(fb août) open your mind ◈ Odelin & Delilah

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Odelin & Delilah Août Elyon Tower

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That I must be out my mind
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Ses pas claquent dans les vastes couloirs d’Elyon, sous la finesse de ses talons aiguilles et l’impérialité de sa démarche élégante. Elle revêt aujourd’hui un tailleur monochrome beige, savamment accordé au moindre de ses accessoires, et dont le pantalon cintré souligne agréablement sa taille sous une veste dont la coupe est méticuleusement calculée pour mettre en valeur le tout. Son sac se balance avec légèreté contre le haut de sa cuisse au rythme de l’ondulation chaloupée de ses hanches alors qu’elle porte à ses lèvres la paille de son café frappé sans même ralentir.

Entre les murs de verre de l’entreprise, Delilah était comme à la maison.
Elle salue à peine du bout des doigts, s’attarde seulement les personnes les plus importantes, les plus stratégiques, et ne perd de temps en discussions de couloir mièvres que lorsque cela lui est utile.
Dans l'ascenseur, elle sourit poliment et adresse un banal compliment à un autre directeur de service pour son travail en ramenant délicatement ses cheveux blonds sur son épaule, un geste plus machinal qu’utile.

Une fois à l’étage qui l’intéresse, elle abandonne poliment ses compagnons de route et les oublie aussitôt la porte de métal refermée derrière elle pour que ses pas la mènent jusqu’à l’une des salles de pause fréquentée par Odelin Angiers qui devait sûrement déjà l’attendre.

Et elle ne se trompe pas.
Quand Delilah l'aperçoit, ses lèvres, qu'elle a habillé d’une très jolie couleur marron-glacé, s’étirent en un sourire ravi. Elle lève, en signe de salutation silencieuse, la deuxième boisson qu’elle portait dans son autre main et qui lui était destinée, réduisant, sans se presser, la distance qui la sépare de son ami.

- Ody, chéri. Je t’ai pris à boire pour que tu pardonnes mes quelques minutes de retard.

La jeune femme colle un baiser sur sa joue sans se soucier d’y laisser une marque de rouge à lèvres, et se glisse à ses côtés en faisant glisser son offrande devant l’informaticien. Ses cils papillonnent et la malice teinte ses yeux verts alors qu’elle désigne du menton un groupe de commerciaux en costard qui les lorgnent avec curiosité.
Delilah souffle, moqueuse, en jouant avec sa paille.

- Ils ne s’y font toujours pas hein ? Toi et moi. Notre amitié les dépasse. Je me demande combien d’entre eux te jalousent encore, depuis le temps. Celui-ci m’a invité à déjeuner mais j’ai dit que j’étais déjà prise par mon informaticien préféré.

Son sourire est presque cruel quand elle désigne du bout du petit doigt l’un des curieux à une table un peu plus loin. Elle en rajoute un peu parce qu’elle sait qu’Odelin s’en amuse presque autant qu’elle. D’ailleurs, sa main ne tarde pas à venir se glisser dans ses cheveux bruns un court instant. Suffisamment longtemps pour tendrement s'enquérir de l’état de son ami, trop longtemps pour ne pas attirer un ou deux regards maussades.

- Je suis contente de te voir. Est-ce que tu vas bien Ody ?

bettyleg

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Au fond de la salle de pause, tu observes les allées et venues. C’est presque plus passionnant que ton propre travail (presque). La majorité t’ignore, l’avantage d’être dans un secteur obscur d’Elyon : peu de gens savent réellement à quoi tu sers.
Tout ce qu’ils savent, c’est que tu fais beaucoup d’heures supplémentaires et que tu es très sympathique, bien que tu ne sembles pas avoir de vie en dehors de ton travail.
S’ils savaient !
Les apparences sont décidément hilarantes.

L’air de rien, accoudé au dossier d’une banquette confortable au fond de la salle, tu sembles passer en revue tes messages personnels - qui n’occupent en réalité qu’une petite partie de ton attention. Ton réel plaisir, c’est d’observer les gens. Tu remarques un cadre bien en vue bousculer une secrétaire sans se retourner et elle qui se crispe à peine, comme si elle voulait rentrer dans sa coquille. Tous ces fragments forment la vaste mosaïque d’Elyon. Les dynamiques de pouvoir chahutent les faibles, caressent les forts.
Tu pourrais dire que tu prends ta pause en observant ce passionnant ballet mais tu mentirais - ce qui ne te dérangerait pas, en fait.

En réalité, tu attends Delilah qui est en retard. Pas que tu sois vraiment étonné, elle papillonne probablement dans les couloirs, s’amusant des codes que tu aimes tant observer. Mais si tu te tiens volontairement en retrait, elle y plonge toute entière ; pourtant elle parait y prendre du plaisir et plus fort encore : tirer son épingle du jeu.
Tu l’admires (un peu) pour ça, même si tu ne le diras jamais à voix haute. De toute façon, perspicace comme elle est, elle doit le savoir.

Le battant de la salle s’ouvre une fois de plus pour la laisser passer, les mains occupées par une boisson chacune. Son regard te trouve et elle s’approche, tu clos l’écran de ta Olid (qui sert davantage ton insertion dans le décor que son but premier à ce stade) et offre un sourire sincère en te redressant. Tu vois tous les regards se braquer vers elle - puis sur toi, au fur et à mesure qu’elle arrive. D’élément de décor, tu deviens centre d’intérêt majeur.
— Salut princesse, tu réponds sans t’offusquer du surnom dont elle t’affuble - de sa part, tu laisses passer beaucoup de choses. Pire encore, tu n’es pas certain du tout que le surnom t’offusque.

