles brûlent pourtant de te dire que tu m'as manqué. qu'une part de moi se refuse à t'oublier.
est-ce que tu vas bien ?
crois-tu pouvoir me libérer de ses chaînes que tu as posées ?

— cronos, je ne te savais pas chez toi... pardonnes ma visite, ma soeur est-elle là ?

et quand je me plonge dans ton regard, j'ai toujours les regrets de ce temps qu'on a passé, de ces mots que je n'ai jamais eu le courage de prononcer.

(code) awona // avec @CRONOS LYNES

strangers again

melodiam

comme d’habitude, on a dû te forcer à t’arrêter. le corps tremblant, à bout d’énergie, tête de mule que tu sais être. tu as eu beau tomber à genoux, épuisé, tu t’es relevé cronos. parce que tu te relèves toujours. tu n’as pas le choix. tu continues d’y croire, que tu es le gardien des âmes perdues de Nemesis. si toi, tu te laisses abattre, que deviendra-t-il du reste ? des autres ?

c’est qu’elle t’aurait presque supplié d’arrêter, de faire une pause. et face à ses yeux larmoyants, tu n’as pas su garder ta volonté intacte. tu as perdu de ta splendeur, de ta grandeur, cronos. les muscles tétanisés, l’âme épuisée, tu as capitulé, trainant ta carcasse jusque sous une douche salvatrice.

les journées se ressemblent à Falemore. lorsque le soleil décline, ta routine continue. aujourd’hui, tu n’iras pas t’enfermer dans ta chambre pour prier des heures durant. non, aujourd’hui, avec ce soleil rasant, tu veux aller profiter de l’église et ses jeux de lumières sanglants grâce aux vitraux.

en deux ans, la ville et ses habitants ont su s’adapter à ta façon chaotique — mais étrangement ordonnée — de fonctionner. alors lorsque tu entends que l’on sonne à la porte d’entrée, froncement de sourcils orne ton faciès. il est connu qu’à la fin de la journée, il est mal vu de déranger celui choisi et béni d’Eclipse lui-même. tout de même, tu vas ouvrir la porte, espérant secrètement ne pas être importuné par quiconque de la couronne.

et sur le pallier du domaine qui est tien, le fantôme d’un passé désagréable.

visage n’exprime aucune émotion — comme d’habitude depuis bientôt deux ans. tes doigts semblent cependant se resserrer contre la poignée de la lourde et majestueuse porte en bois. tu te tiens droit, fier. tu aurais pu mourir de le voir lui, ici. mais tu es déjà mort.

il a changé. bien plus que toi. tu as face à toi un réel homme. il n’existe plus que dans tes souvenirs, ce petit garçon apeuré et en éternel recherche d’attention, d’amour. il est peut-être encore plus beau que dans tes souvenirs. les souvenirs ont un goût acre dans ta bouche. mais tu flanches pas, cronos.

toi, tu n’as pas changé. ou peut-être que si. ton corps semble bien plus robuste. ton visage, dont ton front est fièrement paré de l’œil d’Eclipse métallisé, semble plus éteint, plus froid. de part ta chemise en lin lâchement attachée, non loin de ta clavicule, le début d’une grande cicatrice dont la peau est quelque peu boursoufflée, semblant s’étendre loin sous le tissu. mais tu sembles toujours autant princier, royal dans ta tenue, dans ton aura.

alors pourquoi voit-on au fond de ton regard tout ce désespoir qui pèse tant sur tes épaules?

tu as envie de lui claquer la porte au nez. toi qui a réussi à faire le deuil de Karma, de tous ces autres qui t’ont abandonné. pourquoi fallait-il qu’il revienne, lui ? tu te perds dans ses yeux clairs, cherchant des réponses à des questions que tu n’oses pas te poser.

— orion.

le ton de ta voix est dur. le regard baissé sur sa silhouette.

