les mois s'écoulent et avec eux, leur lot de surprises et d'inattendus. jamais tu n'aurais pensé te découvrir une ombre similaire dans le regard de l'ancienne inquisitrice. c'est que jamais tu n'as vraiment cherché à la connaître, prenant pour acquis les mots de ta mère sur le potentiel qu'elle avait de devenir quelqu'un de grand, de fort, de reconnu. elle portait le nom webb et avait redoré les exploits de cette famille qui restait dans l'ombre du héraut.
ça te suffisait à l'époque. il n'y avait de famille que le nom que vous partagiez, aucun titre que vous avez souhaité vous donner. et ça vous allait. il n'y avait pas besoin de se lier, de s'apprécier, de s'inquiéter pour l'autre dans les combats qu'elle menait.
les temps avaient changé et vous apportaient désormais ce sentiment étrange d'unité dans la différence. elle était bien plus une soeur que tu ne le pensais. il a fallu une fin du monde pour vous rendre compte que peut-être,
avoir un repère vous soulagerait.
deux femmes rustres aux habitudes bien millimétrées voyaient leur quotidien altéré, se déformer pour vous permettre de vous apprivoiser.
ça semblait parfois pathétique à regarder. les silences, les regards échangés dans la gêne et l'indifférence devenues émotions étonnantes. aujourd'hui encore, tu t'étais retrouvée à chercher une activité à faire avec
quelqu'un de la famille. toi qui n'as jamais rien fait d'autre que t'entraîner avec ton père sous le regard critique de ta mère. toi qui n'as vécu que comme un soldat, à l'ombre d'une vie normale.
tu te retrouvais à devenir humaine. étrange sentiment te gagne lorsque tu la vois contre le muret, là où elle t'a indiqué qu'elle attendrait. tu te rapproches et une légère grimace - plus qu'un sourire - se dessine sur tes lèvres.
— 5,397 minutes, t'exagères toujours trop.elle te complimente et tu regardes vaguement ta propre tenue, t'attardant davantage sur la sienne dans un haussement d'épaule caractéristique.
— le blanc ça t'va bien. mais j'suis sûre qu'ça t'ira mieux quand il sera dégueulasse. non c'pas loin, cinq minutes à peine que dit l'olid. on y va ?pas le temps pour les courtoisies, les banalités sans fondements, vous n'avez pas besoin de parler. qu'un bref regard pour comprendre quand ça va. pour savoir quand vous pouvez parler. c'est bien comme ça.
jamais besoin d'en faire trop. sentiment rassurant de ne pas s'empresser dans une curiosité qui ne vous ressemble pas.
tu ouvres la marche en glissant tes mains dans les poches, ne cherchant pas à savoir si elle te suit, tu sens son ombre dans ton dos, se rapprochant pour venir à tes côtés. et tu n'as pas menti, moins de cinq minutes de marche vous attendait pour arriver à destination.
à l'arrière d'une boutique se trouvait un atelier où les artisans travaillaient l'argile pour créer des plats, de la vaisselle et autres oeuvres de décoration. activité manuelle censée vous rapprocher. tu n'étais pas bien sûre de l'issue, mais peut-être que vous allez vous amuser.
ça vous changera des moments trop sérieux.parfois, t'aimerais la voir sourire.
l'entendre rire.
découvrir derrière le masque de cette femme devenue une arme, la chaleur de son âme.
là où s'agite en elle, le coeur de cette même flamme.
la flamme des webb.