Jolie fleur du mois de Mai

Ce matin, tu t'es réveillée quand il faisait encore noir dehors. Tu t'es habillée en silence, à moitié endormie tu as pris la route qui t'emmène à ta modeste boutique. Le rideau de fer que tu abaisses tous les soirs pour te protéger de cambrioleurs est capricieux, ce matin. Il ne veut pas se lever. Tu forces et forces et forces encore. Ça fait un bruit impossible dans la rue, tu ne peux qu'imaginer les voisins bougons à cause de tes problèmes. Tu finis par réussir. Tu places quelque part dans ton cerveau une note pour huiler le rail. Sans quoi un matin, tu te retrouveras vraiment bloquée dehors.

Tu finis donc par rentrer, tu mets ton tablier et tu commences ton travail. Il est 5h. Tu formes les patons et tu les enfournes à la suite. Le temps passe vite, au milieu de la musique. Il est rapidement l'heure d'ouvrir. Vers 6h45 tu sors ta petite terrasse, qui consiste très concrètement en deux tables et quatre chaises, qui laissent heureusement assez d'espace pour naviguer dans la ruelle, juste avant de finir la mise en place dans la vitrine. Parfait. Tout est parfait.

Alors c'est parti, t'ouvres boutique. Les clients s'enchainent, la matinée passe. Vient l'heure de la fermeture, tous tes produits étant vendus, ou presque. Il ne reste que quelques pains au chocolat, deux ou trois baguettes et une dizaine de chouquettes. Un coup d'oeil dans ta réflection dans la vitrine te montre exténuée. Ta jolie robe blanche, complètement inadaptée pour la saison et pour le travail manuel que tu fournis, est tâchée par endroits, précisément parce que tu fais un travail qui demandent des habits qui peuvent être salis. Tu soupires. Heureusement que tu ne t'en rend compte que maintenant, à quelques minutes de la fermeture... Sinon tu aurais eu honte toute la journée.

Nidia

Emelyne

JOLIE FLEUR DU MOIS DE MAI

Un tourbillon de fumée s’élève dans le ciel rosacé de Neptunia Harbor. C’était toujours une jolie vue à voir. L’eau de l’étang qui tourne au rose pastel, pendant qu'au fond le soleil vient s’écraser sur l’horizon. Il n’y a pas à dire, c’était toujours un bon endroit ou finir son service. Le bruit de la cigarette qui se consume, la botte qui écrase le mégot à terre juste après, c’est peu être un endroit idyllique, mais ce n’est sûrement pas une exception. Tous les soirs où la brigadière patrouille dans le district, elle vient fumer une cigarette au bord d’un étang, et ce soir n’est en effet pas une exception. Ça reste toujours sympa comme endroit pour finir son service malgré l'habitude.

« Faut vraiment que j’arrête cette merde. »

Marmonne-t-elle, jetant un coup d’œil à son paquet déjà à moitié fini. Au moins aujourd’hui était une journée calme, c’était toujours agréable ici de toute façon, se balader au bord d’un lac, regarder toutes les babioles des divers marchés et aller calmer deux négociants qui se prennent la tête sur le prix des carottes, on a vu plus éreintant comme journée. Mais ça reste pesant ce manque d’action. Bon, ça ne sera visiblement pas pour aujourd’hui la bagarre du siècle à calmer ou le malfrat à poursuivre à travers le marché, il se faisait tard, et il fallait rentrer maintenant.

Mais quelque chose lui fait de l’œil. En passant devant une vitrine sur le chemin, son point faible accroche directement son regard. Des pains au chocolat. Du chocolat. Elle râle et chuchote ;

« Je suis en uniforme, est-ce que c’est vraiment une bonne idée... Mais j'ai bien travaillée aujourd'hui, ça vaudrait pas le coup ? »

L’image, c’est important. C'est bête, mais pour elle se faire voir acheter des sucreries lui donnerai un air trop détendu aux yeux de ses concitoyens. Mais ce n'est pas si important que ça visiblement. Presque machinalement, comme si la question qu’elle s’était posée à elle-même n’était que rhétorique, elle rentre dans la boulangerie, vérifiant d'un coup de tête autour d'elle que personne ne l'avait vu rentrée à l'intérieur.

Elle affiche automatiquement un grand sourire à la boulangère, venant presque s’accouder au comptoir et ne faisant pas tout de suite attention à elle, son regard étant plutôt collé aux deux pains aux chocolats restant.

« Bonsoir, je voudrais deux pains au chocolat je vous prie. »

Le regard glisse des pains au chocolat au regard de la boulangère, d’un bleu chatoyant. Nidia se retrouve à rougir légèrement, surprise d’à qu’elle point celle-ci pouvait être mignonne. Voir ce visage à l'allure angélique contrasté avec son tablier tâché lui donnant l'impression de voir une délicate princesse qui s'attèle aux fourneaux. Elle se penche un peu plus sur le comptoir sans s’en rendre compte, voulant sûrement mieux voir le joli minois en face d’elle, et reste légèrement pantoise, attendant une réponse.