— ta sœur ? oh, eve. elle vit à la capitale en semaine. elle ne rentrera pas avant cette nuit. ou demain.

un peine un reniflement. tu te doutais qu’en hébergeant la sulfureuse geneviève, croiser le chemin de celui qu’elle nomme frère — bien que ce soit presque un sujet tabou en ces murs — ne serait qu’une question de temps.

mais tu aurais préféré avoir plus de temps.

la colère semble soudainement gronder en toi. tic nerveux de la tête tandis que tu avances d’un pas dehors, refermant la porte derrière vous, non sans pester. tu es prêt à parler de bien des choses de ton passée à celle qui accompagne tes journées. mais lui, lui… la plaie de le voir heureux au bras d’un autre homme est encore trop présente, trop douloureuse.

— je m’apprêtais à me rendre à l’église. souhaites-tu que je te fasse raccompagner jusqu’à chez toi ? qu’importe où ce chez toi se trouve.

c’est entre ses bras, ton chez toi orion, n’est-ce pas ?
le plus loin possible de moi, n’est-ce pas ?

tu renifles un instant, le regard perdu sur le fleuve qui passe non loin à côté de vous.

— sauf si tu veux attendre le retour de ta sœur. j’ai pour habitude de loger et nourrir les anciens Nemesis qui viennent jusqu’à Falemore.

le regard toujours fuyant. tu ne veux pas te retrouver enfermé dans un passé qui ne fait souffrir que toi — tu en es persuadé.

— des chambres dans l’aile est sont toujours prêtes à accueillir n’importe qui.

tu n’as jamais été n’importe qui, orion.

— réfléchis ou accompagne moi à l’église, mais décide-toi, je te prie.

et ça te brûle les lèvres. cette envie viscérale de lui demander comment il va. ce qu’il devient. est-il heureux désormais. est-il toujours aussi amoureux. te laisserait-il l’embrasser.

toutes ces questions que tu n’oses pas lui poser.

strangers again

mai 2003 -- falemore

sans doute n'imaginais-tu pas ce ton dur, ce visage froid, dépourvu de la moindre émotion à ton égard, quand les tiennes dansaient pourtant dans ton regard. et peut-être que tu regrettes soudainement d'être ici, de te confronter à ses yeux sombres, loin des regards fiévreux qu'il te portait autrefois. tu ne comprends pas ton coeur qui se serre soudainement. ni ton corps pris d'un affreux tremblement. il s'avance, et toi tu recules d'un pas souffrant de cette distance.

tu secoues la tête à sa demande, sans t'étaler davantage. peut-être prendras-tu le train pour rentrer à faestor avant d'emprunter le monorail. et tu regrettes d'avoir voulu faire une surprise à ta soeur, de te retrouver dépourvu et démuni devant ton passé.

ma présence est-elle si désagréable que tu veux me renvoyer ?
est-ce qu'au moins, je t'ai manqué ?

~~les anciens nemesis~~.
n'importe qui.

tu accuses le coup sans réagir. et pourtant la douleur est telle qu'il suffirait qu'il pose les yeux sur toi pour la voir. c'est peut-être tout ce que tu es désormais. n'importe qui. un vague souvenir. ~~un nom raturé sur le papier~~, si tant est que tu aies un jour existé.
ta main se resserre en un poing contre le manche de ton katana et tu n'oses soudainement plus le regarder. tu n'es plus légitime à le faire. tu l'as bien compris.

— je m'excuse de te déranger. je souhaitais lui faire la surprise… je-

il n'était pas bien loin, le docile orion.
le faible orion.
celui qu'on aimait piétiner, écraser, abuser.

soupir glisse sur tes lèvres et tu fermes un instant les yeux. refusant de laisser grandir la souffrance qui brille déjà dans tes yeux.

— je n'abuserai pas de ton hospitalité et la prochaine fois je la préviendrai.

tu t'es toujours senti de trop. jamais tu n'avais ta place. jamais tu n'étais digne pour les autres. peut-être plus encore pour lui. tu n'as été qu'une gêne, qu'un boulet à traîner, qu'un jouet abîmé, qu'un chien bon à abandonner.

le coeur hurle tes envies de saisir son col. regard perdu sur cette cicatrice que tu devines, tu aimerais y glisser tes doigts. tu n'as pas tant changé orion. il t'a fallu deux ans pour t'en rendre compte.