Un rire léger s’échappe de ta bouche alors qu’elle pose ses lèvres sur ta joue. Tu espères qu’il y restera une trace de rouge à lèvres (la connaissant, elle a probablement fait son manège à dessein).
Enfin tu saisis la boisson qu’elle te tend sans te départir de ton sourire.
— Tu n’as rien à te faire pardonner mais je te remercie pour le cadeau.
Del s’amuse tout autant que toi à jouer cette comédie sociale - vous en faites des tonnes et vous en amusez. Plus c’est gros, mieux c’est.

Tu ignores ce que les gens pensent que vous êtes (tu l’ignores toi-même, même si tu ne l’admettras pas) mais leurs réactions sont très divertissantes.
— Tu lui as brisé le cœur, le pauvre chaton, tu ironises et poursuis d’un ton railleur : Si la jalousie est la seule chose qui les fait se sentir exister, qui suis-je pour la leur ôter ? Ils devraient nous remercier d’alimenter leurs ragots pour rendre leurs vies insipides un peu plus intéressantes.

Sa main dans tes cheveux, tu poses la tienne autour de ses épaules, en ignorant la satisfaction que tu ressens à ce geste.
— Je vais aussi bien que je peux en passant mes journées à réparer les bêtises des enfants patauds qui semblent peupler cet endroit. Et toi alors ? tu t’enquières par politesse - mais véritablement intéressé, le sourire qui demeure (toujours).
Personne de ton service dans la salle et surtout personne de ta hiérarchie - tu te moques allègrement des commerciaux et autres communicants mais jamais de personne qui pourrait avoir un impact sur ta carrière. Tu sais que tu dois faire deux fois plus d’efforts que tout le monde pour progresser - et vu comme tu vises haut, tu n’es pas au bout de tes peines. Ton attitude est largement tolérée par ta hiérarchie - à vrai dire, elle te sert plutôt.
Joindre l’utile à l’agréable, que demander de plus ?

— Je ne fais pas dans la charité alors ils devront se contenter de cette dose de ragots pour aujourd’hui. Ça te dit d’aller dans mon bureau ?
Bien conscient qu’à travers cette invitation tu ne fais qu’entretenir les dits-ragots. Mais après tout, Del et toi en êtes tout à fait friands - ils sont toujours sources de beaucoup de rires entre vous.

Et puis, tu tiens à lui parler des remous de Nemesis - même si elle t’a assuré s’intéresser à leur idées car tout le monde devrait pouvoir s’exprimer, tu redoutes un intérêt plus profond. Pas vraiment le genre de choses dont vous pourriez parler en public.

En te relevant, tu retires volontairement lentement ta main de son épaule (ignore le regret qui point), attrape ta boisson que tu as bien entamée en l’écoutant. Devant la porte, tu t’inclines, joueur : Après toi princesse !

Ton bureau n’est pas très loin, tu ignores royalement les regards pour retrouver le calme de ta pièce de travail, Del sur tes talons. En fermant la porte, tu t’affaisses à peine - signe que vous êtes seuls, lui désigne un des deux fauteuils qui peuplent ton bureau tandis que tu prends l’autre. Le masque se lève un peu (pas de beaucoup mais elle n’a pas besoin de le savoir) et c’est peut-être la seule à Elyon à qui tu fais assez confiance pour ça.
Paranoïaque comme tu es, tu as obtenu l’autorisation d’allumer les caméras (et le micro qui va avec) uniquement lorsque tu quittes Elyon. D’un bref regard au moniteur que tu as piraté, tu vérifies qu’elles sont bien éteintes - sait-on jamais. Un jour, elles l’étaient, même si tu n’aurais pas du le savoir.

Enfin certain d’être tranquille, tu déclares à mi-voix, l’amusement des excès sociaux résorbé :
— J’ai des nouvelles de Nemesis.

pv. Delilah

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Delilah s’amuse de tout ça, frivole. Tout n’était qu’un jeu à ses yeux lorsqu’elle évoluait en société. On lui avait appris les bases, elle les avait sublimées comme un art qu’on pratique avec passion et intérêt. Elle s’amusait d’autant plus de voir qu’Odelin, son Ody souriant et piquant, se prêtait au jeu avec une facilité déconcertante et un plaisir presque aussi grand que celui qu’elle éprouvait à cet instant. Il était devenu un partenaire fascinant. Ses “princesse” avaient toujours un goût délicieux sur les lèvres colorées de la jeune femme qui venaient de laisser une marque sur la joue de son aîné pour son plus grand plaisir.

Elle sourit, agite la main avec une élégance nonchalante pour signifier que le plaisir était pour elle, sans un mot. Avec lui, elle ne jouait pas. Pas trop. Tendrement. C’était différent.
Puis elle rit à gorge déployée d’une voix cristalline et enchantée. Attire les regards sur eux. L’ironie d’Odelin était si douce à ses oreilles, comme un bonbon acidulé, addictif et savoureux.

- Tu sais que je briserai tous les cœurs qu’il faudra pour ton bon plaisir et ton amusement Ody chéri. Et comme d’habitude tu as raison, sans nous leurs vies seraient si tristes. Nous sommes des êtres si généreux d’alimenter les discussions et les fantasmes des petites gens.

Aussitôt dit, aussitôt fait, la jeune femme s’était pressée sans attendre contre l’informaticien quand celui-ci avait enroulé son bras autour de ses épaules. Elle ne s’est pas départie de son sourire, faisant glisser le bout de son doigt parfaitement manucuré sur le bout du nez d’Odelin avec douceur.

- Odelin, tu es condamné à être extraordinaire dans un vaste monde de ratés et de médiocres. Je suis désolée mais c’est ainsi. Ton destin. Quant au mien…

Son sourire s’élargit encore un peu plus alors que ses yeux pétillent. La nouvelle était tombée, Helsinki allait être père et elle, elle bouillonnait de rage et de douleur. Et également d’un sentiment plus intense encore de révolte terriblement agréable. Mais Odelin n’était pas venu pour entendre cette histoire, chaotique en tout point de vue, et elle lui caresse tendrement le bras en coulant un regard vers leurs spectateurs.

