Sender.

La tête est basse, les manières impeccables. Au coeur d’une vertigineuse scène, les vitraux traversés par une lumière vive donnent des lueurs colorées au marbre et au cristal. Deirdre se redresse lorsqu’on lui autorise, et bientôt fait face à son Seigneur, d’une allure droite et millimétrée, habillée de son uniforme blanc repassé et les épaules sous une cape ouverte pour laisser ses mains bien visibles.

Elle accorde un regard autour d’elle et réalise qu’aucun membre de la division divine n’est présent, elle est seule dans la pièce. La poitrine se gonfle mais ce n’est d’aucune fierté ; une responsabilité gagne les épaules. L’absence de gardes du corps tendait à dire que le garde du corps, présentement, est en vérité sa personne.

Je salue et remercie la confiance que vous m’accordez, Sender, je viens présenter mes respects et renouveler officiellement mon serment, du fait des nouvelles fonctions qui m’ont été accordées récemment.

Elle eut fini d’installer ses quartiers au matin seulement.

Aussi, l’Ordre de la Lune vous salue humblement.

Deirdre porte une main à son coeur.

Pardonnez ma trivialité, mais cette pièce est-elle sous écoute, monseigneur ?

Deirdre ne porte pas son Olid à son poignet.
Et les murs insonorisés lui donne un faux sentiment d’isolement - peut-être de sécurité.
Debout et droite devant une volée de quelques marches au sommet desquelles le Sender trône - hissé là comme déifié, Deirdre a le sentiment de s’adresser au Ciel plutôt qu’à l’humain.

“Vingt minutes” à ses lèvres prononcé, le coeur se gonfle d’une vigueur à faire se lever les épaules.
Le sourire qui arpente tendre les lippes froides est tiré d’une factice conviction, Deirdre joue un rôle comme elle en a toujours joué ; pourtant les mots qui glissent d’elle sont les siens et ceux de personne d’autre.
Ou le sont-ce ?

Merci, mon Seigneur.

Salue, la tête baissée, avant de se redresser.
Les mains se croisent dans le bas de son dos dans une allure solennelle.

Voilà une semaine à peine que j’ai été déplacée à la capitale et déjà il m’est apparu que règnent des odeurs pestilentielles dans les rues de Ashever. Je ne parle nullement d’hygiène, mais de gens, Sender.

Elle lève un menton ne défiant aucun protocole ; elle n’avait nulle intention de se montrer désobligeante. Il n’y avait aucun Maître sinon celui qui règne au Ciel alors de tous les êtres qui grouillent en la capitale, elle ne croit qu’en celui qui se tient devant lui.

Croyez l’odorat de celle qui a tué son propre père pour mettre un terme à la propagation du mal qui ronge Hakar : quelques malades impunis arpentent notre capitale. Nul doute que le blâme serait injustement poussé à votre responsabilité si cela devait grandir et se répandre. Bien sûr, nous ne voulons pas cela.

Elle écarte légèrement les pieds, et croise ses mains devant elle plutôt que derrière.

Sender, je suis venue demander votre aval pour faire passer une inspection médicale à l’entière population de la capitale. J’aimerais déplacer mes unités, profitant d’un temps où les troupes de Greygarde semblent rester à leur place, afin de guérir Votre ville des maux qui la rongent encore.