— si tu acceptes que je t'accompagne…

j'aimerais l'éternité avec toi.
juste une fois.
à t'ouvrir mon coeur, te dire tout ce que j'ai toujours tu.
combien je t'aimais. combien je t'aime encore malgré les années.
j'aimerais l'infini avec toi.
une dernière fois.
à délier mes pensées, t'avouer tout ce que j'ai toujours su.
combien je souffrais. combien je souffre encore malgré ce qui nous a séparé.

regarde se perd sur l'étendue d'eau et tu t'es un jour demandé l'effet que ça te ferait de te noyer. perdre le contrôle dans cette immensité.

pleurera-t-il comme moi j'ai pleuré ?
cherchera-t-il à me sauver, me récupérer, et me soigner ?

ai-je un jour réellement compté ?
m'as-tu aimé ?

(code) awona // avec @CRONOS LYNES

strangers again

melodiam

tu aurais souhaité avoir plus de temps avant de le revoir. guère prêt pour le voir revenir dans ta vie telle une tempête dévastatrice. ton regard, toujours fuyant, vient se perdre sur le poing serré contre le manche de l’arme.

et il s’excuse.
semble perdre de toute sa superbe,
de tout ce tout qui fait de lui cet homme aujourd’hui.

— peu importe. tu es là. je ne vais pas te chasser. mais à l’avenir, si tu veux faire une surprise à eve, je te demanderais de me contacter. ou bien alma si tu es plus à l’aise avec l’idée.

parce que je ne supporterais pas de te voir arriver sans prévenir une nouvelle fois.

il te rendrait faible, bien plus que tu ne l’es.
tu t’es engraissé, cronos.
vieille limace qui semblerait se laisser m o u r i r .

— tu n’abuses d’aucune hospitalité.

la porte correctement fermée derrière vous, tu commences à marcher, attendant, tacite, qu’il ne te suive. en quelques pas à peine, ton regard glisse de biais. tu cherches à l’avoir dans ton champ de vision. devenu paranoïaque depuis que tu te laisses vivre ici, en ces terres.

me planterais-tu dans le dos pour te venger de tout ce mal que je t’ai fait, orion ?

— je te l’ai dit, mon domaine est ouvert pour tous les anciens Némésis. je ne crache pas sur les souvenirs d’un passé commun. qu’importe ton allégeance actuelle.

bien sûr que tu lui en veux. d’avoir choisi cette femme, ces gens, plutôt que toi. toi qui a su être là lorsque le monde ne voulait pas le voir. toi qui a su lui offrir sa vengeance. toi qui l’a vu embrasser son chaos.

toi qui n’a pas su l’aimer comme il le méritait.
toi qui n’a pas su le garder à tes côtés.
toi qui égorgerait elijah carter sous ses yeux,
qui lui arracherait le cœur pour l’offrir à orion armstrong.

mais cet homme devant toi n’est plus orion.
plus celui que tu connaissais.
celui que tu ~~aimais~~, à ta façon.
celui que tu aimeras toujours,
à ta façon.

le silence entre vous n’est pas l’un de ces silences que tu apprécies. il est lourd, étouffant. mais tu n’oses rien dire. pas tout de suite. tu as besoin de temps, encore un peu. sur votre passage, on te salue respectueusement. parfois avec même un regard admiratif. plus souvent avec de la crainte. c’est lorsque les murs de l’église se voient au loin que tu te racles la gorge.

— tu- as changé.

tes mains tatouées se posent sur la double porte lourde de la bâtisse que tu pousses. la lumière ambiante y est sanglante. à l’image de ce monstre qui dort paisiblement en toi.

