same but different

❝ I'm wondering, why do all the monsters come out at night ? ❞

Deux ans s’étaient écoulés depuis la chute de sa cité volante natale. Deux ans, maintenant, qu’elle avait posé le pied à Dawndale pour y apporter sa contribution, à l’évolution de Tempelhelm aux côtés de son maître de stage devenu mentor et de son irréductible bras droit, tous les trois invités à mettre à profit leurs intelligences respectives au sein d’une nation qui n’avait pour dieu que la science.

Lorsqu’elle était plongée dans son travail, dans cette ambiance délirante d’esprits échauffés par l’unique volonté de faire grandir l’humanité, elle oubliait la nostalgie que les souvenirs de Tempelhelm pouvaient lui apporter.
Elle n’était déjà pas du genre à rêver une vie hypothétique qui aurait pu se produire si la cité n’était pas tombée. Et dans toute cette effervescence et cette soif de développement, elle arrivait à oublier un sentimentalisme nouveau, car il n’avait jamais été très présent.

D’un pas rapide, léger et silencieux, dans le fourmillement habituel des bâtiments qu’elle traversait chaque jour et qui lui rappelait, de part leur activité constante mais en bien moins impressionnants, les couloirs d’Elyon, Alix quittait avant l’heure le département de recherches en biotechnologie dirigé par le Magnus Jacob Lindworth.
Portée par sa fièvre travailleuse habituelle, celle qui l’empêchait de rentrer à l’heure chez elle et qui faisait défiler le temps sans qu’elle pense à manger, et missionnée par son mentor, Alix se dirigeait vers le département de médecine, dirigé par la Magnus Rhiannon Auburn.

Chargée de garder un œil sur le savoir que son supérieur avait transmis à la native d’Hakar, Alix allait la rencontrer pour la première fois. Elle soupçonnait également Jacob de l’y envoyer pour déléguer la partie “communication” trop importante qu’impliquait ce genre de tâches et pour laquelle il n’était pas le plus doué.
Alix n’était pas non plus une fervente partisane des échanges entre êtres humains mais la curiosité et la fierté étaient, semble-t-il, une motivation suffisante. D’autant qu’elle savait, du bruit de couloirs aux nombre de fois où Jacob s’agaçait contre elle, que la Magnus de la Médecine était dotée d’une personnalité surprenante.

- Madame Auburn ? Je suis Alix Cameron, du département de biotechnologie de Monsieur Lindworth.

Devant le bureau vide de toute présence des ou de la personne chargée du secrétariat de la Magnus, Alix s’était avancée jusqu’à la porte entrouverte de son bureau, étonnée de ne trouver personne malgré l’heure avancée.

- Il y a quelqu’un ? Madame Auburn ?

Son pas était aussi silencieux que celui d’un chat agile, alors qu’elle observait l'entrebâillement de la porte en fronçant les sourcils. L’avait-on oublié ? Elle imaginait d’ici la tête de son mentor si elle lui rapportait ce genre d’informations.
Et sans réponse à son appel, après avoir toqué trois fois brièvement, Alix poussa délicatement la porte pour passer la tête à l’intérieur. Il était imprudent de laisser le bureau vide d’un Magnus ouvert, n’est-ce pas ?

- Mad…

Coupée dans son élan par l’inattendu de la situation et de sa découverte, Alix se raidit vivement comme si son corps avait été touché par un arc électrique, et fit volte face en une fraction de seconde, se répandant en excuse alors qu’elle claquait la porte derrière elle pour attendre de l’autre côté, gênée.

- Je suis vraiment absolument terriblement désolée !