roses noires (nemo)

roses noires

melodiam

silence lugubre dans la salle abandonnée de tous à cette heure si tardive dans la nuit.
silence lugubre où respiration hachée et poings bandés frappant un sac bien trop lourd se font entendre.
elle ne danse plus, ne sautille plus jonquille. ses pieds sont ancrés dans le sol, permettent au corps bien plus musclé qu’il n’y a deux ans de tourner autour du sac de frappe pendant.
jonquille ne sent plus le chocolat et l’innocence.
belladone sent la sueur et la rage.

petite princesse n’en a plus que faire de la transpiration qui coule sur ses tempes, bloquée par ses sourcils, perlante au bout de son nez, faisant briller ses épaules et sa poitrine.

seule dans la nuit, la mâchoire contractée, elle essaie de faire taire ses peurs.
en vain.
elles prennent de plus en plus de place, cherchent à noyer la jeune femme.
alors elle se venge du mieux qu’elle peut, jonquille.
projette contre le sac de frappe les terreurs nocturnes qui font trembler son si petit corps.

toujours trop faible.
toujours incapable.
toujours un fardeau.

et si nemo m’abandonnait, lui aussi ?

pensée fait flancher définitivement les jambes épuisées de jonquille.
jolie fleur n’a rien mangé depuis le matin. elle aimerait pouvoir se nourrir de son désespoir, de sa rage, de ses peurs.

jolie fleur ne hausse plus la voix, ne crie plus. elle en a assez hurlé la douleur de la perte de soan, de cassian.

pourtant, elle est épuisée, jonquille. pensée irrationnelle lui arrache ce cri alors que ses genoux s'écorchent sur le sol de la salle de sport.
cheveux s’échappent de son élastique, cascade rose entourant son visage où y dégouline une terreur viscérale.

hystérie lui broie le ventre. les ongles ne sont plus aussi joliment manucurés qu’avant. et ils grattent. grattent contre le sol pour lutter contre l’envie de se gratter la gorge pour arrêter de crier. parce que crier, c’est encore se montrer faible.

et si nemo m’abandonnait, lui aussi et si nemo m’abandonnait, lui aussi et si nemo m’abandonnait, lui aussi et si nemo m’abandonnait, lui aussi et si nemo m’abandonnait, lui aussi et si nemo m’abandonnait, lui aussi et si nemo m’abandonnait, lui aussi et si nemo m’abandonnait, lui aussi et si nemo m'abandonnait lui au

roses noires

jonquille&nemo

mai :: salle d'entraînement à otterberg

Rejetant toute coïncidence, aucun hasard persistant n’aurait pu être à l’origine de ses traques ; l’ombre mordait le visage les poignets les mollets le sourire aux lèvres froidement déposé au-dessous d’un regard brillant ; les lumières à l’obscurité.
Le cri de Jonquille avait déchiré parmi ses échos le silence d’une nuit solitaire ;
Le pas de Nemo avança au-delà des ténèbres, s’annonçait dans un clair de lune au travers des vitres trop hautes d’un gymnase trop froid. Aux lugubres lumières s’annonçait lentement ; le Duc resta debout devant le corps recroquevillé - violent - griffant -
Au silence de l’homme - accordait tout le respect qu’elle se devait d’avoir ;
On n’interrompait pas les hurlements prononcés par l’âme.

Finalement les genoux se pliaient, et le dos se courba en avant.
Une main se leva et attrapa fermement l’arrière du crâne ; à ses cheveux détachés ; les doigts l’obligeaient à garder la tête baissée ; à Jonquille qui était là.

Te détestes-tu tant ?

La force qu’il exerçait pour la maintenir là relevait d’une terreur claustrophobe.
La voix dénuée de toute douceur malgré son calme.

Jonquille - Belladone - mérites-tu ces blessures-là ou est-ce une autre qui te les inflige ?

Nemo avait hurlé aussi ;
Mais les coups n’avaient jamais été portés contre lui-même ;
Jonquille voulait devenir forte - c’était elle qui l’avait dit.
Et il lui avait accordé de lui apprendre.

Alors Nemo la poussa en avant, la jeta pour qu’elle tombe complètement au sol.
Se releva ensuite, la regarda de haut.

La voix, toujours calme, claqua ferme dans l’air.

Relève-toi ou reste à terre, mais si tu te relèves, je ne te vois plus te faire ça.