« Bonsoir, je voudrais deux pains au chocolat je vous prie. »

Tu soupires discrètement en voyant encore un client rentrer dans ta boutique, tu espérais pouvoir rentrer chez toi, et surtout manger les derniers invendus. Tant pis. C'est une brigadière. En voilà une bonne occasion. C'est une jeune femme qui a l'air assez peu avenante à première vue, peut être que l'uniforme n'aide pas, certainement même.

« Bonsoir, bienvenue dans ma modeste boutique. Deux pains au chocolat c'est ça ? Allez ! Je vous en offre un pour votre service et en échange on prend un moment pour discuter avant la fermeture de la boutique ! »

Tu n'as pas honte, il n'y a pas de mauvais moyen de fidéliser ta clientèle. Prendre du temps avec eux quand tu le peux, c'est un bon moyen. Tu te dis qu'il vaut mieux une personne qui a ta sympathie et qui reviendra régulièrement plutôt qu'une personne qui vient une fois et ne viendra plus jamais. Pour un petit commerce de proximité, tes parents t'ont toujours dit qu'il valait mieux ça. Alors tu appliques bêtement. Et tu as déjà commencé à préparer les deux pains aux chocolats de la cliente. Tu vois difficilement comment elle pourrait refuser, bloquée à la fois par sa position de brigadière et par l'offre d'une ristourne. Tu retires rapidement et habilement ton tablier avant d'inviter la jeune femme à te suivre à l'extérieur, tout en essayant de remettre un peu d'ordre dans tes cheveux et dans ta tenue en général.

Dehors, tu poses un plateau avec des décorations florales sur la table directement à droite de la porte en sortant, celle qui est devant la vitrine maintenant vide. Ta terrasse n'est pas bien élaborée, et c'est vrai qu'il ne fait pas particulièrement bien chaud à cette époque de l'année, mais on ne peut pas t'enlever que le coin est particulièrement mignon, certains diraient pitoresque. C'est comme ça que tu réussis à charmer les clients, puis aussi avec la chaleur que tu leur apporte dans le dialogue, comme maintenant même. Malgré tout, tu tentes de dissimuler un petit frisson, sans grand succès. Tu t'assois rapidement, en serrant les dents quand ton corps rentre en contact du métal glacé de la chaise. C'est qu'un mauvais moment à passer, bientôt ton corps se sera habitué au froid.

« Alors, vous venez d'où ? Qu'est-ce qui me vaut votre visite ? J'ai rien fait de mal j'espère ! »

L'humour, y'a rien de mieux pour lancer une conversation, c'est parfait. Si tout va bien, elle reviendra tous les jours manger son pain au chocolat.

Nidia

Emelyne

JOLIE FLEUR DU MOIS DE MAI

Toujours un peu pantoise, écoutant calmement l’offre de pain au chocolat gratuit, son visage affichant toujours un sourire. Ses yeux suivent la chevelure rose travaillée avec diligence derrière le comptoir et préparer sa commande, avant que celle-ci ne se dirige vers l’extérieur. Il n’y a que l’information du pain au chocolat gratuit qui avait apparemment transité par son cerveau, la brune se retrouvant un peu plus surprise.

D’un mouvement, elle se relève, s’étant par mégarde un peu trop affalée sur le comptoir, se dirigeant vers la table où s’était installée la boulangère. Son postérieur confortablement calé dans la chaise, une jambe sur l’autre, sa main vient tout naturellement saisir son paquet de cigarette dans la poche intérieure de sa veste d’uniforme. Presque la clope au bec, elle se ravise, se disant que ça ne ferait pas trop bonne impression de fumer et surtout enfumer sa partenaire de conversation, surtout pour une première rencontre. Alors qu’elle range ses cigarettes, elle rétorque, un sourire narquois aux lèvres ;

« Ne vous inquiétez pas, si vous aviez quelque chose à vous reprocher, vous l’auriez su très vite. J’ai simplement vu la devanture de votre magasin pendant que j’étais en route pour rentrer de mon service et j'ai cédée à la tentation du chocolat. Pour tout vous dire, je viens de Bomei. Voir les belles eaux et la verdure de Neptunia ça permet de me changer les idées et surtout de changer de paysage. Vous conviendrez que c’est quand même plus agréable de patrouiller ici que dans mon district d’origine. Et vous alors, vous êtes d’ici ? Et c’est votre boulangerie à vous pour qu’elle soit aussi jolie ? »

S’interrompant pour venir saisir un pain au chocolat, elle croque à pleines dents dedans, un grand sourire de plaisir apparaissant sur son visage. Elle apprécie visiblement la viennoiserie, même si elle n’était pas sortie du four. Le pain au chocolat à moitié dévoré à nouveau sur le plateau, elle reprend ;

« Pardonnez-moi, j’ai presque oubliée de me présenter d’ailleurs, je suis malpolie. Je m’appelle Nidia Durruti, Brigadière du Temple de la Terre. Et vous alors ? »

Le pain au chocolat est saisi aussi tôt que sa phrase est finie, la viennoiserie n’ayant plus pour longtemps à exister.

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