pivoines blanches (sin)

pivoines blanches

melodiam / tenue

l’innocence encore dans les veines, elle se sent soudainement bête jonquille. ses doigts triturent les mailles larges de son collant résille. la pointe des pieds touchant tout juste le sol sur ces fauteuils, ses grands yeux verts regardent tout autour d’elle. elle a voulu revoir Nimrod, le remercier pour cette nuit qui commence déjà à dater. elle ne sait pas vraiment si elle à le droit d’être là. Nemo se fâcherait-il ? elle ne pense pas, n’espère pas. ne veut juste qu’apporter un présent à l’homme qui l’a prise sous son aile l’espace d’une nuit, ne remplaçant pourtant pas celui qui a pris bien plus de place dans toute sa vie.

seule, elle a fini par lâcher son collant pour tripoter à son olid. se perd dans ses pensées. se demande si elle n’aurait pas dû s’habiller autrement pour aller voir un Duc ? mais elle se sent étrangement plus en sécurité à ressembler à Belladone, à avoir laissé jonquille dans les placards. espère secrètement ne plus être ce bonbon rose dégoulinant de naïveté.

on lui avait dit qu’il allait bientôt arriver, qu’elle n’aurait pas long à attendre. alors, lorsque une porte s’ouvre, son visage est tout de suite éclairé d’un sourire timide. elle a sauté sur ses pieds, debout, récupérant la boîte de chocolats entre ses mains qui ne sont plus manucurées. elle s’attend déjà à s’excuser, expliquer qu’elle aurait préféré apporter des chocolats d’une chocolaterie de renom de là-haut, qu’elle n’a trouvé que ça, qu’elle espère que ça lui fait quand même plaisir ; tout ça avec sa moue enfantine, ses joues légèrement rosies de parler ainsi à un tel homme.

mais dès qu’elle voit une silhouette plus petite que le géant aux cheveux de feu, elle sait.

Sin.

elle perd son sourire.
elle ne brille plus du tout.
elle lève déjà les yeux au ciel.

alors elle se rassoit, repose la boite de chocolat avec agacement. parce qu’il aurait pu l’ignorer, passer devant elle sans la voir. elle a essayé pourtant. baisser la tête, se cacher derrière sa cascade rose, se faire plus petite qu’elle ne l’est déjà sur son fauteuil. mais non. il faut qu’il vienne jusqu’à elle.

qu’il l’inonde de sa lumière vomitive.

alors la langue acerbe, elle redresse le nez vers lui, le foudroie de ses grands yeux verts et essayant d’ignorer ses joues qui chauffent légèrement comme à chaque fois qu’il la regarde.

— je t’arrête tout de suite, c’est pas toi que je suis venue voir donc ne perds ni ton temps ni ta salive à me parler.

elle a pris de l’assurance, Belladone. aussi belle que venimeuse lorsqu’elle le veut. Sin n’est qu’un garçon idiot, même pas un homme aux yeux de la fleur. ne prend pas la peine de se lever. de toute façon, elle serait toujours aussi petite face à lui. elle ne fait que s’affaler un peu plus dans le fauteuil ; jouit d’une certaine nonchalance grâce à Nimrod qui l’aime bien. geste qui fait remonter un peu plus son crop top noir, dévoilant un peu plus de son ventre plat et musclé.

— c’est ton frère que j’attends. pas toi. donc bye-bye, Sin.

langue semble siffler à la prononciation de son prénom. fleur se transforme toujours en couleuvre face à lui. elle aimerait pouvoir être vipère dangereuse pour lui. mais malgré tous ses efforts, au plus profond d’elle, ça lui fait du bien à jonquille que d’avoir ce casse-pied qui gravite trop souvent autour d’elle.

Pivoines Blancheswhen the game change it's no use to explain the rules I have won since I was born you can forfeit

Sin & Jonquille

Mai :: Maison Rajh'khaervar

Il n’avait pas pour habitude de venir directement dans le bureau de son frère. C’était d’ailleurs quelque chose qu’il évitait en temps normal. Pour plusieurs raisons. La principale, il ne voulait surtout pas qu’il aille croire qu’il s’inquiétait pour lui. Pas même l’espace d’un instant. Non, sa fierté, à la fois d’homme et de petit frère, tout lui interdisait. Il pouvait croire ce qu’il voulait. Tout, mais pas ça.

Alors pourquoi se diriger d’un pas rapide vers cette porte en bois ? Et surtout. Pourquoi avec le sourire aux lèvres. Pour être honnête, son action n’était nullement désintéressée. C’était partir du principe qu’il était capable d’effectuer une action désintéressée. Par pur altruisme. Ce qui était déjà une aberration en soit.

Non. Effectivement. Il n’était pas là par bonté de cœur. Bien au contraire même. C’était tout l’inverse. Il avait cru reconnaître un éclat rose rentrer dans son champ de vision. Une jeune âme qu’il adorait tourmenter. Manque de chance pour elle. Il n’avait rien trouvé de mieux à faire en cet instant. Et c’est pour cette futile mais néanmoins vitale raison. Qu’il s’était dirigé vers ce bureau.

Ouvrant la porte sans s’annoncer. Sans frapper, sans se présenter. Agissant en terrain conquis. Il était chez son frère. Il était chez lui. Il rentre dans la pièce et il la voit. Ses yeux ne l’avaient pas trompé. C’était bien elle. Jonquille.

A mesure que le sourire de la jeune femme quitte son visage. Le sien ne fait que grandir et gonfler. Il s’approche tout fier. Fier d’avoir vu juste.

Et alors que des mots acerbes, qui lui sont clairement adressés, viennent fendre l’air. Il réduit la distance entre eux. Prenant un air blessé, contrits, voir triste.

Des paroles bien cruelles qui sortent de la bouche d’une fleur aussi belle.

A croire que la manipulation était un trait de famille.

Se penche doucement vers elle. Et alors qu’elle détourne le regard. Il lui attrape le visage entre les doigts. Pour que leur regard se croise à nouveau.

Tu devrais garder ton sourire. Tu es bien plus ravissante avec.

Il en profite pour ouvrir la boite de chocolat qu’elle garde jalousement entre ses mains. Avant d’en subtiliser un. Le gobant sans lui laisser le temps de réagir.

Ils sont délicieux. Merci pour l’attention.

S’installe sur le bureau à côté d’elle. La surplombant par la même occasion. Elle avait beau dire qu’elle n’était pas là pour lui, il n’entendait pas. Il n’entendait que l’inverse. Qu’un appel à jouer.

Tu m’avais manqué pourtant.

Dit-il toujours en tenant son visage entre les doigts. Comme s’il était capable de ressentir ce genre d’émotions pour une personne autre que lui-même. A croire qu’il était capable d’éprouver quoi que ce soit d’autre pour un quelconque autre être humain.

Et pourtant. Son visage était si sincère. Si docile. Si triste.

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