Le regard sévère.

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melodiam

toujours traitée en princesse, sa bulle de douceur a explosé, s’est fracassée en même temps que leur chute de tempelhelm. ici bas, elle a fuit son confort, ses proches qui cherchaient encore à l’étouffer dans des faux-semblants. elle voulait vivre, jonquille. elle voulait faner pour pouvoir renaître.

à se penser seule ici bas, elle reconnait pourtant les pas qui arrivent. psyché en pleine crise, il arrive pourtant à frayer son chemin. lumière noire dans la peur qui noie et noie encore jonquille. la voix de Nemo résonne, fait froid dans l’âme de jonquille.

pourtant, en silence, dans sa tête, elle le remercie.

parce que jamais Nemo n’a été trop doux avec elle.
parce que jamais Nemo ne la traité en princesse.
parce que Nemo la traite comme elle aurait toujours voulu.

ne plus subir sa propre innocence.

la tête bloquée, son cri se meurt doucement. biche prise au piège n’a pas d’autre choix que de se laisser mourir pour que toute l’horreur se calme. alors ses doigts, dans une lenteur morbide, arrête de griffer cette gorge. elle ne répond rien. n’a rien à répondre à une question qui déborde de vérité.

poupée de chiffon entre ses larges et fortes mains tombe à la renverse. aucun geignement, aucun pleur de petite fille fragile. le réflexe est pourtant trop fort. elle se recroqueville un instant sur elle-même, écoute encore la voix froide de l’homme.

cet homme dont elle aimerait qu’il lui montre plus de chaleur. cet homme dont elle rêve parfois la nuit à plus de douceur. en est-il seulement capable ?

elle n’attend pas longtemps. serait capable de bien des choses pour voir la fierté dans les yeux de Nemo se poser sur elle. alors belladone se relève, laissant l’ombre de jonquille échouée contre le sol.

les cheveux en bataille toujours devant son visage, le corps tremblant des muscles tétanisés par l’effort, elle n’ose pas regarder tout de suite celui qu’elle considère comme étant le sauveur de son âme trop faible.

le geste devient pourtant sûr lorsqu’elle tire ses cheveux en arrière, dégage son précieux visage luisant de sueur. et enfin, elle plante ses grands yeux verts dans ceux de l’homme face à elle. jonquille se serait excusée. mais belladone écrase la fleur fragile sans aucun scrupule.

— je ne le ferais plus.

le menton tremblant se relève. le dos se redresse, les épaules en arrière. malgré le corps faible, elle essaie de se montrer digne.

pas pour elle, non.
mais pour lui.

Soan ou Nemo ??

elle ne sait plus vraiment elle-même.

— je pensais être seule à cette heure-ci. je ne voulais pas te déranger.

se voulait fière, digne. recommence déjà à s’excuser d’exister. d’être cet éternel boulet qui s’accroche aux gens comme si sa vie en dépendait.

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mai :: salle d'entraînement à otterberg

Seule ?

Le regard est haut lorsqu’il se tient droit devant elle.
Le sourire est mièvre aux lèvres, froid à en croire le regard glacial qui s’abat et la voix sans candeur qui glisse contre son palais.

Je ne crois pas que tu ais été seule une seconde - pas même avant que je n’intervienne.

Il pourrait se saisir des fantômes qui rôdent autour d’elle qu’il leur broierait le cou.
Il n’aurait s’agit d’aucun amour mais d’une morbide possessivité, en vérité ; n’aimait pas les corps étrangers qui se mêlaient aux auras de ceux qu’il considérait lui appartenir.
Et Jonquille ?
Elle était à lui ; car il l’avait décrété.

Combien as-tu perdu ?

Combien de gens ;
Combien d’amour ;
Combien a fané lors de la chute des fondations de ta sainte - ton adorée Tempelhelm ?

Je n’ai pas besoin de mots.

Il tire une chaise pour s’y installer lâchement, confortablement le dos affalé sur un dossier qui craque, un bras laissé en arrière, le regard tombe sur Jonquille devant le sac de frappe qu’il lui indique d’un mouvement de menton.

Montre-moi. Combien as-tu perdu ?

Montre la rage ;
Montre la terreur ;
La tristesse ;
Explose, Jonquille ou Belladone, choisis donc ;
Mais les émotions ça se hurle, ça ne se garde pas au bout des lèvres et des cils.

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