- On en parlera autour d’un verre plus tard. Mais je vais bien.

Sa malice et sa moquerie rejoignent celles d’Odelin quand leurs regards se croisent et qu’elle souffle un léger “Avec plaisir.” à sa proposition, un rictus taquin accroché au coin de sa jolie bouche quand ils se lèvent tous les deux, agrémentant leur show constant d’une nouvelle scène sans se soucier de leur public.
Ils savent tous les deux qu’ils ont plus important à faire, loin des oreilles trop curieuses et des yeux indiscrets qui les suivent d’ailleurs pour ne perdre aucune miette de leur manège. Princesse qui en rajoute en passant devant Odelin comme une reine avant de l’attraper par le bras pour qu’il cesse ses bêtises, en riant.

Une fois dans le fauteuil désigné par le maître des lieux, Delilah croise ses jambes interminables en attendant que les vérifications d’usage soient faites. Elle ne râle pas, elle connaît Odelin et son besoin de se sentir en sécurité. Ce qu’elle respecte. Et elle apprécie particulièrement être en lieu sûr entre les murs de son bureau.
Quand il consent à lâcher ses informations, la jeune femme se redresse, cessant de tourner sur elle même dans ce fauteuil confortable, faisant face à son ami, l’expression légèrement différente, trahissant une excitation grandissante.

- Je mourrais d’envie de t’entendre dire ces mots Ody chéri. Qu’est-ce que tu as vu ?

Roulant jusqu’à lui, la paille de sa boisson toujours à ses lèvres, elle plante dans son regard ses yeux émeraudes, avide de savoir, avide d’apprendre. Toute proche de lui.
Tout n’était pas encore tout à fait clair dans son esprit, mais chaque découverte qu’ils faisaient la confortaient dans l’attirance qu’elle éprouvait à l’égard de cette organisation sans jamais arriver à l’en détourner. Plus elle y songeait lorsqu’elle était seule, plus les doutes l’assaillaient.
Lorsque Odelin et elle évoquaient le sujet, elle tâchait cependant de garder une curiosité purement factuelle. Mais force est de constater que la démarche était de plus en plus dure, surtout lorsque son ami manifestait de la méfiance à ce sujet.

Sa voix douce vient lui caresser la joue comme on flatte un de ces félins qu’il aimait tant.

- Tu sais que je ne fais confiance qu’à toi, ici. Sur ce thème ou sur un autre. Et que tu peux faire de même avec moi. N’est-ce pas ?

bettyleg

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Qu’est ce que tu as vu ?

Vaste question. Tu tiens toujours au courant Del lorsque tu apprends de nouvelles choses. Tu insistes à chaque fois sur le côté négatif de Nemesis car tu as vu l’intérêt que Del leur porte - il est dangereux.
Tu ne te fais pas de soucis pour elle, tu sais qu’elle se débrouillerait seule pour avoir ces informations si tu ne lui avais pas promis de la tenir au courant. Mais tu t’inquiètes de cet intérêt. Elle a beau te dire que ça reste de la simple curiosité, tu as assez côtoyé des gens “simplement curieux” pour savoir que ça n’est pas le cas.
Mais, dans ton arrogance, tu espères la détacher de cet intérêt. Et les nouvelles que tu as aujourd’hui risquent de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Sa main sur ta joue déclenche un frisson que tu réprimes. Tu détestes ressentir ça. Ça biaise ton jugement, ça te pousse à faire des choses stupides, ce que tu ne peux pas te permettre.

— Je sais, alors que tu lui mens sur l’origine de tes informations, affirme que ça te vient de sources plus haut placées à Elyon.
Ce n’est pas entièrement faux mais ça relève plus du mensonge que de la vérité. Mais adl reste ton secret à toi et Légion demeure loin de ton discours également.
Il n’y a qu’une seule autre personne à qui tu fais confiance à Elyon mais dans un autre registre. Del est la seule qui a cette partie de ta confiance.

— Leur leader a attaqué la héraut de l’Eau, Ishtar Forbes.
Tu es rarement aussi sérieux lorsque tu es Odelin qu’à cet instant, laissant le silence s’installer et apporter du poids à ce que tu viens de dire.
— Il l’a presque tuée, en fait. Et je doute qu’il s’arrête à ça.
Tu as entendu une vague rumeur concernant le héraut de la Terre mais tu ignores sa fiabilité.

— Je suis inquiet, tombe comme un aveu rare. Tu gardes toujours tes sentiments sous scellé habituellement. Mais aujourd’hui, tu tiens à être le plus sincère possible. Alors tu découvres un peu de sentiment - juste un peu. Je pense que les choses vont s’accélérer très bientôt.
Tu n’en sais rien, ça n’est qu’une sensation, un doute terrible. La certitude est un luxe dont tu aimerai ardemment bénéficier.

pv. Delilah

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Comme à son habitude, Delilah prend ses aises et envahit l’espace vital d’Odelin sans se soucier de ce qu’il pouvait en penser. A vrai dire, elle espérait qu’il soit assez honnête pour lui dire en face ce qui le gênait chez elle.
Donc, tant qu’il ne lui disait rien, elle se permettait des choses. Toutes sortes de choses. Et il ne disait toujours rien. Parfois, elle se demandait même si l’informaticien ne lui laissait pas passer bien plus de choses qu’il ne le voudrait.