— es-tu heureux à ses côtés ?

aucun nom précisé.

elijah carter
ishtar forbes

peu importe qui.
le résultat reste le même.

ils te l’ont volé.
a r r a c h é
ne te laissant plus que cette amertume dans l’âme.

avancé jusqu’à ce qui semble être un autel sacrificiel sculpté par des pièces de divers métaux, tes mains se posent tout en douceur contre l’accoudoir d’un prie-dieu bien plus avancé et centré que les autres. ton regard se pose, mélancolique, sur le vitrail central. l’unique que tu as fait refaire.

représentant la carcasse métallique de l’Unique en arrière-plan. Son œil un peu plus centré. ainsi qu’une silhouette encapuchonnée, des mains tatouées recouvrant le visage. Isaac. l’unique vitrail tout en nuance de gris.

strangers again

mai 2003 -- falemore

le pas suit le porteur alors qu'il commence à marcher. et tu restes silencieux. n'as pas l'intention de lui faire le moindre mal bien que tu aurais voulu te venger mille fois de la douleur qu'il a gravée en toi. et peut-être l'aurais-tu fait avec un peu plus de courage. la vérité c'est qu'il est le seul que tu ne pourras jamais atteindre, ô combien tu l'as toujours désiré.
si aujourd'hui tu n'es plus sien, tu ne peux t'empêcher de ressentir toutes les traces de ce passé vécu à ses côtés. peu importe si ton nom est celui d'une autre. il y aura toujours lui.

lui qui a su t'éveiller.
lui qui a su te sauver.
lui, lui, lui.
partout dans ta vie. partout dans ton esprit, et le corps marqué à vif.

ne réponds rien qu'un hochement de tête tandis que tu le suis à travers la ville; la main quittant le manche de ton katana pour rejoindre l'autre dans ton dos. tu n'as aucune raison de ressentir la moindre menace. ce n'est pas lui qui te portera le coup de grâce.

il parle cronos. de changement. de bonheur.
mais tu ne sembles plus familier à tout cela.
peu importe de qui il parle. si même il s'agit d'elijah ou ishtar.

es-tu seulement heureux ?

le silence lui répond d'abord alors que tu observes l'intérieur de l'église d'un oeil curieux. peut-être cherches-tu la réponse à travers la lumière parvenant des vitraux. tu te détournes bien vite, ne soutenant pas les croyances du porteur. pourtant, elles ont un jour couvé ton coeur.

tu t'avances, silencieux et respectueux d'un tel lieu bien que tu ne crois plus en rien; arrivant presque à sa hauteur mais t'imposant une distance.

— serais-tu capable de reconnaître mes mensonges, cronos ?

me connais-tu encore aussi bien que par le passé ?
ai-je réellement tant changé ?

tu l'observes un moment qui te parait une éternité avant de hausser mollement les épaules. le regard soudainement perdu dans le vide. un sourire sans joie se dessine alors sur tes lèvres et tu décroises tes mains pour replacer tes mèches vers l'arrière.

— non, je ne suis pas heureux.

aveu ne semble pas plus t'affecter. tu as depuis longtemps renoncé, ne te croyant pas capable d'y prétendre. pas alors que le chaos n'a cessé de t'accompagner. pas alors que tu gardes précieusement les souvenirs des cadavres que tu as piétinés. des vies que tu aurais voulu arracher.

à ses côtés sans doute, tu aurais pu prétendre à ton salut.
le laisser maître de cette vie qu'il avait façonnée.

mais tu es parti.
laissant l'amour et la dévotion que tu ressentais pour lui;
que tu ressentiras toujours.

— quelle importance ? il y a bien longtemps que j'ai fermé les yeux. oui j'ai changé, sans doute.

certaines choses sont pourtant restées. sont toujours ancrées. il a toujours été ta priorité.

un soupir las s'échappe de tes lèvres et tu portes un nouveau regard sur lui.

— et toi, es-tu heureux ici ?

es-tu heureux d'être si seul ?
es-tu heureux du mal que je peux ressentir ? regrettes-tu que je sois parti ?

(code) awona // avec @CRONOS LYNES

tw: religion, automutilation, sang

strangers again

melodiam

sembles bien plus attristé de ressentir ce manque de foi chez orion qu’à l’époque. croyance avait déjà beaucoup de place dans ta vie avant votre chute. là où le fanatisme d’un homme se trouvait n’est désormais plus que dévotion total à votre Créateur. alors, le regard empli d’une étrange mélancolie, tu le scrutes, lui qui semble à peine être curieux.

mains continuent de caresser le prie-dieu. la paume effleure, se rape tout contre les divers barbelés et pointes en métal qui parent l’accoudoir. son silence pèse bien trop lourd dans ton coeur. peut-être pourrais-tu te laisser faire aux mains d’orion ; le laisser t’arracher ton souffle de vie. l’Unique t’en voudrait-il ? question se pose tandis que tu regardes ta main gauche se piquer un peu plus fort contre les pointes. sourire épuisé, triste collé au visage lorsqu’enfin il te répond.

