Mai :: Conseil des Magnus





Avachi sur son siège. Le magnus de l’énergie lisait avec attention le rapport qu’il tenait entre ses mains. Simple état de fait. Loin du traité ou de tout autre accord commercial qu’il aurait dû voir sur cette table avant cette farce. Il fulminait. Il exultait à l’intérieur. Prenant cette délégation pour ce qu’elle était. Ni plus ni moins. Un véritable affront face à Dawndale, ce conseil et toutes les personnes rassemblées dans cette pièce. Il se moquait bien de sa voir si cette femme était responsable ou pion. Il irait s’assurer qu’elle ait de quoi dire à ses collègues… ou supérieurs.

Puisqu’ils n’avaient pas l’intention de leur exposer la chose. Il le ferait pour eux, pour elle. Quitte à être pris pour un idiot. Autant l’expliquer calmement et longuement. Pour bien faire comprendre qu’il n’en pensait pas moins. La fausse politesse était un affront tout à fait délicieux lorsque bien employé. Il se trouve qu’il était maître des affronts.

Commence à tapoter le dossier qu’il tient sur le bureau, avant même qu’elle n’ait terminé ses longues tirades. Pour dire vrai, il n’avait pas pris la peine de l’écouter. Préférant se concentrer sur les faits. N’ayant qu’une oreille lointaine pour ses paroles. Retenant quelques bribes de son discours.

La patience n’étant pas son fort il se permet de prendre la parole. Qu’elle ait elle-même achevé la sienne n’était qu’une simple information. Avec laquelle il ne pouvait pas s’encombrer.

J’ai une question à vous poser. Quelle différence voyez-vous entre l’amitié et les relations diplomatiques ? Hausse un sourcil dans sa direction. Ne prenant pas la peine d’attendre une réponse à cette question rhétorique. Je sais que ma vision est quelque peu idéaliste. Mais j’ai pour habitude de traiter mes amis différemment. Que ce soit à travers la communication, le dialogue. Voir même la négociation. Lorsqu’un problème se présente à nous. J’évite en général de prendre une décision seule. Ou alors je ne le vois pas comme un ami. Mais un simple employé, voir une personne que je n’apprécie pas .

Se redresse sur son siège. S’avançant un peu plus sur le bureau. Le coude posé en avant. Le regard plongé dans les pupilles de la jeune femme.

J’entends vos arguments. Vous vouliez simplement résoudre le problème des Ducs sur votre territoire. Un drame. Une affliction même. Que nous partageons tous ici avec vous. Ils représentent également un sujet de débat régulier dans nos propres réunions. Et pour être tout à fait transparent avec vous. Personne n’aurait rien eu à redire si les conséquences se seraient arrêtées là. Plus de Duc sur votre territoire. Soit. Vous ne touchez pas au commerce avec notre royaume, vous ne renforcez pas vos frontières. Vous ne touchez pas à des traités millénaires. Soit. Soit. Qu’avons-nous à ajouter si ce n’est vous donnez notre propre bénédiction ?

Il s’amuse des mots employés, il s’amuse du regard utilisé. Prend goût à cette situation. A croire qu’il n’avait attendu qu’une excuse pour agir de la sorte.
Cependant. Arrêtez-moi si je me trompe mais… Toute cette paperasse que j’ai entre les mains. Que vous nous ayez fait parvenir à l’avance. Avec tant de bonté. Ne se prive pas pour ricaner ouvertement. Semble dire tout le contraire. Et ce n’est certainement pas avec votre volonté de vous rattrapez via l'extradition de criminel ayant la nationalité de notre propre royaume, que vous parviendrez à effacer cet affront. Un droit de base ne devrait pas être marchandé Madame. Surtout pas avec une nation alliée. Je me permets de vous le rappeler à vous. Ou aux vôtres. Vous qui sembliez l’avoir oublié.

Pointe un doigt accusateur dans sa direction.

Vous savez combien de fois dans l’histoire de nos deux royaumes nous avons bafoué arbitrairement ainsi le traité établi par nos ancêtres. Et ce. Malgré les nombreuses guerres de religion auxquelles vous et Greygarde avaient pris part. Jamais sans informer vos dirigeants. Jamais sans en avoir au préalable négocié les termes avec vos diplomates. Pourtant, nous ne comptons plus les victimes de cette guerre. Surtout dans le département logistique. Nos valeureux marchands et transporteurs tombés lors de vos guerres pour continuer à commercer avec votre Sender ou leur roi. Je ne doute pas que la situation chez vous doit être catastrophique dans ce cas. Que vos villes se retrouvent à feu et à sang à cause de nos ducs. Sinon quelle autre raison auriez-vous ? Si ce n’est une situation qui requiert un tel manquement de considération diplomatique

Efface son air accusateur presque aussitôt. Adoptant une posture plus décontractée. Retrouvant le fond de son siège. Et un large sourire qui arbore à présent sur ses lèvres.

Mais rassurez-vous. Je ne serai pas contre toute cette histoire. Pas plus que je ne cherche à nuire à nos relations. Je suis prêt à en discuter avec vous. Voyez-vous. Mon amie. C’est cela être magnanime dans un dialogue entre état. Evidemment. Nous ne signerons rien en l’état. Rien qui n’aura été validé de notre côté au préalable. Comprenez que ce « projet » qui se trouve devant nous. N’a été rédigé par aucun membre de mon conseil.

Regard qui balaye l’assemblée. Presque interrogateur envers ceux qui l’accompagnent.

Après tout. Nous sommes ici pour ça non ? Je me trompe ? Pour discuter des termes de notre traité ? Notre alliance commerciale ?