Le regard brillant, avide, elle lui offre un sourire tendre. Il sait et tant mieux. Mais s’il avait eu leur malheur d’oublier, elle ne se serait pas privée de le lui rappeler encore, encore et encore.
Des mauvaises langues auraient pu croire que son attitude était intéressée. Elle espérait profondément que cette idée n’effleure pas une seule seconde l’esprit d’Odelin.

Leurs fauteuils tout proches, elle avait posé une main sur le bras de son ami pour l’encourager à parler et ne put masquer sa surprise et sa brûlante curiosité. Le visage de ce dernier s’était d’ailleurs grandement assombri et il était toujours étrange pour Delilah, de le voir si sérieux, même après toutes ces années, même en le connaissant mieux que la grande majorité du personnel de la tour.

- Comment ? Pourquoi ? Ou ?

La nouvelle la rend curieuse et la laisse songeuse. Étrangement détachée de la violence, pour chercher à comprendre comment une telle chose était possible.

La jeune femme s’est redressée sur son fauteuil, plissant le nez. Elle ne le sait pas, mais c’est un petit tic qu’elle a régulièrement quand elle réfléchit tout en étant légèrement contrariée.
Elle se balance de droite à gauche sur son fauteuil en jouant avec une longue mèche blonde qu’elle entortille entre ses doigts.
Mais ses yeux émeraudes ne lâchent pas Odelin. Il était bien trop rare de le voir aussi grave et aussi inquiet. Il voyait souvent des choses qu’elle ne voyait pas, alors si la crainte le gagnait, Delilah faisait confiance à son instinct.

- Ody chéri tu te rends compte de ce que ça signifie ?

A nouveau, elle se penche vers lui, essayant de ne pas paraître plus surexcitée qu’elle ne devait l’être devant lui, à l’idée qu’il y ait encore du mouvement du côté du groupe qui hantait la moindre de ses réflexions sur la ville, désormais.

- Tu imagines la puissance qu’il faut avoir pour… presque réussir à terrasser un héraut ?

Reposant sa boisson vide en roulant doucement pour se rapprocher du bureau, elle souffle.

- Tu penses à quoi ? A une sorte de guerre ?

bettyleg

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Comme tu le supposais, tu vois Del te bombarder de questions. Tu as piqué sa curiosité, comme à chaque fois que tu parles de Nemesis.
— Je ne suis pas sûr d’aimer ce que ça veut dire, tu réponds, toujours le sourire aux abonnés absents.

Delilah connait ta méfiance de Nemesis, tu ne t’en es pas caché depuis le début. C’était un peu une condition implicite : tu la renseignais mais en échange, elle écoutait les réserves que tu avais (et tu en avais (en as) beaucoup.).

Lâchant les louvoiements, tu clarifies : S’ils sortent enfin de l’ombre, ça risque de plonger toute la ville dans le chaos. Ils n’ont pas attendu toutes ces années en bas pour surgir sans être bien préparés.
Et sans doute ce qui te terrifie le plus.

Devoir lutter contre un ennemi est déjà complexe ; en avoir un second à affronter rendrait la tâche encore plus ardue. D’autant vu la nature complètement différentes des deux entités qui vont elles mêmes se frapper l’une l’autre.
Aussi amer et dubitatif que tu sois vis à vis du système actuel, qu’il tombe en poussière du jour au lendemain n’est certainement pas ce que tu souhaites.

Presque terrasser un Héraut. Non tu n’imagines pas la puissance qu’il faudrait, c’est difficilement possible. Vous autres en êtes bien loin, vous ne pouvez que vous projeter (probablement en ayant faux sur toute la ligne).

Ta boisson à toi demeure sur ton bureau ; tu n’y touches plus, plongé dans tes pensées.
— Guerre, peut-être. Un conflit ouvert en tout cas. Je sais que le chef de Nemesis a rassemblé de nombreux fidèles dans l’Understadt.
Merci adl et ses incursions fréquentes dans la cité basse.

— Il n’est pas seul et il aurait probablement les moyens de tenir tête aux forces des Hérauts. Tu sais peu de choses de cet homme mais tu as des certitudes ; parmi celle-ci, tu sais qu’il n’est pas stupide. Il a des projets pour la cité qu’il prépare depuis des années, il ne va pas se jeter la tête baissée sans avoir un solide plan derrière lui.
— Pour le reste, je ne sais pas. Ça peut venir de n’importe où.
Et ne pas savoir c’est… frustrant. Très frustrant.

Ton regard toujours fixé sur elle, tu achèves : Del, je ne sais pas ce que tu vas faire avec tout ce que je te dis. J’ai envie de croire que tu es simplement curieuse mais je ne suis qu’à moitié aveugle.Humour grinçant pour tenter de détendre l’atmosphère - tu n’aimes pas ces ambiances lourdes, trop contraires à ce qu’Odelin est.
Tu as rarement autant voulu être paranoïaque plutôt que dans le vrai.
Rapprochant ton visage du sien, mortellement sérieux, tu conclus (l’implorant presque) :
— Fais vraiment attention à toi. Tu m’assurais que je pouvais te faire confiance, l’inverse est aussi vrai. Je suis de ton côté.
Du sien, pas de celui de Nemesis ou des Hérauts.
Voilà pourquoi tu détestes ces sentiments, ils te font perdre le contrôle.

pv. Delilah

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Attentive, Delilah se rend à peine compte de la manière dont elle observe Odelin à cet instant, le regard aussi félin que celui d’un chat qui traque une proie trop savoureuse pour la laisser s’échapper. Elle traque ses mots, ses analyses, ses idées. Ils ont toujours fonctionné ainsi, cherchant ensemble à en découvrir toujours un peu plus. Mais aujourd’hui, quelque chose semblait différent.
Il était inquiet, bien plus que toutes les fois où il avait essayé de lui faire les gros yeux quand elle manifestait un intérêt qui dépassait légèrement la limite qu’il autorisait à son esprit radicalement contre les agissements de Némésis.