— cela sera bien présomptueux de ma part que de penser que je te connais encore, orion armstrong.

visage se redresse, dos se déploie. l’allure princière bien qu’un peu plus fatigué qu’avant, si on arrive à le comparer. et tes yeux noirs se posent sur sa silhouette si claire.

— mais j’aime croire que j’en serais toujours capable.

sourire n’est que vide, vertige dans un monde trop vaste qui n’est et ne sera jamais le tien. pas sans les tiens.

lèvres entrouvertes semblent laisser échapper un soupir épuisé et gonflé de promesses moites et tacites d’un autre temps alors que tu le vois toucher à ses cheveux. sensation au plus profond de tes entrailles que tu préfères ignorer sagement. et enfin,

il l’avoue.

le bonheur l’a définitivement quitté. a-t-il seulement déjà été réellement heureux ? même avec toi ? ton sourire toujours collé, figé, à ton visage ; tu laisses la paume et les phalanges de tes doigts se faire transpercer par le prie-dieu. martyr préfère libérer ses maux en taisant ses mots. le métal ne se réchauffe pas au contact de sa peau, de son sang qui coule. corps froid. cœur froid. peut-être même bien avant qu’Eclipse ne pleure pour toi.

ravale la fierté, la bile au fond de la gorge et les mots malins pour faire croire que tout est comme avant.

rien n’est plus pareil.

douleur dans tes chairs n’existe plus depuis bien longtemps maintenant. à peine un sentiment de libération. tout ce qui hante, ce qui pèse trop lourd sur tes épaules depuis ce temps, semble à peine plus léger grâce à ta foi.

— ton bonheur a toujours été important pour moi. aussi destructrice fut ma façon de le montrer, si tu m’as aimé ne serait-ce que le temps d’un soupir, alors crois-moi orion.

à vous regarder ainsi, à hauteur et pourtant si loin, ça t’en broie le myocarde. maxillaires se contractent pour forcer le corps à ne pas dégueuler tout ce que tu essayais désespérément de cacher tout ce temps.

à douter de ses sentiments ;
à douter de tes motivations ;
à douter de ton amour.

— tu es plus beau qu’avant.

lui qui a changé en deux ans. lui que tu ne reconnaitrais sans doute plus, en deux ans.
toi qui n’a pas changé. toi qui a toujours les mêmes cicatrices à l’âme, au corps.

doigts se resserrent, blanchissent les phalanges tandis que le sang coule et goutte.

plic

p l o c

un rire s’étrangle au fond de ta gorge. tu relèves alors la tête, plantes ton regard dans cet oeil unique qui vous scrute, vous juge, vous toise ; dans ce vide noir sous cette capuche. absence qui rend encore plus froide ton âme.

— je ne suis pas malheureux.

voix franche, sûr de toi. annonciateur d’un funeste et tragique destin.

— cependant, quelqu’un comme moi ne peut pas être heureux. je suis, simplement. j’existe pour Eclipse, par Eclipse. ma vie, ma faim, mes projets sont pour Lui. Il ne m’a pas choisi pour être heureux. Il m’a choisi pour…

voix se meurt. doute persiste.

pourquoi t’a-t-il choisi ?

essaies d’oublier, d’occulter les doux rires de saoirse ; les repas partagés avec Alma ; les sourires délicats d’eole ; l’innocence d’Andreas ; la tendresse de Delilah ; les fous rires de Ludo ; les silences apaisants de Juniper.

toi qui ne mérite rien d’eux.
toi qui ne mérite rien de lui.

— Il m’a choisi pour guider ce monde et Le nourrir. c’est tout. je n’en suis pas malheureux.

mais tu n’es pas heureux, cronos.
à te l’interdire nuit et jour.
jusqu’à la fin des temps, de ton temps.

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