Par une lettre émise par le secrétariat général d’Arkmere, signée du sceau du Sender, la lieutenant Azrael avait été invitée à la résidence de celui-ci ; et jointes avec cette lettre étaient les instructions et le protocole requis pour cette rencontre.

Sur celle-ci étaient indiquée l’heure de cette rencontre, 16h45, le lieu de prise en charge de l’accompagnement de l’invitée jusqu’à la résidence par un envoyé de la division divine ainsi que le protocole à suivre pour rencontrer le Sender.

En rouge, celui de sécurité lui demandant de n’avoir sur elle ni arme ni objet coupant ou contondant.

En noir, celui concernant l’étiquette à respecter pour la rencontre.

N’était pas écrit, en revanche, le besoin d’une lettre de réception ou de confirmation – ni les démarches pour refuser.

Et, comme une horloge, les instructions envoyées furent mises en place le jour venu.
Elle fut accompagnée jusqu’à l’entrée de la résidence du Sender, fouillée puis accompagnée par un second groupe à travers de luxurieux jardins ; les arbres vertes couverts de fruits brillants comme des joyaux, l’air parfumé par des fleurs aux couleurs douces ; un petit pont au-dessus d’un ruisseau.

Finalement, ils arrivèrent devant la porte d’entrée, gardée par deux gardes posés droits devant qui l’invitèrent à entrer et à continuer tout droit.

Exception notable au protocole, pour ceux habitués à celui-ci, les gardes n’accompagnèrent pas la lieutenante à l’intérieur.

Derrière la porte, un hall d’entrée d’ébène et de pierre, décoré modestement, donnait sur un escalier : et au bout de cette escalier, la salle dans laquelle le Sender se trouvait.

Le Sender lui faisait face, assis en tailleur sagement devant une table basse. Dans ses bras, un immense chien blanc se faisait gratouiller sous le cou, remuant la queue de joie tandis que deux chiens tout aussi impressionnant pressaient leurs museaux contre lui, réclamant le même traitement.

Lieutenante Azrael !

Les yeux pétillants et le sourire rieur, le Sender fixait son invité sans se lever, les chiens s’éloignant de lui pour s’assoir à ses côtés, libérant ses bras. Une théière encore fumante était posée sur la table, laissant un parfum frais et végétal dans l’air.

Enchanté de vous rencontrer ! J’espère que vous me pardonnerez l’informalité de cette invitation. Je vous en prie, asseyez-vous !

Une invitation à la bonne franquette, en toute somme.

La pièce était illuminée par de grandes fenêtres ; et le reflet de celle-ci sur ses habits blancs semblaient le faire briller.

Permettez-moi de faire les présentations ! N’ayant besoin de me présenter, je me permets de commencer par vous, lieutenante Azrael. Militaire batailleuse, votre nom est revenu à mes oreilles à plusieurs occasions - je vous rassure, je ne vous convoque pas aujourd’hui à ce sujet – et j’ai également eu vent d’un détour par les bas-fonds Dawndale - une véritable huissière d’injustice ! Mais aucune des adorables créatures poilues qui ne m’entourent n’ayant pensées à prendre des menottes, ce n’est pas non plus ce sujet qui motive mon invitation. Ce qui m’intéresse, et la raison de cette convocation, c’est votre passé d’inquisitrice, élue d’Omni lui-même – qu’il nous préserve.

Sa voix était douce, plaisante ; exposant ce qu’elle pouvait tenter de lui cacher en guise d’exposition.

Les service de renseignement du Sender étaient pour le moins efficace.

D’un geste élégant, il souleva la théière pour remplir d’abord la tasse posée du côté de son invitée, puis la sienne. Un chien se rapprocha d'elle, curieux.

Les personnes de foi sincère ont mon amitié ; et les autres élus d’Omni trouveront toujours une place à ma table. Je souhaitais donc m’entretenir avec vous en privé non seulement pour vous faire part de ma sympathie, mais également apprendre à vous connaître - c’est-à-dire discuter de façon informelle- afin que nous puissions partager les enseignements qu’Omni nous a accordé.

Une hochement d’épaule.

À ce titre, si vous avez des questions, je vous en prie ; posez-les ! Je me ferai une joie d’y répondre.

De ses deux mains, il amena sa tasse à sa bouche, prenant une première gorgée du liquide brûlant.