Malgré tout, c’était plus fort qu’elle, et quand il évoque chaos et puissance, un frisson court le long de son échine aussi brûlant que des braises qui se raniment sous un souffle nouveau. Et la jeune femme peine à ne rien laisser paraître, empêchant son sourire de s’agrandir malgré la commissure de ses lèvres qui frémissent.

- S’ils se manifestent maintenant, c’est qu’ils ont les moyens de le faire. Cela-dit, rien ne confirme que ce sera une opération d’envergure, pas vrai ?

Et alors qu’elle l’observe toujours, penchant légèrement la tête sur le côté en tapotant sa joue du bout de son doigt parfaitement manucuré, elle se demande s’il était entrain de lui cacher quelque chose.
Quand il évoque l’Understadt, ses doutes sur la confiance qu’Odelin pouvait placer en elle s’envole presque tous.

- Tu sais, ça n’a rien d’étonnant que le recrutement soit facile en bas Ody. Ils vivent dans la misère et dans la pourriture. N’importe qui de censé voudrait en sortir, peu importe les moyens à leur disposition et Némésis doit être une alternative alléchante. Nous ne pouvons pas les comprendre.

Elle, elle comprenait. Et tout ceci la laissait songeuse, voire rêveuse au point qu’elle ne fait plus spécialement attention aux yeux inquisiteurs d’Odelin sur sa personne. Si bien que lorsqu’il revient à elle et à ses propres intentions, il lui faut quelques secondes pour redescendre de son petit nuage, lui offrant le plus beau de ses sourires.

- Ody chéri…

Sa voix se fait douce, un souffle aussi léger qu’une brise lorsqu’il approche son visage du sien, tout près, si près que le bout de leurs nez peuvent presque se frôler car elle a réduit à son tour le peu de distance qu’ils restaient entre eux pour qu’ils se touchent. Son regard émeraude scrute celui d’Odelin avec attention, par dessous ses longs cils et sur le moment, elle imagine le pire : qu’il aurait lu en elle comme il était capable de le faire parfois.

- Je suis toute aussi curieuse que toi et je n’apprécie pas être tenue dans l’ignorance des sujets qui m’intéresse. Tu le sais, depuis le temps. Tu me connais. Tu es comme moi.

Sa main s’élève dans les airs avec la délicatesse d’une plume portée par le vent, pour venir s’échouer sur la joue d’Odelin, retraçant alors doucement la ligne de sa pommette saillante de la pulpe de son pouce, sans se départir de son sourire empreint de malice.

- Tu t’inquiètes trop pour moi. Tout ceci reste entre nous, il ne m’arrivera rien. Ce ne sont que des questions et des échanges.

Elle ne s’arrache de leur proximité que pour quitter son propre fauteuil et se glisser sur les genoux de l’informaticien. Réduisant une nouvelle fois la distance entre eux, elle pose son front contre le sien en fermant brièvement les yeux, calmement, emprisonnant cette fois son visage entre ses mains posées sur ses joues.

- Tu t’inquiètes trop pour moi, alors que tu prends énormément de risques à chercher ces informations toi aussi. Sans jamais me révéler tes sources. On creuse ensemble mais j’ai parfois l’impression que tu fais cavalier seul. Moi aussi je peux te protéger. Hm ?

Un regard jeté en coin à la boisson qu’il a abandonnée, elle murmure innocemment.

- Tu ne bois pas ?

bettyleg

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— Ils sont l’ennemi public numéro un répliques-tu, ils ne prendraient pas tous ces risques pour une action de pacotille.
Une tornade vous arrive droit dessus, une tornade dont tu ignores bien trop de composantes - tu ne peux que redouter le désastre inévitable, fouiller frénétiquement le net et rassembler des poussières pour espérer former une pauvre miette.

Tu pourrais les comprendre, si, les enragés d’en bas et c’est bien ça qui t’inquiète. Après tout, tu ne parles jamais de ton enfance à Bomei, de la misère, de ta génitrice, de la perte de ton oeil qui t’a sauvé la vie.
Tu sais que leur colère a des raisons d’être. Tu le sais car tu en partages une partie, même si pour toi c’est un petit luxe alors que pour eux ce n’est qu’une question de survie.
Qui es-tu pour juger leurs choix ? Les choix qu’ils prennent pour survivre ?

De quel droit jugerais-tu les désespérés d’en bas qui prennent les armes comme ultime recours pour se sortir de leur désespoir ?
A Del tu n’offres qu’un hochement de tête pensif - pour dissimuler la vérité qui veut sortir. Tu les comprends bien plus que tu ne devrais. La tempête de pensées doit demeurer enfouie alors tu donnes le change, presque sans y penser, les habitudes parlant pour toi.

Le surnom te tend d’avantage qu’il ne t’amuse, une première. Votre extrême proximité n’y est pas pour rien et tu le sais.
Les sentiments humains chez les autres sont peut-être de bons alliés mais à cet instant, les tiens sont tes pires ennemis.
— Nous sommes pareils, concèdes-tu avant d’attraper la main de Delilah qui redessine ta pommette et de l’écarter de ton visage, un léger sourire aux lèvres. Tu la reposes sur le bureau, gardant ta main sur la sienne.
Tu ne demandes qu’à la croire. Mais tu connais Del, tu connais ses agissements, pour l’avoir si souvent observée à l’oeuvre sur les autres. L’idée qu’elle utilise des techniques similaires sur toi te blesse. Comme si tu ne faisais pas exactement pareil avec elle. Tu es un menteur, Odelin. Te voiler la face ou te congratuler de dissimuler un peu moins de choses à Del ne modifiera pas ce fait.

