les pins grincent sous le poids des fantômes.
la cime des arbres hume une chanson que tu connais déjà.
tu rêves de champs de pavots où naissent les étoiles,
et tu te perds de plus en plus entre les épis et les comètes.

le monde est un peu flou — fou,
les peintures rampent, bras en dehors du cadre,
les sculptures fument, laissant un air mentholé.
tu ne sais pas vraiment ce que tu fais là
tout a l’air vrai et tout a l’air faux
tu es perdu
où se trouve la réalité ?

le miroir dit,
— nettoyer ses intestins dans le lavabo est strictement interdit.

souviens toi de respirer. souviens toi de respirer.
même dans les rêves la notion de vie ou de mort est cruciale.
et tu y vis, la plupart du temps, dans le monde onirique.
à moitié éveillé.
trop léthargique pour participer à ce monde à la dérive.
bien trop fatiguée pour se lever le matin, reprendre le boulot de l'antiquaire, et s'endormir sur la caisse enregistreuse.
et de toute façon, ton horoscope ne t'inspirait pas le moins du monde.

tu rêves de différentes versions de toi-même.
quelqu'un de plus engagé
de plus sociable
de plus souriant
mais tu n'es rien qu'un bout de papier blanc emporté par une vilaine tempête.

tu n'as pas vraiment de personnalité.
enfin, c'est ce que tu aimes dire.
tu es quelqu'un d'usé qui a perdu sa foi, sa force.
tu restes calme en toutes circonstances,
toujours pleinement reposée, deux pieds à terre, avec une solution au bout
tu ne le penses pas mais on te considère souvent comme un alien venu remplir sa mission sur terre.

toi ta mission, tu ne la connais pas, et tu ne veux pas la connaître.
tu veux juste vivre,
tranquille.
sans bruit, chahut.
vivre jusqu'à mourir. de paix.

alors en attendant, tu visites un monde aux travers de tes propres rêveries,
là où
les pavés jaunes
mènent à un paradis fugace
et doucement lugubre.

tu es facilement influencé, difficilement irritée.
tu restes douce, surtout avec les animaux, et froide avec le reste.
tu n'as aucune pudeur physiquement, mais c'est autre chose sentimentalement.
et j'en passe.

tu es comme un fossile découvert après des années de recherche
tu as emmagasiné toute une haine
que tu gardes dans une salle bien fermée.
tu es une bombe : rien de bien méchant, si on ne touche pas sur le bouton rouge.

LES RIVIÈRES ET LES RACINES DE TOURNESOL RESSEMBLENT À TES VEINES.

aujourd’hui, marque la fin d’un long rêve,
bien enfoui à l’intérieur de toi.
des visages rendus cireux,
t’abandonnant à l’arrière.

tu penses, étrangement,
— tout le monde peut être heureux pour l’éternité si leur cerveau s’éteint n’est-ce pas?
peut-être que tu peux te considérer comme étant heureux, alors.