— Je vais essayer de te croire, sincèrement. Enfin, tu essayeras un peu et puis en grand obsédé du contrôle que tu es, tu vas te tenir au courant de ce qu’il en est vraiment.
Tu sais que ton amie ne se jettera pas la tête la première dans les ennuis sans avoir un minimum de plan de repli (tu l’espères). Néanmoins, tu as beaucoup lu sur Nemesis. Tu as une petite idée de ce dont ils sont capables.

Mais Delilah n’a pas l’air de vouloir stopper son manège, s’installe carrément sur tes genoux.
Comme si elle te mettait à l’épreuve. Tu détestes ces sentiments qui biaisent le jugement des hommes.

Tu lui accordes sans difficultés les risques que tu prends. Des risques toujours calculés, cependant.
— Je t’ai dit, la sécurité informatique d’Elyon a beaucoup d’informations.
Ce qui est vrai, mais les informations en question sont jalousement gardées en haut lieu - là où tu n’as pas (pas encore) accès.
Mensonges toujours, tu t’y enfonces encore. Avec une pointe de regrets qui t’es peu coutumière.
Sans doute parce que les véritables amis, les véritables alliés, d’Odelin se comptent sur les doigts d’une main (on pourrait lui couper un ou deux doigts que la métaphore serait toujours véridique).

— Les informations existent quand on sait où chercher.
La culpabilité s’instille en toi, le genre de sentiments incontrôlables qui te poussent à déborder et abandonner la maîtrise millimétrée que tu t’imposes en permanence.

A sa question innocente que tu devines amusée, tu réponds en grognant (plus amusé qu’agacé), ta main autour de sa taille : J’en suis un peu empêché, vois-tu

Finalement, la culpabilité mélangée à la ~~paranoïa~~prudence te poussent aux aveux (en demi-teintes mais les plus ouverts que tu n’as jamais faits) :
— Je connais du monde qui a des choses à reprocher au système actuel. Ils m'aident à être au courant de tout ce qu'il se passe.
Sans nier que toi même, tu n’es pas tout à fait (doux euphémisme) en accord avec le dit système.

pv. Delilah

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Delilah doit retenir de nombreux sourires.
Elle n’en a pas l’air, comme ça, mais s’il y avait bien une chose dont il ne fallait pas douter, c’était à quel point Delilah buvait chaque mot qui s’échappait des lèvres d’Odelin, chaque expression qui prenait forme sur son visage, attentive à chaque détail. Pas seulement lorsqu’il parlait de Némésis d’ailleurs. Mais ça c’était un petit secret bien gardé. Ils avaient chacuns les leurs. Aucun des deux n’étaient assez idiot pour croire le contraire.
Et même lorsqu’il ne répondait pas, la jeune femme avait l’impression d’obtenir des réponses. Des réponses qui n’étaient pas toujours très limpides, car son ami avait un don certain pour rester évasif, elle le savait bien. Malgré tout, la jeune femme espérait bien qu’un jour où l’autre, elle finirait par obtenir de quoi le déchiffrer tout entier.

L’idée se renforçait toujours un peu plus, notamment quand Odelin emprisonne la main qui s’emparait de son visage avec toute la douceur du monde, derrière un petit sourire qui rend Delilah plus que curieuse même si elle n’oppose aucune résistance à son geste. Jamais.
Il l’approuve mais il doute, elle le sent et ça la rend folle. Raison pour laquelle elle lui impose ce contact physique déraisonnable. Il avait repoussé sa main, oserait-il la repousser, elle ?
Son sourire est vissé sur son visage trop parfait de poupée.

- Je savais où chercher, Ody. Puisque je t’ai trouvé toi. Finalement… C’est comme si on avait plus ou moins les mêmes sources. Non ?

Un rire malicieux s’échappe sans qu’elle ne cherche à le retenir alors qu’elle avise leurs mains sur le bureau lorsqu’Odelin croit bon de trouver comme excuse sous-entendue qu’elle l’empêche d’atteindre sa boisson. Qu’à cela ne tienne, puisqu’il voulait qu’elle soit fautive, elle le sera jusqu’au bout.
Ses doigts emprisonnés cherchent à s’échapper doucement, mais pas totalement, juste assez pour entremêler ses doigts à ceux de son ami.

- Ody… Ne me prends pas pour une idiote, je me doute qu’Elyon ne te fournit pas les informations sur un plateau d’argent. Je me doute que tu fouines là où il ne faut pas. Il n’y a que comme ça qu’on avance, et je le sais.

Et comme l’informaticien ne surveille pas la seconde main de la jeune femme, celle-ci se pose avec douceur sur son torse, juste au niveau du coeur, pour remonter avec une lenteur calculée jusqu’à sa nuque qu’elle frôle l’air de rien, songeuse.

- Tu connais du monde… À Elyon ?

Et alors que ses doigts jouent nonchalamment dans les cheveux sombres d’Odelin, elle tressaille légèrement alors que sa question lui échappe sous le coup de sa propre émotion provoquée par son imagination et sa réflexion silencieuse qui viennent de s’enclencher à une vitesse qui la surprend elle même.

- Non. Attends… Tu as parlé à un membre de Némésis ?

A peine l’interrogation échappée de sa jolie bouche trop curieuse, la jeune femme se penche doucement, frotant innocemment le bout de son nez contre celui de l’informaticien, comme pour faire disparaître de son esprit l’excitation qui l’a trahit.
Son rire, qui laisse entendre cette pointe de nervosité impatiente, ne l’aide pas.

- Ça serait complètement fou non ?

bettyleg

Open your mind

Tu as beau dévier, tu sais qu’elle ne marche pas. Ça a toujours été comme ça ; c’est même quelque chose que tu apprécies. Tu l’as toujours pris comme un challenge, en vérité. Mais votre proximité (que tu doutes tout à fait volontaire) te fait revoir ton opinion.

Tu doutes qu’elle ai les mêmes sources que toi mais tu réponds d’un hochement de tête évasif. Son rire entraine ton sourire ; sa main qui se lie davantage à la tienne t’arracherait presque un frisson que tu réprimes en serrant les dents.

Son autre main remonte le long de ton torse et si d’abord tu es presque paralysé, tu lui attrapes le bras une nouvelle fois, toujours avec beaucoup de douceur. Sans le ranger ailleurs, tu le bloques simplement ; tu n’es pas certain de garder ton calme si elle continue. L’impression désagréable de n’être qu’un jouet à ses yeux s’instille en toi. Tu détestes ces sentiments humains, vraiment. Quelle utilité ?
— S’il te plaît princesse ne joue pas avec moi, est tout ce que tu réussis à dire. Tu refuses de te mouiller davantage, de t’étaler sur ce que son manège déclenche en toi. Tu t’es déjà suffisamment compromis comme ça mais si tu ne la stoppe pas, tu ne garantis pas que tu ne vas pas faire quelque chose de totalement stupide. Tu es peut-être déjà en train, qui sait.

— Je suis arrivé ici au bas de l’échelle sans connaître personne. Mes promotions successives ont attiré les regards de certaines personnes haut placées.
Tu te pavanerais presque mais c’est la vérité. Tu n’étais personne en arrivant à Elyon, tu t’es arrangé pour devenir quelqu’un en grimpant un à un les nombreux échelons. Tes origines sociales douteuses (ou modestes, selon les personnes) ne sont pas un grand secret ici et tu n’as jamais cherché à t’en cacher.

Le silence qu’elle brise avec une hâte que tu ne manques pas t’entraîne à nouveau dans tes craintes irrationnelles. Mais son empressement lui-même n’est pas normal, si ?

— Pas à ma connaissance, réponds-tu, honnête.
Même si tu ne serai pas étonné d’en avoir côtoyé de près ces derniers temps au vu des rencontres louches que tu te coltines.

Vos visages qui se touchent presque, cette fois tu ne te laisses pas faire, t’approche encore davantage en murmurant :
Pas tant que ça.
Vu tes fréquentations récentes, ça serait en fait assez plausible (si tu ne te montes pas la tête avec des théories fumeuses, ce qui est aussi tout à fait possible).

pv. Delilah

Open Your Mind

Odelin & Delilah Août Elyon Tower

So you say
I'm complicated
That I must be out my mind
But you've had
me underrated

Malgré la douceur dont Odelin fait preuve lorsqu’il arrête son bras, le geste a malgré tout le don de provoquer un léger sursaut; surprenant Delilah qui se fige alors dans son mouvement en cherchant son regard du sien comme si elle ne comprenait pas. Et si la remarque qui suit le geste la fait tiquer, son visage ne le montre pas une seule fois, inchangé, attentif et souriant, si ce n’est le coin de ses lèvres qui tressaille pour camoufler une petite grimace de contrariété.
Mais têtue et déterminée, elle ne bouge pas d’un iota, roulant simplement des yeux comme si l’informaticien avait dit la plus grosse idiotie de toute sa vie.

- Je ne joue pas, Ody. Pas avec toi.

La curiosité lui brûle les lèvres et quand son aîné est comme ça, la jeune femme peine terriblement à ne pas faire en sorte de le pousser dans ses retranchements. Il ne disait jamais rien clairement et parfois, l’envie de lui arracher les mots de la bouche par tous les moyens possibles devenait insupportable.
Mais ses yeux émeraudes se contentent de le fixer longuement en silence avant de se détourner, comme pour essayer de raccrocher les wagons de leur conversation.

- Tu sais que je suis fière de toi et de ton ascension. Mais tu sais aussi autant que moi que les hauts placés sont loin d’être des synonymes de confiance, bien au contraire. Fais attention à toi Ody, je t’en prie. Les regards peuvent être aussi tendres qu’inquisiteurs.

Le sien, d’ailleurs, est d’une douceur infinie lorsqu’elle s’est rendu compte que son empressement avait été un peu trop palpable. Et à nouveau, elle se contente de sourire comme si de rien était, tâchant de ne pas avoir l’air trop déçu que son idée fantasmer d’un contact entre Odelin et un membre de Némésis n’ait eu lieu que dans ses fantasmes à elle.
D’ailleurs, Delilah ne se demande même pas s’il lui ment. Bizarrement. Mais c’était peut-être parce qu’Odelin s’était approché d’elle, amorçant un comportement qu’il n’avait encore jamais eu et qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il ait, surtout après avoir rappelé à l’ordre ses mains quelques instants plus tôt.

- “Pas tant que ça” ? Si tu as des théories Ody, ne les garde pas pour toi. On partage tout, nous deux.

Un sourire malicieux accroche ses lèvres alors qu’elle constate leur proximité et c’est à elle de souffler après un bref coup d'œil à ses bras gentiment entravés, sur lesquels elle ne force pas, indifférente à l’idée de s’en libérer.

- Cette fois, c’est toi qui joue. Mais je me demande bien à quel jeu et tu sais que je ne suis pas la plus patiente.

Son rire léger accompagne le chuchotement qu’avait pris sa voix comme si elle avait eu peur qu’on les entende. Comme si parler tout bas encouragerait l’informaticien à lui révéler plus qu’il ne voulait lui en dire.
Mais Delilah n’insiste pas, pas vraiment en tout cas, penchant doucement la tête sur le côté pour venir déposer ses lèvres sur sa joue, laissant une marque de rouge à lèvres toute proche de ses lèvres à lui.

- Pourquoi tu m’as demandé de ne pas jouer tout à l’heure alors, Ody ?

bettyleg

Open your mind

Elle ne jouerait pas ; pourtant les sensations se bousculent et tu ne contrôles plus grand chose.
Tu t’accroches comme un perdu aux dernières miettes, consens simplement à lâcher un murmure peu convaincu.
Mmm, elle ne joue pas ; mmm tu ne caches rien.
(menteur)

Raison et pragmatisme s’enfuient sans que tu ne les rattrapes (pas possible ? Ou pas envie ?).

— Je sais, réponds-tu en un souffle alors que son regard te quitte.
Tu devrais t’en moquer pourtant tu ressens du soulagement mêlé à de la déception.
Tu es faible face à Delilah Evans, Odelin et tu détestes l’admettre.
(aussi tu ne diras rien ; tâcheras d’effacer ces pensées intruses avec application)

— Je te promets que je fais attention.
Du moins, tous les risques que tu prends sont soigneusement calculés.
Ce qui au final équivaut à la même chose, pas vrai ?
Tu es prudent par nature ; Delilah en a un aperçu.

Mentir, tu devrais mentir ; mais depuis le début de cette conversation tu fais tout sauf ce que tu devrais. Alors avec le peu de contrôle qui t’échappe encore, tu parviens à répondre :
— Tu sais que je passe du temps sur Internet. Beaucoup de temps. Petit rire que tu ne parviens pas à détendre, tu ajoutes On fait de nombreuses rencontres louches sur Internet. Je ne serai pas surpris que j’ai eu l’occasion de parler avec un membre de Nemesis dans le tas.
Ça serait crédible.
Et puis, vous ne partagez pas tout ; elle le sait aussi bien que toi. Vous ne partagez tout que sur un pan donné de vos vies, un pan dont les frontières s’affaissent de ton côté.

Et tu sais bien que je ne suis pas le plus confiant en notre environnement… ajoutes-tu avec tes yeux qui la lâchent un instant pour vérifier que l’oeil rouge de la caméra est bien éteint. L’instant ne dure pas pourtant et tes prunelles se fixent à nouveau dans les siennes.

Pas le plus confiant.
Euphémisme si gros qu’il devient mensonge ; elle le sait ; toi aussi. Tu le sais tellement que ça en devient douloureux.
Les non-dits vrombissent, le bourdonnement prend ta tête, elle rapproche ses lèvres encore, les pose sur ta joue.

Tout proche, tout proche.

Trop proche.

T r o p

Alors enfin tu tournes ta tête pour te retrouver pile en face ; tes lèvres proches des siennes puis finalement apposées.
Et merde.

pv. Delilah

Open Your Mind

Odelin & Delilah Août Elyon Tower

So you say
I'm complicated
That I must be out my mind
But you've had
me underrated

Un silence étonnement sage accompagne les brèves et mystérieuses promesses et justifications de l’informaticien alors que Delilah se contente de faire la moue, certes, en hochant doucement la tête pour l’approuver sans un mot.
La jeune femme savait déterminer l’instant où, en général, elle ne tierait plus grand chose de son allié, et quand il fallait cesser d’être trop intrusive jusqu’à ce qu’à nouveau le sujet glisse et dévie vers des révélations. Et elle avait toujours fait en sorte de ne pas le braquer, toujours. Le pousser dans ses retranchements, elle l’avait fait oui, certes, comme maintenant, mais jamais au point de ne lui laisser aucune porte de sortie.

De toute façon, elle savait très bien qu’Odelin était agile avec ses mots et ses pensées, avec les façons de les détourner, de les adapter à son entourage, la paranoïa qu’il ressentait envers le monde lui donnait des ailes dans le domaine et un certain talent. Et Delilah avait toujours pris plaisir à le voir évoluer à Elyon, pour cette raison.

- C’est vrai que… Tu as ton réseau toi aussi. Ta toile. Un jour peut-être que tu m’apprendras ?

Son rire effleure la joue d’Odelin, puis ses lèvres.
Leur proximité avait toujours fait beaucoup parler dans les couloirs d’Elyon. Elle avait toujours été plus ambiguë que ce qu’ils voulaient bien admettre, tous les deux. La jeune femme n’avait jamais souhaité mettre des mots là dessus, préférant suivre le courant et se laisser porter par la distance qu’Odelin, seul, leur imposait.
Aujourd’hui il ne l’imposait plus.
Et peut-être que cette fois-ci, Delilah avait un peu trop poussé son collègue et ami dans ses derniers retranchements. Elle n’avait fait qu’entrouvrir cette nouvelle porte de sortie, et elle doit bien admettre qu’elle n’imaginait pas qu’il s’y engouffrerait.

Le contact est brûlant et Delilah ne résiste pas à l’idée de le lui rendre avec douceur. Elle avait toujours aimé les baisers, du plus chaste au plus épicé.
Et quand ce dernier se rompt et que leurs regards se croisent à nouveau, elle sait qu’il regrette déjà, au fond. Odelin n’était pas du genre à se laisser dompter par son instinct. Il l’avait dit, il était prudent. Tout le temps.

- Je te vois Ody. Tu es déjà entrain de te flageller mentalement pour ce qu’il vient de se passer.

Cette fois, elle récupère ses mains, sans brusquerie, pour pouvoir ébouriffer les cheveux sombres de l’informaticien, un sourire malicieux au coin de ses lèvres, alors qu’elle se lève, quitte la place qu’elle avait envahit plus tôt sur ses genoux comme pour le laisser respirer.

- Mais tu aurais tort de regretter. Moi je ne le ferai pas en tout cas.

D’un geste mécanique, la jeune femme rejette la cascade d’or qui lui tient lieu de chevelure en arrière sans se départir d’un sourire amusé.

- Et que ce ne soit pas une excuse pour me poser un lapin, pour notre sortie de ce soir.

bettyleg

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